Imaginez un monde où le recrutement est entièrement automatisé. Un monde où l’humain ne joue plus aucun rôle dans la sélection des talents. Ce scénario glaçant est déjà en marche.
Votre CV ? Il est généré par ChatGPT ou Jasper, calibré pour franchir les filtres algorithmiques. Votre profil est aspiré par HireEZ ou SeekOut, trié et scoré par un ATS intelligent. Pas un seul regard humain n’a effleuré vos expériences : vous êtes une donnée parmi des milliers.
L’entretien ? Il se déroule face à HireVue ou myInterview. Une IA analyse vos micro-expressions, la tonalité de votre voix, vos silences. Leexy génère un rapport d’entretien. Vous ne vous adressez plus à une personne, mais à un algorithme.
Les tests techniques sont passés sur Codility ou HackerRank, notés sans nuance. Vos soft skills sont évalués par Pymetrics ou Harver via des jeux cognitifs. Vous êtes “apte” ou “inapte”, sans explication.
La vérification ? RefChecker ou Searchlight.ai scannent vos réseaux sociaux. Vos likes, vos commentaires, vos photos deviennent votre réputation.
Si vous êtes sélectionné, l’onboarding est géré par Enboarder ou Talmundo. Votre formation est confiée à des IA adaptatives comme Smart Sparrow. Le premier jour, vous vous connectez à distance, guidé par Leena AI. Aucun manager, aucun collègue pour vous accueillir. Vous êtes seul face à un flux digital.
Votre “intégration” se résume à un QR Code
L’IA transforme le recrutement, mais à quel prix ? Supprimer l’humain, c’est effacer l’intuition, l’empathie, cette intelligence émotionnelle qui crée la connexion.
Les algorithmes s’appuient sur des données passées, souvent biaisées. Ils peuvent exclure des profils selon le genre, l’origine ou un parcours atypique, non par choix, mais par reproduction de schémas historiques.
Un processus 100 % automatisé réduit le candidat à un fichier. Sans échange, il perd le sentiment d’être reconnu. Cela nuit à l’engagement et à l’adhésion à la culture d’entreprise.
Derrière chaque IA, il y a des choix humains : développeurs, investisseurs, recruteurs. Croire en sa neutralité, c’est ignorer ses angles morts. Et si elle discrimine, qui est responsable ?
Recruter par la machine seule, c’est standardiser. L’entreprise y perd sa diversité, son ADN, son humanité.
L’IA peut être un levier puissant, mais elle doit rester un outil, pas un juge. Car ce qui fait la force d’une organisation, ce sont ses talents, dans toute leur richesse humaine.
Vincenzo Carrabs, Director
Michael Page
MP Interim Management