Trois questions pour comprendre votre facture d’eau

© getty

Le prix que nous payons pour l’eau potable est une somme de différents coûts. Ce qui rend parfois la facture difficile à comprendre. Voici à quoi faire attention.

1. Comment est calculé le prix de l’eau ?

La facture d’eau se compose principalement de trois parties : l’approvisionnement en eau potable, l’évacuation des eaux usées et l’épuration des eaux usées. Avant que ne soit appliquée la politique du pollueur-payeur, le traitement de l’eau faisait l’objet d’une facturation distincte.

Le prix varie aussi en fonction de la région dans laquelle on se trouve et la compagnie qui fournit l’eau. Mais la manière dont la compagnie des eaux calcule le prix est la même partout. Le prix total en Belgique varie entre 4,60 et près de 6 euros par mètre cube d’eau potable. Pour chaque composante (approvisionnement, évacuation et épuration, etc.), il y a un prix fixe qui est déterminé en fonction du nombre de personnes domiciliées. 

En Wallonie les 4 postes du coût de l’eau sont le coût-vérité de la distribution (CVD), de l’assainissement (CVA), le Fonds Social de l’Eau et la TVA. C’est la structure tarifaire imposée par le Code wallon de l’eau. Les distributeurs wallons sont tenus de l’appliquer et de la respecter. Le CVD et le CVA sont calculés par m³ d’eau. Ainsi selon la Société Wallone des eaux (SWDE), le CVD 2023 s’élève à 2,80 € / m³ et le CVA 2023 s’élève à 2,365 € / m³. La TVA pour la fourniture d’eau s’élève à 6 % et le fond Social de l’Eau (destiné à aider les personnes en difficulté de paiement) s’élève en 2024 à 0,0322 € / m³.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

La redevance (TVA) est due en contrepartie du service de mise à disposition de l’eau potable et est donc due qu’il y ait consommation ou non. Y compris à ceux ayant recours à des ressources d’eau alternatives (puits, citerne, etc.) si plus de 30 m3. Même en cas d’immeuble inoccupé, la redevance reste due et est à charge du propriétaire.

Une partie fixe, une partie variable

Outre la partie fixe, il existe également un prix variable. Celui-ci est déterminé en fonction de la consommation. La structure tarifaire (en Wallonie) est généralement  composée de 4 tranches de consommation et s’effectue au prorata des différents tarifs applicables (De 0 à 30 m³, de 30 à 5 000 m³, de 5 000 à 25 000 m³ et au-delà de 25 000 m³). Concrètement, en Wallonie, le m3 coûte en moyenne 4,73 € et cela couvre à la fois la distribution et l’assainissement. Mais comme chaque distributeur remplit son propre plan comptable annuel, le coût-vérité distribution peut légèrement varier d’une commune à l’autre.

À ­Bruxelles, les ménages paient un “terme fixe”. En 2024, ce montant était de 34,60 € pour l’ensemble de l’année. À cela s’ajoute le “terme variable” qui dépend de la quantité consommée. Le prix à Bruxelles est de 4,60 € par m3 d’eau.

On le voit, les prix de l’eau varient selon les régions belges. Et si on les en compare avec la moyenne européenne (4,01 €/m³), la Wallonie et Bruxelles sont relativement plus chères. Mais à moins de déménager, on ne peut pas y faire grand-chose.

2) Pourquoi ne peut-on pas choisir son fournisseur d’eau comme on peut le faire pour l’énergie ?

Tout simplement parce que la société de distribution d’eau et d’assainissement dépend de la commune où vous habitez. C’est un service public qui est organisé différemment de la distribution du gaz ou de l’électricité. Les coûts de la production et la distribution de l’eau potable sont supportés par la compagnie des eaux, l’entretien et l’extension du réseau d’égouts est supporté pas les égoutiers. 

­Contrairement à l’électricité ou au gaz vous ne pouvez donc pas comparer les fournisseurs et prendre le plus intéressant. Il n’y a donc pas de concurrence, chaque fournisseur couvre simplement une localisation différente. À Bruxelles, il n’y a que Vivaqua. En Wallonie il existe par contre une cinquantaine de distributeurs.

3) Que faire si la compagnie augmente ses tarifs ?

Comme vous ne pouvez pas opter pour une compagnie des eaux plutôt qu’une autre, vous n’avez d’autre choix que de vous conformer à ses prix. Les compagnies des eaux préparent un plan tarifaire qui fixe les tarifs de l’eau du robinet sur plusieurs années. Les agences de l’environnement contrôlent ces plans tarifaires et vérifient s’ils sont bien fondés et si les prix peuvent être justifiés.

Les tarifs pour le traitement et l’élimination des eaux usées sont eux fixés annuellement en concertation avec la commune et sont également vérifiés par les agences régionales. 

À cela s’ajoute bien entendu l’indexation. Le prix de l’eau non plus n’échappe pas à l’inflation.

La situation à Bruxelles serait particulièrement défavorable aux consommateurs, bien que l’eau potable y reste moins chère que dans les autres régions.  En 2023, 1 personne seule payait ainsi 233 euros en Wallonie, 210 euros à Bruxelles, et 294 euros en Flandres. Un ménage de 5 personnes (150m3) payait lui 835 euros en Wallonie, 696 euros à Bruxelles et 786 euros en Flandres.

Une étude de Xavier May, l’économiste de l’Institut de gestion de l’environnement et de l’aménagement du territoire (ULB) a révélé que le gestionnaire de l’eau dans la capitale a haussé ses tarifs en 2023 (+ 14,5 %) et en 2022 (+ 15 %). Selon lui, les Bruxellois paieraient l’eau du robinet 50 millions d’euros trop chers par an, car 20% des recettes liées à la vente d’eau en Région de Bruxelles-Capitale seraient des montants indûment à charge des consommateurs”, explique Xavier May.  Le phénomène toucherait aussi le reste de la Belgique. Car le coût lié à l’eau de manière générale augmente, alors on cherche des moyens de le financer. Et ce d’autant plus que les investissements et les contraintes sont de plus en plus nombreux avec le réchauffement climatique. Autour dire que le prix ne risque pas d’aller à la baisse.

Néanmoins l’eau ne représente que 1 % des dépenses des ménages. Or l’eau la moins chère est celle qu’on ne consomme pas. Et comme 67 % de la consommation domestique partent dans les toilettes ou pour se laver, il est tout à fait possible de faire des efforts de sobriété.

Lire plus de:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content