Amid Faljaoui
2025 : L’année de la loi du plus fort
Ah, janvier… ce moment magique où chacun y va de son pronostic pour l’année à venir. Et le 20 janvier prochain, préparez-vous : la plupart des médias titreront que Donald Trump, investi officiellement à la Maison Blanche, est l’homme à suivre en 2025. Moi, je parie sur un autre nom. Et non, ce n’est pas Trump. C’est Elon Musk.
Pas parce qu’il pourrait un jour devenir président des États-Unis — ça, c’est hors de question : merci à la Constitution américaine qui refuse cette ambition à quiconque n’est pas né sur le sol américain (et Musk est né en Afrique du Sud). Mais franchement, pensez-vous qu’il en ait quoi que ce soit à faire ? La réalité, c’est qu’il n’en a pas besoin. Musk ne se contente plus d’être l’homme le plus riche du monde. Il est désormais l’homme le plus puissant. Et la puissance, elle, fait peur.
Il y a quelques années encore, les chefs d’État européens s’alignaient pour poser sur les photos à ses côtés, espérant décrocher une usine Tesla comme un trophée. Aujourd’hui, Musk est devenu leur pire cauchemar. Pourquoi ? Parce qu’il a changé. Ou plutôt, il s’assume. Désormais, il utilise X — l’ex-Twitter — comme une arme. Soutien affiché à un parti d’extrême droite allemand, pique contre le chancelier Olaf Scholz, menace à peine voilée contre le Premier ministre britannique : Musk fait ce qu’il veut, quand il veut, et ça dérange.
Même Emmanuel Macron, pourtant habitué à jongler avec les egos internationaux, a lâché le morceau. Lors d’un discours devant ses ambassadeurs, il a résumé l’inimaginable : « Si, il y a dix ans, on nous avait dit que le propriétaire d’un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une internationale réactionnaire et interviendrait dans les élections, y compris en Allemagne ? Qui l’aurait cru ? »
Et ce n’est pas fini. Nicolas Baverez, économiste bien connu, annonce la couleur : 2025 sera celle de la loi du plus fort. Commerce mondial, droit international, diplomatie : oubliez les règles du jeu, la jungle est là. Et pendant ce temps, l’Europe décroche. Baverez ne mâche pas ses mots : l’économie européenne s’est « découplée » des États-Unis. Comprenez : nous avons décroché. Et cerise sur le gâteau, Trump prévoit de nous faire payer la reconstruction de l’Ukraine, même si les contrats, bien sûr, iront aux entreprises américaines.
Emmanuel Todd, quant à lui, va plus loin. Pour lui, Musk est « le mec qui dit tout le mépris qu’ont les Américains pour notre servilité ». En Allemagne, en Grande-Bretagne ou en France, son arrogance scandalise. Mais en Italie ? Giorgia Meloni, elle, l’adore. Non seulement elle le qualifie de « génie », mais elle négocie déjà avec SpaceX pour sécuriser les télécommunications de son gouvernement.
Alors voilà. 2025 commence sous le signe d’un monde où seule la force compte. Et nous, Européens, que faisons-nous ? Nous montrons au monde notre désunion. Finalement, Todd se trompe : nous n’avons même pas besoin d’être serviles. Être divisés suffit largement.
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