Ce mercredi soir, la scène principale de Tomorrowland, le plus important festival de Belgique, est partie en fumée à deux jours de son ouverture. L’un des plus grands festivals du monde se retrouve privé de son cœur. Une question se pose: peut-on encore parler de “Tomorrowland” sans sa mythique mainstage ? Les festivaliers peuvent-ils prétendre à une compensation ou à un remboursement ?
La scène principale de Tomorrowland, l’impressionnante mainstage “Orbyz”, nécessite deux ans de création et 50 jours à être montée par une centaine de personnes. Ce mercredi vers 18h, à 48h de l’ouverture officielle du plus grand festival musical belge, le décor féérique, véritable clou du spectacle est parti en fumée, il a été complètement détruit, ne laissant plus apparaître qu’une structure métallique décharnée. L’incendie aurait été déclenché par un tir de canons pyrotechniques, une information qui reste à confirmer. Le parquet a ouvert une enquête pour incendie involontaire.
La destruction de la mainstage qui surplombe l’arêne où se regroupe des milliers de fans de musique n’est certainement pas anodine. Elle change profondément la perception et l’évènement techno qui attire chaque année des milliers de personnes – 400.000 réparties sur les deux prochains week-ends – venues des 4 coins de la planète.
The main stage at Tomorrowland has been completely destroyed by a fire. pic.twitter.com/HQr5jHv2E7
— 🏁 (@concertleaks) July 16, 2025
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Les premiers déçus seront les détenteurs du Full Madness Pass, vendu 304 euros (Belgique) et 374 euros (vente mondiale). Il s’agit du sésame pour assister à Tomorrowland pendant trois jours (vendredi, samedi et dimanche). Alors que des festivaliers étrangers atterrissaient mercredi soir et découvraient l’ampleur du désastre sur les réseaux sociaux, d’autres via le hublot de l’avion qui les amenaient en Belgique, certains se demandent si venir à Tomorrowland sans profiter de sa mainstage en vaut encore vraiment la peine, dans le cas où l’événement est bien maintenu, ce qui n’était pas encore certain à l’heure d’écrire ces lignes.
Une leçon de gestion de crise en direct
Dès mercredi soir, la communication des organisateurs du festival a été claire et transparente sur le site officiel de Tomorrowland. Une réactivité saluée, alors même qu’ils faisaient face à une situation d’urgence hors norme et que le premier réflexe était de mettre le personnel présent sur le site en sécurité. Aucune personne n’a été blessée.
IMPORTANT UPDATEhttps://t.co/QOCYYOpWFq
— Tomorrowland (@tomorrowland) July 16, 2025
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Juste après l’incendie, les organisateurs de Tomorrowland se montraient optimistes. L’édition 2025 aurait lieu « sans scène principale, mais nous espérons proposer autre chose », a déclaré la porte-parole du festival Debby Wilmsen. « Nous devrons procéder à quelques ajustements. Mais l’objectif est que tous les grands artistes se produisent ». Pour autant, les autorités doivent encore confirmer cette décision. « Si demain, on nous annonce que c’est trop dangereux, nous respecterons les consignes (…) Nous espérons pouvoir apporter plus de précisions à ce sujet ce jeudi », ajoute-t-elle.
« Emotionnellement, ce serait un désastre si le festival ne pouvait pas avoir lieu »
Accord des pompiers
A la VRT, elle stipule ce jeudi matin : « la seule certitude que nous avons, c’est l’ouverture du camping ». Les festivaliers internationaux seront également accueillis à Bruxelles. Les organisateurs du festival et les services de secours poursuivent leurs discussions pour « évaluer dans quelle mesures les opérations peuvent reprendre ». Les organisateurs « ne perdent pas espoir », mais soulignent que la décision finale reviendra aux pompiers. « Nous évaluons la situation heure par heure », explique François Van den Eynde, commandant des pompiers de la zone de secours Rivierenland. « Démonter les restes d’une telle scène n’est pas une mince affaire : c’est un enchevêtrement d’échafaudages tordus – un peu comme après l’incendie de Notre-Dame. » Malgré tout, cela ne signifie pas que la scène incendiée est suffisamment stable pour être laissée debout parmi les festivaliers. “La priorité reste la sécurité”, précise-t-on dans Het Laatste Nieuws.« Emotionnellement, ce serait un désastre si le festival ne pouvait pas avoir lieu », a encore précisé la porte-parole dans l’émission “De Ochtend” sur la VRT.
Le camping Dreamville, situé à Rumst, a entremps ouvert ses portes ce matin à 10h pour accueillir les premiers visiteurs. Environ 38.000 festivaliers sont attendus aujourd’hui. Mais à l’heure actuelle, ils ne savent toujours pas ce qui les attend demain, après le terrible incendie qui a ravagé la scène principale. La zone de sécurité mise en place autour de la scène principale a entre-temps été levée. Cela permet désormais à l’organisation de procéder aux travaux techniques et de démonter la structure calcinée. Ce vendredi doit débuter la première des deux éditions 2025, se déroulant du 18 au 20 juillet, suivies du 25 au 27 juillet. Parmi les artistes attendus figurent David Guetta, Martin Garrix, Armin van Buuren, ou encore Charlotte de Witte.
Vers une annulation ?
Une question se pose maintenant : peut-on encore parler de “Tomorrowland” sans son son décor monumental, symbôle de sa féérie, qui attire toute l’attention ? Les festivaliers peuvent-ils prétendre à une compensation ou à un remboursement dans ce cas ?
