Amid Faljaoui
Arizona : 550.000 emplois en cinq ans… Mission impossible ?
A lire les dernières fuites de la super note du futur gouvernement, Bart De Wever et la coalition Arizona ont un objectif XXL : atteindre 80% de taux d’emploi d’ici 2029.
Un défi colossal qui repose sur une série de réformes radicales… mais est-ce vraiment faisable ?
80% d’emploi ? Une ambition (très) audacieuse !
Aujourd’hui, le taux d’emploi belge plafonne à 72,3%. Pour atteindre la barre des 80%, il faudrait 550.000 nouveaux emplois. Or, selon les projections du Bureau fédéral du Plan, on en attend seulement 217.000 à politique inchangée.
L’Arizona veut donc en créer 300.000 de plus. C’est deux fois plus que sous le gouvernement Michel, et en bien moins de temps.
Le problème ? La conjoncture économique s’annonce tendue. Inflation, incertitudes géopolitiques et ralentissement de la croissance risquent de compliquer l’équation.
Un plan musclé : activation, sanctions et économies
Pour y parvenir, la coalition table sur trois leviers clés :
1. L’activation massive des chômeurs et des malades de longue durée :
- Suppression de l’indexation des allocations de chômage
- Plafonnement des aides sociales par ménage
- Limitation du chômage à deux ans maximum
2. Une réforme des pensions pour alléger la facture publique (objectif : 2,2 milliards d’économies).
3. Un retour budgétaire massif estimé à 7,8 milliards d’euros, grâce à cette hausse d’emploi.
Mais ces mesures sont-elles viables ? Et surtout, combien rapporte réellement un chômeur remis à l’emploi ?
Un chômeur en moins, ça rapporte combien ?
L’Arizona mise sur un effet d’aubaine budgétaire. Mais là encore, les chiffres s’affrontent :
- Alexia Bertrand (Open VLD) estimait qu’un retour à l’emploi génère 28.000 euros par personne.
- Georges-Louis Bouchez (MR) parlait plutôt de 40.000 euros.
Résultat : entre 14 et 20 milliards d’euros pour l’État selon les hypothèses retenues. Une marge de 6 milliards… qui change tout !
Pourquoi une telle différence ? Tout dépend de l’imposition sur les salaires, des économies sur les allocations et de l’impact global sur la consommation. Mais ces prévisions sont fragiles et ne prennent pas en compte les crises économiques potentielles.
Un pari risqué qui pourrait secouer le pays
L’économiste Étienne de Callataÿ le dit sans détour à mes confrères de l’Echo : “Atteindre 80% d’emploi d’ici 2029, c’est extrêmement ambitieux. À moins d’imposer des mesures sociales très dures.”
En clair : pour y arriver, l’Arizona devra bousculer de nombreux Belges. Chômeurs, malades de longue durée, futurs retraités… Tous risquent d’être impactés.
La Belgique peut-elle suivre l’exemple européen ?
Dans les pays nordiques ou en Allemagne, ce taux de 80% est une réalité. Mais la Belgique est loin du compte :
- En Flandre, on atteindrait 78,7% en 2029.
- Bruxelles et la Wallonie restent bien en dessous.
Atteindre cet objectif supposerait donc une transformation économique et sociale majeure.
Arizona : génie politique ou illusion économique ?
L’objectif est clair : créer 550.000 emplois et alléger la pression budgétaire. Mais entre projections incertaines et réalités du terrain, l’Arizona prend un risque énorme.
Alors, pari gagnant ou mirage politique ?
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