Sans adaptation, plus d’une femme sur trois en fin de carrière serait touchée par le malus pension

Jan Jambon © Belga
Baptiste Lambert

Même avec l’assimilation des jours de maladie, une part importante des futurs pensionnés reste exposée. Quelques mois ou une année de travail en plus permet toutefois d’échapper au malus pension dans la plupart des cas, souligne le ministre.

Même en tenant compte de l’assimilation complète des jours de maladie dans le calcul de la carrière, près d’un quart des travailleurs qui souhaitent partir en pension anticipée dès la première date possible seraient aujourd’hui soumis à un malus. C’est ce qu’a indiqué le ministre des Pensions, Jan Jambon (N-VA), mercredi en commission de la Chambre, en réponse au député PTB Kim De Witte. Une proportion élevée, qui confirme que l’ajustement prévu par le gouvernement ne suffira pas à éviter les pénalités pour une large partie des fins de carrière.

Un bonus-malus recentré mais toujours strict

Dans la version actualisée de la réforme, les jours de maladie sont assimilés à des jours prestés, un changement qui réduit mécaniquement le nombre de carrières incomplètes. Le principe du malus reste cependant inchangé : il frappe ceux qui quittent la vie active avant l’âge légal sans satisfaire deux conditions cumulatives :

  • 35 années de carrière comprenant au moins 156 jours effectifs par an ;
  • un total minimum de 7.020 jours de travail effectif sur l’ensemble de la carrière.

Si ces seuils ne sont pas atteints au moment du départ anticipé, le montant mensuel de la pension est réduit. L’entrée en vigueur est finalement prévue début 2027.

« Trois quarts des pensionnés échapperaient au malus »

Avec l’assimilation de la maladie, 75 % des personnes parties récemment en pension anticipée rempliraient la double condition et éviteraient donc le malus.
Les calculs demeurent toutefois théoriques, explique Jan Jambon. Ils ne tiennent pas compte d’éventuels ajustements de comportement : certains travailleurs pourraient choisir de prolonger leur carrière de quelques mois pour atteindre les seuils requis et éviter la pénalité.

Le ministre rappelle que plusieurs pays de l’OCDE appliquent déjà ce type de mécanisme : « C’est un incitant clair à rester actif au-delà de la première date possible de pension anticipée », explique-t-il. Une affirmation que le PTB nuance, en rappelant que ces pays disposent souvent d’un âge légal plus bas ou de pensions plus élevées.

Les femmes restent les plus exposées, malgré l’assimilation

L’intégration des jours de maladie réduit les écarts, mais ne gomme pas les disparités de carrière entre hommes et femmes. Sur la base des données analysées :

  • 12,6 % des hommes ne rempliraient pas la double condition au moment de leur première date possible de départ ;
  • 36,7 % des femmes resteraient en défaut, et donc potentiellement pénalisées.

Autrement dit, plus d’une femme sur trois risquerait de subir un malus, même après correction du calcul. Une conséquence directe des carrières plus fragmentées, du travail à temps partiel plus fréquent et d’une exposition accrue aux interruptions professionnelles.

Comment fonctionne le bonus-malus pension ?

Un malus est appliqué pour chaque année de retraite prise avant 66 ans (et avant 67 ans à partir de 2030).
Un bonus est accordé pour chaque année travaillée au-delà de 66 ans.

Les pourcentages varient selon la génération :

2 % par an pour les générations proches de la retraite ;
4 % à partir de 2030, puis 5 % à partir de 2035 pour les plus jeunes.

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