Barbara Van Speybroeck, porte-parole d’Assuralia, rappelle dans De Standaard que tout repose désormais sur les contrats d’assurance. « Pour ce type d’événement, il n’existe pas de polices d’assurance standards. Tout est fait sur mesure entre l’organisateur et l’assureur. Il est donc impossible de savoir ce que Tomorrowland a ou non assuré. Cela dépend entièrement du contrat. En règle générale, il existe deux volets : un pour les dommages matériels – dans ce cas, la scène et tout ce qui l’entoure – et un autre pour l’annulation éventuelle du festival. Et là, tout dépendra de la manière dont Tomorrowland pourra encore se dérouler. »
Pour Serge Platel, directeur de la Fédération des festivals de musique en Flandre, la sécurité n’a pas été prise à la légère : « Vu la taille de Tomorrowland, on peut supposer que le dossier de sécurité a été traité avec un soin extrême, surtout avec des feux d’artifice. » L’incendie qui a détruit la scène principale de Tomorrowland aurait été déclenché par un tir de canons pyrotechniques, une information qui reste à confirmer.
Si les autorités jugent que la sécurité des visiteurs n’est plus garantie, le festival pourrait encore être annulé. Ce serait alors le worst case scenario pour les organisateurs avec son lot de remboursements des festivaliers, des artistes et des frais énormes engagés pour les installations, les infrastructures,…
UPDATE 17/07- 16h: Le festival Tomorrowland est maintenu, a appris Belga à bonne source jeudi après-midi.
Aucune autre zone du site, à Boom, n’a été touchée par les flammes.

Quid des remboursements ?
Pour Laura Clays, porte-parole de Test-Achats, l’affaire est juridiquement complexe. Il est très difficile à ce stade de dire si une compensation est envisageable explique-t-elle à nos confrères de Trends. « Tout dépendra de la manière dont le festival se déroulera malgré tout. Et même dans ce cas, il n’existe aucune règle juridique claire en la matière », explique-t-elle.
« La scène principale fait bien partie de l’expérience, mais nulle part dans le contrat il n’est stipulé qu’elle doit être féerique ou qu’elle doit avoir nécessité des mois de construction. Si Tomorrowland parvient à proposer un festival qui correspond plus ou moins à ce qui était prévu – même sous une autre forme – alors, en tant que consommateur, vous ne pouvez rien reprocher. »
Où tracer la ligne du raisonnable ?
Mais, que signifie « correspondre plus ou moins » ? Clays précise : « Le débat pourrait changer si de nombreux DJ devaient être annulés, faute de pouvoir garantir la sécurité. Sans scène principale ni la fosse emblématique devant celle-ci, il faudra se réorganiser. Mais est-ce faisable dans des conditions sûres ? Et si cela signifie que la majeure partie de la programmation doit être annulée, alors là, vous n’obtenez clairement pas ce pour quoi vous avez payé. » Ce sera donc le point décisif : sous quelle forme le festival pourra-t-il encore se tenir, et dans quelle mesure des changements interviendront-ils ? Clays fait le parallèle avec Rock Werchter, où les têtes d’affiche Kings of Leon et Sam Fender ont annulé cette année. « Ce genre de désistement ne suffit pas pour prétendre à un remboursement », précise-t-elle.
« Il faut toujours tracer une limite raisonnable entre ce qui a été promis et ce que le consommateur a effectivement reçu. Définir cette limite n’est pas simple. Les conditions générales stipulent que des changements dans la programmation ne donnent pas droit à un remboursement. Mais il existe des limites implicites. Quelle est la valeur relative de chaque DJ dans l’ensemble du programme ? En tant que consommateur, il faut partir du principe que l’organisation fera tout pour offrir la meilleure alternative possible. Tout dépendra donc des mesures concrètes qui seront prises. »
Hôtels et billets d’avion
Elle commente encore: « si le festival était complètement annulé, cela aurait été plus simple. Dans ce cas, le consommateur a le droit de choisir entre un remboursement ou une alternative proposée par l’organisateur : un autre festival à une date ultérieure, un ticket garanti pour l’année suivante, des bons ou autres formes de compensation.”
Et pour les dépenses annexes ? Billets d’avion, hôtels ? La porte-parole de Test-Achats est formelle : « Ce sont des frais extérieurs. L’organisateur n’en est pas responsable. Il faut se tourner vers les assurances voyage classiques. »
Lire aussi | Tomorrowland: 20 ans d’électro et de contes de fées
The show must go on
L’absence de la scène principale ternira indéniablement l’expérience de la 19ème édition de Tomorrowland. Mais ce drame pourrait aussi devenir un cas d’école en matière de gestion de crise, de communication transparente, et de capacité à improviser face à l’imprévisible. « On a survécu au covid, on survivra à ça », résume Serge Platel, de la Fédération des festivals de musique en Flandre. Il insiste sur la qualité des équipes de Tomorrowland, connues pour leur créativité logistique hors pair : « Ce sont les meilleurs au monde. Je suis persuadé qu’ils relèveront le défi, même sans mainstage. »
L’annulation est le dernier recours pour tout grand festival. Il y a deux ans, les Ardentes avaient dû annuler une seule journée à cause d’une potentielle tempête : 8 millions de pertes, souligne Le Soir. Un coût qui pourrait être beaucoup plus important pour Tomorrowland. D’après des professionnels de l’événementiel et des médias spécialisés , le budget consacré à la seule scène principale peut être estimé entre 1 et 5 millions d’euros, par édition. Le rapport officiel de WeAreOne.World (la société organisatrice de Tomorrowland) annonce un chiffre d’affaires de 129 millions d’euros pour 2023, avec un bénéfice net de 8,4 millions d’euros.
