Amid Faljaoui

Airbnb ne veut plus seulement vous loger. Il veut vous faire consommer, partout, tout le temps

Airbnb ne veut plus seulement vous loger : la plateforme entend désormais vous faire consommer, partout, tout le temps. Elle opère un virage stratégique majeur en élargissant radicalement son modèle économique.

Jusqu’ici, Airbnb se définissait comme une plateforme de réservation de logements entre particuliers. Que ce soit un appartement à Paris, un studio à Rome ou une villa à Bali, l’activité reposait exclusivement sur l’hébergement. Mais ce modèle évolue profondément.

Brian Chesky, le fondateur et CEO d’Airbnb, vient de dévoiler une version entièrement repensée de l’application. Celle-ci s’organise désormais autour de trois rubriques : “Logements”, “Expériences” et “Services”. C’est cette dernière qui marque une rupture.

Concrètement, Airbnb permet maintenant de réserver des services à domicile : massage, coiffure, chef privé, cours de yoga, manucure… Et ce, que vous soyez en déplacement ou non. Plus besoin de loger dans un Airbnb pour accéder à ces prestations. Un habitant de Bruxelles pourra, par exemple, faire appel à un coiffeur via l’application, même sans quitter son quartier.

C’est là que se joue le changement : Airbnb ne se positionne plus comme une simple application de voyage, mais comme une application de vie. Une évolution qui repose sur une logique économique puissante. La plateforme ne possède ni spa, ni salon de coiffure, ni restaurant. Mais elle prélève une commission de 15 à 20 % sur chaque service réservé. Elle s’ouvre ainsi à un marché bien plus vaste : pour chaque euro dépensé dans un logement, les voyageurs en dépensent souvent trois dans les activités, la restauration ou le bien-être. Jusqu’ici, Airbnb ne captait rien de ces flux. Désormais, elle s’y invite.

Le modèle devient celui d’une plateforme d’intermédiation globale : peu de charges fixes, pas de personnel salarié, mais une logique de volume, de fréquence d’utilisation et de marge.

En parallèle, Airbnb relance ses “Expériences” – ces activités locales proposées par des habitants – mais dans une version beaucoup plus sélective. Fini l’offre disparate. Désormais, chaque expérience est vérifiée, filtrée, encadrée. La plateforme mise aussi sur des formats “Originals”, parfois portés par des célébrités : cuisiner avec un chef à Tokyo, jouer au beach-volley à Rio ou danser avec un groupe de K-pop. L’objectif est double : renforcer l’image de marque et attirer une clientèle premium.

Cette transformation arrive à un moment clé. Après le choc du Covid, Airbnb a connu un fort rebond, avec un chiffre d’affaires de 11 milliards de dollars en 2024. Mais le secteur de l’hébergement reste fragile : régulations de plus en plus strictes, tensions sur les loyers urbains, concurrence des hôtels, usage limité dans l’année. Airbnb veut donc sortir de cette dépendance aux vacances et viser un usage quotidien, à l’instar d’Uber, Amazon ou Deliveroo.

L’ambition est claire : capter une part plus importante du budget des utilisateurs, sur une base régulière, et tisser un lien plus constant. Pour les prestataires, Airbnb devient une vitrine de premier plan. Mais les exigences montent : expérience vérifiable, certificats, avis, traçabilité. Car la confiance est devenue un critère de vente central.

En somme, Airbnb ne devient pas un salon de beauté, un traiteur ou un centre de bien-être. Mais il s’infiltre dans tous ces domaines, en connectant les utilisateurs aux prestataires… tout en prenant sa part.

Ce nouveau modèle est limpide : Airbnb ne veut plus seulement vous loger. Il veut capter une part de votre vie quotidienne, avec un modèle allégé, sans actifs, sans salariés, mais à forte rentabilité.

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