Carte blanche

Véhicules électriques: pourquoi la Belgique doit passer à la vitesse supérieure

La Belgique a parcouru beaucoup de chemin en peu de temps. Notre réseau de bornes de recharge publiques se développe à un rythme soutenu, les automobilistes disposent de plus d’options de recharge que jamais, et l’intérêt pour la mobilité électrique ne cesse de croître. Mieux encore, la plupart des conducteurs qui essaient un véhicule électrique pour la première fois ne reviennent généralement pas en arrière. En d’autres termes, les bases sont solides et la Belgique n’entame pas cette transition à partir de zéro.

Mais il faut garder les pieds sur terre. Malgré l’amélioration des infrastructures, de nombreux Belges continuent de privilégier l’essence et le diesel. Selon l’étude mondiale 2025 de Deloitte sur les consommateurs automobiles, près de la moitié des consommateurs belges se tournent encore vers les moteurs à combustion, tandis que les options entièrement électriques restent un choix minoritaire. Les raisons ne sont pas un mystère : les véhicules électriques sont perçus comme plus chers à l’achat – les batteries pesant lourdement sur le prix – et l’expérience de recharge peut sembler fragmentée ou incohérente. Si vous ne pouvez pas recharger votre véhicule à domicile, la recharge publique devient vite incontournable. Et soyons honnêtes, recharger en Flandre avec 77 000 points de recharge n’a rien à voir avec la Wallonie, qui en compte 13 000. 

Cependant, une réelle évolution se profile à l’horizon. Une nouvelle vague de véhicules électriques plus petits et plus abordables arrive enfin. Ces modèles offrent des performances bien supérieures à leur prix et correspondent mieux à la façon dont la plupart des Belges conduisent au quotidien. Parallèlement, les opérateurs de recharge augmentent non seulement le nombre de possibilités de recharge, mais améliorent également l’expérience en elle-même. La recharge à destination devient de plus en plus courante, ce qui signifie que les conducteurs peuvent recharger leur véhicule là où ils passent déjà du temps. Les avancées techniques telles que l’Autocharge et d’autres fonctionnalités intelligentes réduisent les inconvénients, accélèrent les sessions et rendent l’ensemble du processus plus fluide. Petit à petit, la recharge devient plus rapide, plus simple et plus adaptée au quotidien des gens. 

Même avec une offre de véhicules prometteuse et une infrastructure renforcée, un élément reste essentiel : une politique forte et stable. Les pays qui sont en tête de la transition électrique en Europe n’en sont pas arrivés là par hasard. Les pays nordiques, les Pays-Bas, la France et même le Portugal ont accéléré l’adoption des véhicules électriques grâce à des incitations à long terme, une réglementation cohérente et des engagements clairs qui ont permis aux consommateurs et aux entreprises de planifier cette transition en toute confiance.

En Belgique, une partie de cette dynamique s’est essoufflée avec le retrait de mesures incitatives clés. La prime à l’achat pour les particuliers en Flandre a pris fin à la fin de l’année 2024, les avantages fiscaux pour les voitures de société électriques commencent à diminuer, et plusieurs incitations en matière d’énergie domestique, comme les subventions pour les panneaux solaires et les pompes à chaleur, ont été réduites ou supprimées. Ces changements sont significatifs, car ils suppriment les éléments qui ont incité les premiers utilisateurs à franchir le pas. Rétablir une feuille de route claire serait un grand pas en avant. Un objectif national d’électrification des flottes d’entreprise, par exemple, pourrait permettre de mettre des milliers de nouveaux véhicules électriques sur les routes chaque année et développer rapidement le marché de l’occasion, qui est celui où achètent la plupart des Belges. Un soutien ciblé à la recharge publique dans les zones denses et une vision à long terme sur la fiscalité renforceraient le même message : la Belgique est déterminée à rendre la mobilité propre accessible à tous.

Si la Belgique veut une adoption massive, elle doit faire preuve de la même clarté. Des voitures abordables, un réseau de recharge public fiable et une expérience utilisateur simple sont essentiels, mais c’est la politique qui permet de transformer les ambitions en réalité. La question n’est pas de savoir si les Belges veulent conduire des voitures électriques. Beaucoup le font déjà. La question est de savoir si la Belgique créera les conditions qui permettront à tout le monde de le faire.

Par Rodolphe Terlinden,
Directeur Général de Powerdot en Belgique

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