Les patients belges doivent continuer à avoir accès aux meilleurs médicaments.
Une pandémie n’est pas nécessaire pour comprendre que la santé est notre bien le plus précieux. Quels que soient les objectifs que vous vous fixez dans la vie, sans une bonne santé, beaucoup d’entre eux resteront un rêve lointain.
Nous ne nous y attardons pas toujours, mais avoir aujourd’hui une espérance de vie supérieure à 80 ans n’était, pendant des siècles, réservé qu’à quelques exceptions. Le fait que l’espérance de vie n’ait pas dépassé une quarantaine d’années jusqu’au début du 19de siècle est dû à la forte mortalité infantile, aux famines, aux guerres, ainsi qu’au manque d’hygiène et de connaissances médicales. En revanche, quelque soixante-quinze pour cent des progrès relatifs à l’espérance de vie au cours des dernières décennies sont dus à des percées dans la création de médicaments et de vaccins. Des maladies mortelles telles que le HIV et l’hépatite C sont soudain devenues traitables. Un diagnostic de cancer n’est plus synonyme de condamnation à mort et on s’attend à ce que de nombreuses autres maladies puissent être mieux traitées, voire guéries, grâce à des immunothérapies spécialisées et à des thérapies cellulaires et géniques.
Bien sûr, notre système de soins de santé dépend, entre autres, des connaissances et des compétences des médecins et des infirmières qui sont en contact étroit avec les patients. Mais en coulisses, des dizaines de milliers de personnes dans notre pays travaillent avec passion et persévérance à la recherche, au développement et à la production de nouveaux médicaments et vaccins hautement spécialisés. L’écosystème pharmaceutique belge est à la tête de l’Europe, grâce à une coopération approfondie entre les entreprises pharmaceutiques, les instituts de recherche, les hôpitaux, les incubateurs de biotechnologie, etc. Les médicaments et vaccins innovants que les entreprises pharmaceutiques développent et commercialisent deviennent de plus en plus complexes, la recherche de progrès plus incertaine et les groupes de patients visés plus ciblés.
En fin de compte, ces avancées ne seront bénéfiques pour la population que si le gouvernement reconnaît leur valeur et assure le remboursement des patients. C’est là que le bât blesse en Belgique. Bien que de nombreux citoyens soient convaincus que nous bénéficions dans notre pays des meilleurs soins possibles, seuls un peu plus de la moitié des médicaments innovants sont remboursés dans les cinq ans qui suivent leur autorisation par l’agence du médicament. Cette autorisation signifie que le médicament a été jugé qualitatif, sûr et efficace sur la base des études cliniques fournies par l’entreprise. pharma.be a analysé 21 médicaments autorisés pour lesquels nous avons collecté des données dans six pays de référence et qui n’ont pas été récemment remboursés par les autorités belges. Il en ressort que 90% de ces médicaments non remboursés en Belgique le sont dans au moins 3 des 6 pays de l’UE, et 67% dans au moins 4 des 6 pays de l’UE.
Pourquoi les patients belges ne sont-ils pas remboursés ? L’une des raisons porte sur les prix élevés des médicaments innovants. Il est vrai que les médicaments ne sont pas des bonbons que l’on prend à la caisse du supermarché pour un peu de monnaie. Ce sont des produits précieux qui doivent être utilisés avec précaution sur les bons groupes de patients. Le budget consacré aux médicaments en Belgique fait donc l’objet d’un contrôle strict. Si le budget est dépassé à la fin de l’année, les entreprises sont tenues restituer la différence au gouvernement. Il s’agit d’une mesure unique du système de santé, qui offre aux entreprises une grande responsabilité quant à l’utilisation correcte des médicaments. Mais ce qui pose vraiment problème, c’est que le budget consacré aux médicaments a systématiquement diminué par rapport aux dépenses de santé remboursées pour atteindre un taux de 16 % ces dernières années. Des économies ont été réalisées en n’investissant pas ou pas assez dans les innovations. Pour les thérapies les plus récentes, les entreprises sont même prêtes à partager les risques avec le gouvernement.
Cela se fait sous la forme de conventions, dans lesquels les entreprises acceptent de réaliser des analyses supplémentaires et d’accorder des réductions importantes, tant que les résultats ne sont pas définitifs. Ces conventions sont confidentielles et résultent d’une négociation entre les autorités et l’entreprise. Mais confidentiel ne veut pas dire secret. De nombreuses parties sont impliquées dans cette négociation et sont donc parfaitement informée du contenu des conventions individuelles, notamment les représentants des caisses d’assurance maladie, l’INAMI et le Ministre des affaires sociales.
Tant les conventions en eux-mêmes que leur durée garantissent l’accès des patients belges à l’innovation, à l’instar d’autres pays, et donc à une meilleure santé. Les conventions ne sont pas un système propre à la Belgique. Elles existent également dans presque tous les pays de l’UE. En limitant simplement la durée des conventions en Belgique, dans ce contexte européen, on met en péril l’accès des patients belges aux médicaments, ce qu’aucune des parties concernées ne souhaite. Nous devons donc poursuivre le dialogue afin de trouver ensemble la meilleure solution, pour le gouvernement, les entreprises et surtout pour les patients.
Caroline Ven, CEO pharma.be
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