Pourquoi les livrets d’épargne ont-ils plus de succès que les assurances-épargnes ?

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Niels Saelens Rédacteur Moneytalk.be

Les Belges montrent moins d’intérêt pour les assurances-épargnes, alors que ces produits d’épargne rapportent encore bien davantage que le traditionnel livret d’épargne. “Les rendements de ces assurances ne sont pas suffisamment élevés pour mobiliser le Belge”, analyse Geert Gielens, économiste en chef chez Belfius.

Les chiffres de la fédération sectorielle Assuralia nous apprennent que le chiffre d’affaires des assureurs belges a diminué l’an dernier, pour atteindre 27,2 milliards d’euros, le niveau le plus bas depuis 2003. Cette baisse du chiffre d’affaires est surtout attribuable au déclin d’intérêt du Belge pour les assurances-épargnes de la branche 21, un produit sûr et principal concurrent des livrets d’épargne, sur lesquels se trouvent plus de 260 milliards d’euros.

“Les livrets d’épargne traditionnels gardent une longueur d’avance sur les assurances de la branche 21”, explique Gielens. “Un rendement supplémentaire de quelques dizaines de points de base est insuffisant pour susciter un changement chez le Belge. L’argent sur le livret d’épargne est en outre accessible à tout moment. Si l’on met son argent dans une branche 21, il faut attendre huit années pour pouvoir avoir accès à son capital sans sanction fiscale.” Les épargnants qui retirent leur argent plus tôt doivent payer un précompte mobilier de 27% – bientôt 30% – sur les intérêts. “La taxe de 2% sur les primes tend également à dissuader le Belge d’opter pour les assurances-épargnes”, selon Assuralia.

Politique de la BCE

Mais les assurances-épargnes n’échappent elles non plus pas à une nouvelle réalité. Une petite visite sur le site comparebanque.be nous apprend que le rendement garanti des assurances de la branche 21, tout comme les intérêts sur les livrets d’épargne, est en chute libre. L’assureur AG Insurance a notamment divisé par deux les rendements de la plupart de ses assurances-épargnes de la branche 21, jusqu’à 0,25%. Le rendement garanti peut éventuellement être complété par une participation bénéficiaire.

“Tant que la BCE poursuivra sa politique d’assouplissement monétaire, les taux d’intérêt sur ces assurances-épargnes n’augmenteront pas ou continueront même à diminuer. Mais les taux d’intérêt ne peuvent pas descendre en dessous de zéro”, explique-t-il. Ce serait un suicide commercial de la part des banques de faire baisser leurs taux en négatif.

En outre, les assurances-épargnes réagissent moins vite à l’évolution du marché. “Nous ne devons pas oublier que l’argent versé dans une épargne-assurance, les assureurs l’investissent dans des titres de dette comme les obligations d’Etat, avec une durée de minimum huit ans. Les obligations avec un coupon plus élevé, qui arrivent à échéance aujourd’hui, doivent être remplacées par des nouvelles obligations avec un coupon inférieur. De ce fait, les adaptations des taux se font moins vite que pour un livret d’épargne.” L’histoire nous apprend par ailleurs que les assureurs n’ajustent leurs taux d’intérêt à la hausse que si la concurrence le fait.

Et les banques ?

La question se pose si l’assurance-épargne de la branche 21 est en fait encore un produit intéressant pour les institutions financières. Rabobank a déjà supprimé ces produits de son offre. Et en septembre, AXA a également annoncé l’arrêt de la vente des assurances de la branche 21 Oxylife Secure et Optiplan. “Il n’est pas illogique qu’un certain nombre de banques et d’assureurs abandonnent ces produits. Ils sont actuellement moins demandés et les marges bénéficiaires ont énormément diminué”, explique Gielens. Selon Assuralia, le rendement sur le volume des actifs gérés a diminué à 0,1%.

C’est pourquoi les assureurs recherchent de nouveaux horizons. Plusieurs banques proposent des alternatives à l’assurance-épargne de la branche 21. “En période de taux bas, le Belge devrait justement prendre plus de risques. Et c’est là que le bât blesse, le Belge ne désire pas abandonner les refuges sûrs. Dans ce contexte, plusieurs banques proposent des produits qui sont une combinaison d’une assurance de la branche 21 et d’une assurance de la branche 23. Vous pouvez ainsi garantir une partie du capital et utiliser une partie du capital pour prendre plus de risques dans l’espoir d’obtenir ainsi un rendement plus élevé.”

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