Laurent Alexandre et Alexandre Tsicopoulos

Alexandr Wang va faire cauchemarder les patrons

Le CV d’Alexandr Wang est une déclaration de guerre au monde du passé. Après avoir claqué la porte du MIT à 19 ans, il fonde Scale AI, une société spécialisée dans l’annotation de données pour l’IA et devient en 2021 le plus jeune milliardaire autodidacte de l’histoire. Meta-Facebook acquiert 49% de sa société en juin 2025 pour 14,3 milliards de dollars. Dans la foulée, Mark Zuckerberg lui a confié la responsabilité de créer la première “Super Intelligence Artificielle” de l’histoire. Il dispose de moyens illimités au sein de Meta Superintelligence Labs qu’il dirige.

Les meilleurs informaticiens du monde ont été débauchés de chez Apple, Google et OpenAI grâce à des chèques atteignant 300 millions de dollars par personne. Le Wall Street Journal révèle que Zuckerberg aurait même proposé 1,25 milliard de dollars au patron de la recherche d’OpenAI pour le recruter. Wang bénéficiera aussi de data centers géants comme Hypérion, qui aura la taille de Manhattan et sera alimenté par une puissance équivalente à cinq centrales nucléaires. Zuckerberg a annoncé le 14 juillet 2025, qu’il prévoyait de confier plusieurs centaines de milliards de dollars à Alexandr Wang.

Quand on lui demande s’il veut des enfants, Alexandr Wang répond très sérieusement : “Je préfère attendre jusqu’à ce qu’une technologie comme Neuralink ou un autre type d’interface cérébrale fonctionne. Parce que, dit-il, les sept premières années de la vie sont un pic de neuroplasticité. C’est à cet âge-là que tout se joue et les enfants connectés très tôt intégreront l’IA comme un sixième sens. Pas comme un outil. Comme une partie d’eux-mêmes. Un prolongement naturel de la pensée.” Seuls les enfants branchés dès la naissance, pense-t-il, pourront dialoguer à armes égales avec la super IA qu’il est chargé de construire.

L’école devient archaïque. Ce n’est plus dans les amphitéâtres ni dans les crèches que se joue le développement cognitif, mais dans les implants neuronaux. Wang ne veut pas lancer un enfant sans qu’il soit armé pour faire jeu égal avec la super IA. À ses yeux, ce serait être un mauvais père. Face aux machines, laisser ses enfants se réaliser “à l’ancienne” est un suicide. Le projet de Wang, s’il choque, entérine l’obsolescence planifiée de l’humain non-augmenté face à l’IA. L’apprentissage est lent et coûteux alors que l’augmentation cognitive s’annonce rapide. Wang anticipe un monde où la nature ne suffit plus à produire une conscience compétitive.

Ce ne sera plus l’école qui fabriquera l’élite mais le neurodesign précoce.

Alexandr Wang est un produit brut de la vallée californienne, biberonné au libertarianisme technologique. Mark Zuckerberg ne s’y est pas trompé, l’homme qu’il a chargé de piloter la course vers la superintelligence est un pirate du futur. Au même moment, plusieurs start-up comme Heliosept Genomics permettent de produire plusieurs embryons en éprouvette puis d’analyser leur ADN pour prévoir le QI du futur bébé. Trente-huit pour cent des Américains souhaitent utiliser cette technologie pour améliorer la réussite de leurs enfants. Ce ne sera plus l’école qui fabriquera l’élite, mais le neurodesign précoce, tandis que le parent devient un architecte neuronal et l’école, un vestige romantique.

L’entreprise de 2050 sera bouleversée si Alexandr Wang fait école. Dans un monde où certains collaborateurs auront des implants intracérébraux, les écarts de performance seront gigantesques. Le capital humain se redéfinirait par le degré d’augmentation cognitive accessible à chacun. Pour le patron belge de 2025, cela ressemble à un cauchemar. Mais il faut prendre au sérieux la vision du petit génie en charge de créer la super IA.

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