Marc Danneels

L’Europe en route vers une reprise économique ?

Marc Danneels Chief Investment Officer de Beobank.

L’économie mondiale se porte bien, avec une croissance attendue de 3,1% cette année[1]. On constate une nette différence entre les États-Unis et la zone euro.

En Europe, la croissance avait chuté à 0%, voire légèrement en dessous[2], au cours des derniers trimestres, tandis qu’aux États-Unis, elle avait atteint 3,4%[3] au dernier trimestre de 2023. Plus récemment, la croissance attendue en Europe a augmenté pour atteindre environ 1%, tandis que la croissance économique aux États-Unis semble se stabiliser[4]. L’Europe est-elle donc à l’aube d’une reprise économique par rapport aux États-Unis au cours du second semestre de cette année ?

La fin de l’exceptionnalisme américain

Au vu des chiffres de croissance récents, l’économie européenne semble en effet être au début d’une reprise, tandis que plusieurs éléments suggèrent que le rythme de croissance économique aux États-Unis commence à ralentir.

Depuis la pandémie, l’économie américaine a été plus résiliente que l’économie européenne, ce qui lui a valu le nom “d’exceptionnalisme américain”. Cela s’explique par une consommation forte, soutenue par des stimuli fiscaux plus importants qu’en Europe et un soutien économique étendu avec, notamment, l’Inflation Reduction Act (IRA). Par ailleurs, la forte hausse des prix de l’énergie en Europe et la grande dépendance des entreprises européennes aux exportations ont également contribué au désavantage concurrentiel de l’économie européenne par rapport à celle des États-Unis.

Récemment, nous observons toutefois une inversion dans les données macroéconomiques des deux régions. Les chiffres économiques des États-Unis présentent un tableau mitigé, tandis que les indicateurs macroéconomiques européens montrent une tendance nettement à la hausse.

Les élections européennes et Trump

Que l’Europe réalise avec succès une reprise économique par rapport aux États-Unis au second semestre de 2024 de cette année dépendra en partie des développements politiques. Cela a déjà été observé avec les élections européennes, après lesquelles le Président français Macron a décidé de convoquer des élections législatives anticipées suite à la défaite de son parti à ces élections.

La victoire inattendue de la gauche à ces élections législatives a depuis lors engendré une grande incertitude politique en France : en combinaison avec la dette publique élevée du pays, cela est susceptible d’affecter la confiance sur les marchés financiers. Au Royaume-Uni, un nouveau gouvernement prend également ses fonctions, avec un objectif clair de « restaurer les fondements de l’économie britannique », et la Commission européenne commence également un nouveau mandat – avec la restauration de la compétitivité européenne comme priorité importante.

Aux États-Unis, enfin, les élections présidentielles de début novembre et la période qui les précède créeront sans aucun doute elles aussi une grande tension politique. Les marchés financiers et les prévisions économiques des deux côtés de l’Atlantique évolueront en fonction de ces développements politiques et de la mesure dans laquelle ils parviennent (ou non) à inspirer confiance économiquement.

La BCE prend le relais de la FED

Indépendamment des prévisions de croissance, d’autres éléments indiquent également une nouvelle relation économique entre les États-Unis et l’Europe. Alors que la Banque centrale européenne (BCE) emboîtait le pas à la Réserve fédérale (FED) depuis la crise financière mondiale, la BCE semble maintenant donner le ton. En effet, il y a un mois, la BCE a décidé de procéder à une baisse des taux d’intérêt – pour la première fois depuis 2019. La FED a décidé de maintenir son taux directeur inchangé, et il est prévu que la banque centrale américaine ne procède à une baisse des taux qu’à l’automne.

La baisse des taux d’intérêt de la BCE aura un impact positif sur nos entreprises dans les mois à venir. Elles pourront emprunter plus facilement pour investir et croître, poursuivant ainsi la reprise par rapport aux États-Unis. La baisse des taux de la BCE a également une certaine valeur symbolique. Elle indique que l’Europe, du moins sur le plan monétaire, a déjà pris le relais des États-Unis.

Il ne reste plus qu’à l’économie réelle de suivre.


[1] Bron,: OECD Economic Outlook, mei 2024

[2] Bron: Eurostat- Euro indicators

[3] Bron: Bureau of Economic Analysis- US department of commerce

[4] Bron: OECD Economic Outlook mei 2024: GDP growth projections Eurozone: 0.7% in 2024, 1.5% in 2025; GDP growth projections VS: 2.6% in 2024, 1.8% in 2025

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