Total sera le premier domino à chuter
Le changement d’année n’a pas eu d’effet bénéfique sur le pétrole qui poursuit sa glissade, un plongeon synonyme de bouleversement dans l’industrie des hydrocarbures aux États-Unis et potentiellement dévastateur pour le secteur (para)pétrolier en Bourse.
Poursuite de la déroute annoncée
Pour la reprise après la trêve des confiseurs, le baril de Brent s’affiche à 55 dollars, au plus bas depuis mai 2009. Les pronostics sont toujours orientés à la baisse, de nombreux observateurs estimant désormais que seuls les coûts de production variables (les dépenses nécessaires à exploiter un gisement opérationnel, hors investissements) peuvent arrêter le plongeon. Pour les catégories de gisements les plus onéreux, ce coût est estimé à entre 30 et 40 dollars le baril, seuil à partir duquel certains exploitants auront tout simplement intérêt à stopper leur production. Cela devrait permettre d’équilibrer l’offre et la demande de pétrole alors que l’OPEP ne semble pas enclin à réduire sa production craignant de perdre des parts de marché.
Réduction des investissements
En Amérique du Nord, les conséquences de la chute des prix sont de plus en plus sensibles. Épinglons notamment la restructuration d’Halliburton (1000 emplois perdus), la réduction de 4,6 à 2,7 milliards de dollars du budget d’investissement 2015 de Continental Resources (spécialiste du pétrole de schiste), la suspension d’un projet de 2,8 milliards de dollars canadiens par Husky Energy. Les grands groupes pétroliers ont également annoncé des réductions de leur budget investissements, ce qui continuera à peser sur le secteur parapétrolier où une suroffre d’équipements pèse également sur les prix et les marges.
Total en premier domino
Dans un premier temps, les majors pétrolières comme BP ou Total étaient considérées comme relativement protégées face à la chute du prix du pétrole. Elles pouvaient en effet réduire leurs investissements et s’endetter à des coûts attractifs afin de continuer à offrir des dividendes généreux à leurs actionnaires tout en attendant des jours meilleurs. L’ampleur de la chute du prix du pétrole menace toutefois cette stratégie alors que ces grands groupes s’inquiétaient déjà de la hausse de leurs coûts de production ces dernières années. Conjugué à la quasi impossibilité de céder des actifs à des prix raisonnables -après des cessions pour 150 milliards de dollars ces 4 dernières années-, les oil majors risquent fort de revoir leur politique en matière de dividende, ce qui pèserait lourdement sur les cours. Total pourrait bien en être la première victime, son ratio d’endettement de 29% étant supérieur à celui de ses pairs, l’obligeant à réduire en premier son recours aux dettes pour financer la rémunération de ses actionnaires.
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