Eddy Caekelberghs
Antisémitisme ? Allons donc…
Donc : le 2 juin dernier, Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France Insoumise, estime que “contrairement à ce que dit la propagande de l’officialité, l’antisémitisme reste résiduel en France”. Ben voyons …
Le 24 août, une voiture piégée au gaz explose devant la synagogue de la Grande Motte en France et les premières dépêches de l’AFP annoncent sur la pointe des mots que c’est “sûrement un acte criminel”. Non ? Vraiment ? Il est vrai que des voitures truffées de bonbonnes de gaz peuvent exploser devant une synagogue par hasard, non ? Il faudra près d’une heure pour que le propos présidentiel lâche – enfin ! – le mot : antisémitisme !
En octobre 2023, chez nous, cinq fois plus de plaintes pour antisémitisme sont enregistrées par Unia, le service public indépendant de lutte contre la discrimination et de promotion de l’égalité des chances.
A la même époque, en France, la justice répertorie 819 actes d’antisémitisme et procède à 414 interpellations pour le seul mois d’octobre. En Autriche, les actes d’antisémitisme bondissent de 300% et en Allemagne de 240% en quelques semaines. Au Royaume Uni, ils progressent de 689%… Tandis qu’à Sydney, près de l’Opera House, des manifestants pro-palestiniens se rassemblent aux cris de “gazez les Juifs !”
Et puis, chez nous, un chroniqueur flamand est publié par l’hebdo de gauche Humo qui se dit “tellement en colère qu’il planterait bien un couteau pointu dans le cou de tout Juif qu’il croiserait”. Pour Gaza.
Et l’hebdo refuse d’y lire un quelconque antisémitisme ni appel au meurtre ciblé. Se réfugiant derrière la liberté d’expression. Ben tiens ! Voire derrière le fait que ce “chroniqueur” n’est pas journaliste ! Ce qui le dispenserait d’éthique ? de responsabilité ? de sens des valeurs ? Mais bien sûr, voyons… Tout comme Humo serait donc absous de toute responsabilité éditoriale. Mais bien entendu !
Pire ? L’instance flamande censée défendre cette éthique journalistique et éditoriale – le Raad voor de Journalistiek – refuse les plaintes de citoyens juifs au motif que leur nom n’est pas individuellement cité dans la chronique mais bien le mot générique “Juifs”. Encore heureux que ce plumitif n’ait pas appelé au meurtre nominal, non ?
Depuis des années, (et même juste après l’attentat meurtrier au Musée juif de Bruxelles) le déni d’antisémitisme règne dans l’espace public et académique. Ici, des dizaines de membres de professions libérales (comme des avocats) portant un patronyme à ascendance juive potentielle, retirent leurs plaques des façades.
Depuis des années, le déni d’antisémitisme règne dans l’espace public et académique.
Sans parler du récent viol de cette gamine de 12 ans, à Courbevoie en France, par d’autres ados. Parce qu’elle est juive. Elle, cet antisémitisme, elle l’a vécu dans sa chair. Cruellement.
“En deux mois, entre le 7 octobre 2023 et le 7 décembre 2023, 91 signalements ont été enregistrés, dont 66 font explicitement référence à l’ascendance juive.” Ce sont les propos d’Unia dans son rapport annuel.
Et l’on découvre que lorsqu’on a voté les lois Moureaux dans les années 1980 on n’a pas, en Belgique, réprimé explicitement un crime d’antisémitisme. Cette circonstance a été justifiée par Philippe Moureaux lui-même (alors ministre de la Justice) par l’objet de la loi, qui était de transposer la Convention de New York sur l’élimination de la discrimination raciale et donc de s’en tenir à la liste arrêtée par cette Convention, où l’on ne ciblait pas la haine du Juif. Notamment parce que ceux et celles qui n’ont pas une ascendance claire ni une pratique religieuse avérée, auraient des difficultés à “prouver leur judéité”.
On hallucine !
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