Amid Faljaoui

Carrefour peut-elle inspirer nos politiques avec ces étiquettes “attention SHRINKFLATION”?

Avez-vous déjà eu l’impression en ouvrant un paquet de chips que ce dernier contenait plus d’air que d’habitude ? Ou en achetant un produit lacté que ce dernier se consommait également plus vite que d’habitude ? Ne cherchez pas, ce n’est pas une impression ou un mirage, c’est juste une réalité. Vous avez été victime de ce que les spécialistes appellent la « shrinkflation ».

Cet anglicisme est la contraction de deux mots : « inflation » et du verbe « to shrink » qui veut dire rétrécir en anglais. C’est la technique déplorable de certaines marques, que vous trouvez dans les rayons du supermarché, et qui pour éviter d’augmenter les prix préfèrent réduire la quantité, genre ni vu ni connu. Les marques qui pratiquent la « shrinkflation » le font de manière discrète, elles le font par exemple en même temps qu’une actualisation de la recette de base et avec une adaptation de l’emballage, qui devient plus étroit pour garder la même hauteur, car l’œil humain perçoit plus facilement un changement de la hauteur du récipient qu’un changement de volume comme nous l’avions déjà expliqué dans Trends.be.

Cette technique de « shrinkflation » existe au moins depuis 40 ans et elle est surtout utilisée en période de forte inflation comme ces deux dernières années.

L’économiste français Emmanuel Combe s’est posé la question de savoir pourquoi une entreprise « préfère réduire la taille d’une barre chocolatée plutôt que d’en augmenter le prix, sans modifier la quantité ? » Et sa réponse est simple : c’est notre comportement de consommateur, notre psychologie qui dicte ce choix, car si nous étions logiques, nous devrions réagir de la même manière à une hausse de prix ou à une baisse de la quantité sans changement de prix. Mais voilà des études économiques américaines montrent que nous sommes, par exemple, 4 fois plus sensibles à la hausse du prix de la crème glacée qu’à la baisse de la taille du récipient dans lequel elle se trouve. Et c’est là où j’en viens à l’initiative toute récente de Carrefour en France, une enseigne très présente en Belgique, et qui informe, depuis lundi, ses clients des marques qui utilisent la « shrinkflation » sur certains de leurs produits. En fait, c’est une pastille orange qui figure sur le produit et qui dit : « ce produit a vu son volume baisser et le tarif pratiqué par notre fournisseur augmenter », et en sous-titre, Carrefour ajoute : « vous informer, c’est aussi notre métier ». Bravo pour le coup de pub, même si Carrefour a aussi été un pilier de la « shrinkflation » par le passé.

Cette pastille revient aussi à dire, attention, ce produit est « un piège à con » pour reprendre la formule de Nicolas Beytout du quotidien l’Opinion.

Comme Nicolas Beytout, je pense qu’il faudrait aussi accoler ce genre de pastille à la politique : pastille rouge pour des services publics de moins en moins efficients alors que les impôts sont de plus en plus lourds. Et pastille orange pour nos écoles alors que nous sommes mal situés dans le classement international PISA alors même que les budgets sont conséquents (preuve de l’inefficience de notre dépense publique). Mais ce qui est valable pour le secteur de la distribution n’a, hélas, aucune chance de se produire pour les services publics.

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