Avec des droits de douane sans cesse changeants, des sanctions qui pleuvent, des réglementations strictes sur l’origine des produits… les déclarations en douane deviennent chaque jour plus complexes. Ce qui était autrefois une simple tâche manuelle est aujourd’hui un processus fastidieux qui peut coûter beaucoup d’argent aux entreprises… ou leur en faire économiser. Les formalités douanières sont clairement devenues un enjeu stratégique pour le CFO et le reste de la direction.
Lorsque le président américain Donald Trump a présenté ses nouveaux droits de douane, le commerce international s’est immédiatement retrouvé sens dessus dessous. Certes, les droits d’importation ne datent pas d’hier, mais leur volatilité actuelle et le rythme des changements sont inédits.
Cette guerre commerciale n’est toutefois que la partie émergée d’un phénomène plus ancien. La complexité des formalités douanières a explosé ces dernières années, surtout pour les groupes internationaux aux chaînes d’approvisionnement ramifiées. Et lorsque les données sont dispersées en silos, la gestion des opérations douanières devient un véritable casse-tête.
Les entreprises sous-estiment l’impact financier des déclarations
Pourtant, l’enjeu est de taille pour les entreprises. Une étude de Boston Consulting Group menée en collaboration avec Customs Support Group montre que les organisations sous-estiment l’importance économique de la gestion douanière. En Europe, le dédouanement prend en moyenne deux à trois jours. 20 à 40 % des retards sont causés par des erreurs de classification et de documentation qui peuvent parfaitement être évitées de manière proactive. Et chaque conteneur immobilisé génère des frais de surestaries et de détention qui se chiffrent en milliers d’euros. Enfin, en cas d’erreur, des droits de douane et des taxes supplémentaires peuvent être imposés rétroactivement jusqu’à dix ans après la déclaration.
Dans la pratique, les organisations paient souvent trop cher lors du passage en douane. Pour certaines, la facture annuelle dépasse le million d’euros. Des sommes qui, la plupart du temps, sont définitivement perdues. À l’inverse, une sous-déclaration expose à des pénalités salées. Les conséquences douanières sont différées – les amendes arrivent parfois plusieurs années après. Bref, les déclarations impactent durablement la profitabilité, avec des effets qui se font sentir bien au-delà de l’exercice en cours.
Vu les montants en jeu, les opérations douanières sont devenues une préoccupation de la direction, et particulièrement du CFO. Quand on sait que les formalités douanières représentent jusqu’à 10 % du prix de revient d’un produit, il est impossible de les négliger. Les entreprises qui placent la gestion douanière au cœur de leur stratégie acquièrent un avantage concurrentiel décisif et résistent mieux aux turbulences du commerce international.
99 % d’exactitude ne suffit pas
Le commerce est mondial, mais les services douaniers sont souvent très locaux. Chaque pays a ses propres règles, multipliant les risques pour les entreprises. Et 99 % d’exactitude, c’est déjà trop peu. Entre les contrôles dopés à l’IA qui ne laissent plus rien passer et les sanctions qui explosent, la marge d’erreur est désormais nulle : les déclarations doivent être irréprochables.
Les entreprises ont tout intérêt à revoir leur classification selon le système harmonisé. Il s’agit d’une méthode utilisée par les services douaniers du monde entier pour classifier les marchandises franchissant les frontières et déterminer les droits de douane ou taxes applicables. Pour les organisations, c’est l’occasion d’optimiser la charge fiscale et d’exploiter intelligemment les accords commerciaux internationaux. Elles peuvent ainsi réaliser des économies et rester compétitives dans un marché mondial en perpétuelle évolution. Les données et analyses relatives aux opérations douanières constituent des leviers essentiels pour limiter au maximum l’impact des droits d’importation sur la rentabilité.
Externaliser auprès de partenaires spécialisés
La tendance est claire : face à ces enjeux, les organisations confient massivement leur gestion douanière à des prestataires spécialisés. Le modèle Customs-as-a-Service leur offre un triple avantage : une expertise pointue, une capacité accrue et des outils numériques garantissant une classification impeccable et une conformité totale. De la même façon qu’on fait appel à un comptable pour optimiser ses placements, s’adresser à un expert douanier peut générer des économies substantielles lors de l’établissement et du suivi des déclarations en douane.
Les prochaines années ne s’annoncent pas plus simples en matière d’opérations douanières. Dans un contexte géopolitique instable, les entreprises doivent désormais intégrer risques, sanctions et contrôles à l’export dans leur gestion quotidienne des déclarations. S’ajoutent à cela des exigences croissantes en matière de traçabilité et d’empreinte carbone. Le mécanisme MACF dans la filière acier, pour ne citer que lui, illustre bien cette tendance.
En 2024, les autorités douanières du monde entier ont collecté entre 600 et 900 milliards de dollars de droits de douane, soit près d’un pour cent de l’activité économique mondiale. Paradoxalement, ces tensions tarifaires ont au moins un mérite : elles forcent les entreprises à s’interroger sérieusement sur ce que les douanes leur coûtent vraiment.
Kurt Crauwels, managing director de Customs Support Group Belgique