Quels pays soutiennent l’allocation universelle ?
Les Belges ne sont pas favorables au revenu de base universel, mais ailleurs dans le monde, l’idée gagne du terrain. Ces pays expérimentent un revenu inconditionnel. Ou ils ont entrepris un essai.
D’une enquête de Knack, il ressort que 63% des Belges ne sont pas partisans du revenu de base. Ils suivent à cet égard l’exemple des Suisses, qui ont rejeté l’an dernier le revenu de base inconditionnel dans un référendum. Des voix s’élèvent pourtant dans notre pays pour l’instauration d’un tel revenu inconditionnel. Nele Lijnen (Open Vld) tient ainsi un plaidoyer en sa faveur dans son livre Win for Life. L’idée ne laisse également pas indifférents le philosophe Philippe Van Parijs et l’entrepreneur Roland Duchâtelet. Alors que la majorité de la population belge n’adhère pas à l’idée, ceux-ci étudient quelles sont les possibilités à l’étranger.
Projet pilote au Canada
Nous désirons examiner si un revenu de base a un impact positif sur la vie quotidienne des gens
L’action la plus récente se déroule au Canada. L’administration de la province de l’Ontario va tester le revenu de base pour en étudier les conséquences pour les opportunités d’emploi des employés vulnérables. Dans un projet pilote, 4.000 personnes entre 18 et 64 ans recevront un revenu de base pendant trois ans. Les participants ont actuellement un revenu se situant en-dessous du seuil de pauvreté. Le revenu de base est censé les aider à améliorer leur situation sur le plan de la santé, des conditions de travail et de logement. “Nous désirons observer si un revenu de base a un impact positif sur la vie quotidienne des gens”, a expliqué Kathleen Wynne, la Première ministre de l’Ontario, plus tôt dans la semaine.
Le revenu de base peut aller jusqu’à 16.989 dollars canadiens (11.600 euros) par an pour un célibataire et jusqu’à 24.027 dollars canadiens (16.491 euros) pour un couple. Les bénéficiaires peuvent augmenter leur revenu via le travail, mais ils doivent dans ce cas céder la moitié. Selon l’institut de statistiques, 13% des habitants de l’Ontario vivent sous le seuil de pauvreté. Dans les années septante, les villes canadiennes de Winnipeg et Dauphin avaient déjà testé le revenu de base, mais elles en étaient restées aux expérimentations.
Projets abandonnés
Mais plus près de chez nous, le revenu universel remue également pas mal de poussière. Il était par exemple au programme électoral du candidat à la présidentielle française Benoît Hamon (PS). Au cours de la présentation officielle de son programme, il a proposé que les jeunes et les employés à faibles revenus puissent, dans une première phase, compter sur 600 euros par mois. Hamon a, ce week-end, été éliminé lors du premier tour des élections. Avec lui, l’idée du revenu de base a également disparu de l’avant-plan.
Le caractère générique du revenu de base fait obstacle à un soutien des revenus pour des groupes spécifiques
Aux Pays-Bas aussi, l’idée est pour l’instant mise dans les cartons. La commune de Terneuzen a dû abandonner un projet pilote du fait qu’il ne respectait pas la réglementation. Le ministère des Affaires Sociales a jugé en janvier qu’un revenu de base inconditionnel n’est pas une option réaliste et économiquement viable. “Le caractère générique du revenu de base fait obstacle à un soutien des revenus pour des groupes spécifiques”, ressortait-il alors. Le revenu serait en outre en contradiction avec la loi de participation néerlandaise. Selon cette loi, les bénéficiaires d’aide sociale doivent le plus rapidement possible se mettre au travail.
L’objectif était que vingt habitants de Terneuzen bénéficiaires d’aide sociale reçoivent un revenu garanti de 933 euros. Wageningen, Tilburg, Nijmegen, Utrecht et Groningen avaient des projets similaires.
Trouver du travail
En Finlande, une expérimentation du revenu de base a bel et bien démarré. Début de cette année, le pays a fait savoir que 2.000 Finlandais allocataires de chômage allaient recevoir 560 euros par mois pendant les deux prochaines années. La Première ministre finlandaise Juha Sipilä désire étudier si un revenu de base peut inciter les gens à chercher du travail. Si les participants trouvent un travail, ils pourront dans ce cas garder l’allocation. Ils ne doivent toutefois pas prouver qu’ils postulent activement.
Au Kenya, une expérimentation du revenu de base est également en route. L’ONG GiveDirectly donne actuellement un revenu de base à des habitants de plusieurs villages pour pouvoir payer la nourriture, un toit et les soins de santé. A l’horizon de 2022, l’organisation désire donner un revenu de base à plus de 26.000 habitants pendant maximum douze ans. GiveDirectly reçoit notamment le soutien de Pierre Omidyar, le fondateur d’eBay. Il a récemment investi 493.000 dollars dans l’expérience. L’ONG désire collecter 30 millions de dollars. Pour l’instant, le compteur est à 23,7 millions.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici