Ivan Vandermeersch
Harris contre Trump: quo vadis la liberté moderne!
Le monde entier observe avec anxiété le déroulement des élections américaines. Une bataille qui va bien au-delà de l’opposition entre Kamala Harris et Donald Trump. Il s’agit de liberté et de non-liberté, de principes démocratiques contre le populisme autoritaire. Le résultat aura un impact non seulement sur l’avenir de l’Amérique, mais aussi, dans une large mesure, sur l’ordre mondial. Plus que jamais, ce point de basculement requiert un esprit critique – un devoir qui incombe à chacun d’entre nous.
La devise est connue : la liberté vient à pied et part à cheval. Harris représente une Amérique dans laquelle la liberté, la responsabilité et le respect de l’autre sont au cœur de la justice et de l’intégration. Trump privilégie une “liberté” sélective et polarisante, axée sur le contrôle et l’exclusion. Pour lui, la liberté n’est pas un droit universel, mais un privilège réservé à quelques-uns. La véritable liberté ne peut s’épanouir que dans une démocratie forte qui encourage activement la critique et le débat. Sans cela, la démocratie se dilue en une façade, un théâtre populiste qui étouffe toute réflexion critique. L’histoire, en particulier les leçons de la Seconde Guerre mondiale, montre tragiquement à quel point la docilité aveugle peut être dangereuse.
Le populisme alimenté par Trump est une invitation délibérée à l’émeute. Son message est truffé de déclarations vindicatives et joue sur les côtés les plus sombres du mécontentement. Trump n’appelle pas à la réconciliation, mais à la vengeance. Sa campagne est axée sur le châtiment. Pendant quatre ans, il a pu préparer cela, en encourageant ses partisans à semer la discorde. Quelle que soit l’issue de cette élection, l’instabilité semble inévitable. Les États-Unis seront confrontés à des troubles prolongés, avec des conséquences inévitables pour la stabilité politique et économique mondiale.
Une nouvelle menace, subtile, mais dangereuse, se profile dans l’arène politique : Elon Musk. Son ambition va au-delà des intérêts commerciaux ; il veut transformer l’influence politique en pouvoir mondial. Musk s’est intéressé à cette élection avec une intensité sans précédent et semble considérer l’avenir comme son propre terrain de jeu. Son pouvoir technologique et économique – du discours public à l’espace et aux transports – lui permet d’exercer une emprise sur des piliers essentiels de la société. Il présente de plus en plus les traits d’un autocrate qui utilise la technologie non pas pour le bien de l’humanité, mais pour la contrôler.
Il y a un devoir de désobéissance. Avec Musk qui s’arroge de plus en plus de pouvoir, cultiver l’esprit critique devient non pas un choix, mais un devoir nécessaire. Comme le décrit le philosophe Étienne de La Boétie dans son “Discours de la servitude volontaire”, les gens ont tendance à se soumettre au pouvoir lorsqu’ils sont endormis par les habitudes et les fausses promesses de sécurité et de commodité. De La Boétie souligne que la soumission n’est souvent pas imposée, mais adoptée volontairement par des personnes qui renoncent à leur propre liberté et laissent leur esprit critique réduit au silence. Cette mise en garde est plus que jamais d’actualité : une société qui renonce à son esprit critique perd son autonomie. Trump et Musk conduisent chacun à leur manière au même danger : un monde dans lequel les citoyens se soumettent à leur insu à des forces qui les contrôlent et les réduisent au silence. Sans questionnement et résistance active, la liberté risque de devenir une illusion, sur l’autel du pouvoir et du contrôle.
Ne pas avoir d’opinion n’est plus une option. L’esprit critique est notre meilleur allié, notre bouée de sauvetage. Le devoir de désobéissance devient vital.
Le 6 novembre, nous pourrions nous réveiller dans un monde différent. Et ce monde exige action et vigilance. La liberté ne survit que dans une société où les citoyens assument activement leur rôle, font preuve d’esprit critique et s’opposent à toute menace qui porte atteinte à la liberté.
Ces élections exigent notre vigilance. Ce n’est qu’en restant attentifs aux menaces qui pèsent sur notre liberté que nous pourrons garantir une liberté réelle et vécue. La désobéissance n’est plus un choix, mais le chemin ultime vers un avenir où l’esprit humain peut s’épanouir, libéré du pouvoir et de l’oppression.
Ivan Vandermeesch, Secrétaire général honoraire BAM
Election présidentielle américaine
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