Carte blanche

Près d’un ménage sur dix en Belgique doit reporter des soins médicaux en raison de difficultés financières

Le régime du tiers payant a besoin d’être renforcé de toute urgence. Ce n’est qu’à cette condition que les enfants en situation de pauvreté recevront les soins nécessaires.

Le 20 novembre dernier était la Journée internationale des Droits de l’Enfant. Plus de 30 ans après l’inscription et l’officialisation des Droits de l’Enfant dans la Convention des Nations unies, ils restent désespérément essentiels et la Convention reste plus que jamais d’actualité. Particulièrement pour les enfants en situation de pauvreté, qui doivent souvent faire des compromis sur certains droits en raison de leur situation financière.

L’un des articles de cette convention traite de la santé, un droit fondamental qui, même en Belgique, n’est pas encore accordé à tous les enfants. À la Fondation Pelicano, nous voyons tous les jours comment les parents se heurtent aux dépenses en soins de santé pour leurs enfants. Le régime du tiers payant couvre une part importante de ces frais, mais nous constatons qu’il n’est pas encore totalement établi parmi les prestataires de soins de santé, ni parmi les patients. Et cela pourrait devenir problématique.

La dernière enquête de Sciensano sur la santé (2018) montre que près d’un ménage sur dix en Belgique doit reporter des soins médicaux en raison de difficultés financières, ou d’un manque de ressources financières. Mais en 2018 (il y a 5 ans !), il n’était pas question de Covid-19, ni de guerre en Ukraine et d’inflation. Il n’y a donc pas de chiffres plus récents sur la situation actuelle, et cela nous inquiète. D’autant plus que nous ignorons combien d’enfants en font les frais au quotidien.

Les enfants doivent grandir en bonne santé et avoir droit à des soins de qualité. Une mauvaise santé a un impact majeur sur leur développement futur, et nuit immédiatement à leur vie sociale. Si les enfants sont malades, ils doivent pouvoir bénéficier d’un traitement adéquat. L’argent ne devrait pas avoir un impact sur ce sujet, mais c’est pourtant le cas. Tant pour les soins médicaux que pour les soins paramédicaux. D’après notre expérience, les parents n’ont souvent pas les moyens de payer une simple visite chez le dentiste ou le médecin généraliste, sans parler de l’aide psychologique. Même les partenaires sociaux avec lesquels Pelicano travaille, les personnes en première ligne qui sont confrontées quotidiennement à la pauvreté des enfants, constatent que les parents ont de plus en plus besoin d’une aide financière supplémentaire pour les soins de santé.

La réduction de la charge financière qui pèse sur les parents est une étape cruciale pour améliorer la santé des enfants. Le régime du tiers payant est une solution qui permet de maintenir les soins (para)médicaux à un niveau abordable. Les patients ne paient alors que le ticket modérateur, le reste des frais étant pris en charge par la mutuelle. Depuis 2022, le système est applicable à tous les types de médicaments, ce qui nous semble être une bonne nouvelle. Mais il reste non obligatoire, et c’est là que le bât blesse.

Nous constatons que tous les prestataires de soins de santé ne veulent pas ou ne peuvent pas appliquer le système. Pelicano lance donc un appel aux pouvoirs publics pour qu’ils encouragent le régime du tiers payant. Ce n’est qu’à cette condition que les enfants recevront les soins dont ils ont besoin, un droit fondamental que nous voulons mettre en avant à l’occasion de la Journée internationale des Droits de l’Enfant.

Christiaan Hoorne, Directeur général de Pelicano, Fondation contre la pauvreté infantile

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