Carte blanche
Après la crise, la reprise? Pourquoi 2023 devrait être un bon cru pour les IPO
Les introductions en bourse (IPO) sont une opportunité d’investissement intéressante, car elles permettent d’entrer dans le capital d’une entreprise déjà établie, mais encore à l’aube de son développement.
L’appétit du grand public pour celles-ci ne s’est d’ailleurs jamais démenti, puisqu’il y a eu 5 934 IPO entre 2000 et 2023, et 1 035 rien qu’en 2021, un record absolu. Toutefois, l’accélération de l’inflation, le resserrement de la politique monétaire qui en a découlé et l’incertitude quant à l’avenir de l’économie ont contraint de nombreuses entreprises à reporter leurs projets d’introduction en bourse en 2022. Par chance, la situation est en passe de s’améliorer, ce qui nous promet de nouveaux placements attractifs en 2023.
2022, annus horribilis
Dire que 2022 fut une période de vaches maigres est un euphémisme. L’indice Nasdaq a baissé de plus de 30 % sur l’année, et les introductions en bourse ont été tout simplement catastrophiques, avec 82 % d’IPO en moins qu’en 2021 – 181 au total. Dans un contexte de hausse des taux directeurs des banques centrales, les entreprises qui prévoyaient de s’introduire en bourse ont vu leur valorisation s’effondrer. Cette tendance a été particulièrement marquée pour les émetteurs à croissance rapide, qui occupent la part la plus importante du marché des introductions en bourse. Certaines jeunes entreprises ont malgré tout fait preuve de résilience, augmentant leurs revenus et leurs marges dans un environnement macroéconomique défavorable. Ainsi, MongoDB (MDB), ShockWave Medical (SWAV) et Array Technologies (ARRY) ont rebondi depuis leurs plus bas de mai 2022, grâce à des prévisions supérieures aux attentes du marché.
Heureusement, le marché devrait se redresser progressivement en 2023, grâce au relâchement du resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) et de la Banque centrale européenne (BCE). Cela apportera une bouffée d’oxygène aux bourses et donnera dès lors envie aux entreprises d’entrer à nouveau sur le marché. Deux conditions doivent être préalablement remplies pour relancer les IPO : une baisse de l’inflation et de l’indice de la peur. Tout d’abord, c’est l’inflation élevée qui incite la Fed à augmenter son taux directeur. L’argent est donc plus cher, notamment les prêts aux entreprises. Un taux élevé a un impact négatif sur l’évaluation des entreprises en croissance, de sorte que de nombreux investisseurs transfèrent leurs capitaux des actions « de croissance » à celles dites « de valeur ».
Ensuite, l’indice de la peur (« Fear Index ») doit être inférieur à 20 points. Cet indice, aussi appelé indice de volatilité VIX, sert à mesurer le sentiment du marché au sujet de la volatilité future. Plus la valeur de l’indice est faible, moins les investisseurs craignent des mouvements brusques du marché. Dans un marché très volatil, les entreprises et les souscripteurs ont du mal à déterminer la juste valeur d’une organisation. Le risque est donc réel que l’entreprise ne puisse pas lever les capitaux dont elle a besoin. Depuis le début de 2023, la valeur de l’indice est en baisse et se situe désormais aux alentours de 18. La dernière fois que le VIX a atteint ce niveau, c’était il y a exactement un an.
2023, annus mirabilis ?
Les données sur l’inflation américaine du mois d’octobre 2022 ont été inférieures aux attentes, ce qui a atténué la pression sur les valeurs de croissance et a contribué à revoir le rythme des hausses de taux de la Fed. L’inflation n’est cependant pas le seul critère qui importe : il faut que l’environnement économique soit favorable à l’entrée en bourse des entreprises, et surtout que le sentiment général du marché s’améliore. Ce n’est qu’à cette condition que le secteur technologique retrouvera des couleurs, lui qui fut un des principaux moteurs des IPO ces dernières années.
Preuve que les temps changent, des centaines d’entreprises ont déjà déposé leur demande d’introduction en bourse auprès de la Securities and Exchange Commission et attendent de voir si les marchés sont optimistes. Les investisseurs, de leur côté, sont enthousiasmés par certaines IPO en préparation, pour des licornes très prometteuses. Ainsi, Stripe est une des fintechs à la croissance la plus rapide, évaluée à 74 milliards de dollars. Stripe vend ses produits dans plus de 120 pays, et compte parmi ses clients Zapier, Slack, Google, Instacart, Amazon et Shopify. Databrics est une autre entreprise intéressante, évaluée à 38 milliards de dollars, qui développe des logiciels permettant de traiter et de préparer rapidement des données volumineuses en vue de leur analyse. Plaid, enfin, offre un moyen efficace de simplifier les transferts d’argent et les paiements en reliant un compte bancaire à diverses applications, et a été évaluée à 13,4 milliards de dollars en 2021.
Quel que soit le nombre d’IPO en 2023, l’essentiel sera de ne pas manquer les opportunités qui se présenteront sur le marché.
Par Timur Turlov,
CEO et fondateur de Freedom Finance
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