Pourquoi les Bourses sont-elles si sensibles au prix du pétrole ?
Le schéma est quasiment immuable depuis quelques mois, chaque soubresaut du pétrole provoque des palpitations sur les Bourses bien que les économistes ne cessent de répéter que le recul des prix de l’or noir est largement favorable économiquement à l’Europe et à l’Asie.
Secteur énergétique prépondérant
L’impact le plus direct tient évidemment aux valeurs énergétiques traditionnellement bien représentées à Wall Street, le secteur ayant pesé jusqu’à 15% du S&P 500 en 2008. Depuis le début de la chute du prix du baril, son poids a toutefois fondu à moins de 7% de l’indice américain élargi. D’autres valeurs, surtout dans l’industrie, sont toutefois également dépendantes du boum du pétrole de schiste aux États-Unis. A contrario, les restaurants et cafés sont relativement peu représentés en Bourse alors qu’ils sont les principaux bénéficiaires des économies à la pompe des ménages américains avec une hausse de 8,1% de leurs chiffre d’affaires en 2015 selon les données officielles.
Pertes sur crédits
Autre motif d’inquiétude ces derniers jours : l’exposition des banques aux sociétés énergétiques en difficultés. Plusieurs établissements américains ont annoncé des provisions pour couvrir ce risque. JP Morgan a ainsi augmenté ses provisions pour pertes sur crédits pour la première fois depuis 2010 alors que Bank of America a dévoilé une exposition de 21,3 milliards de dollars. Le secteur financier est le deuxième plus influent au sein du S&P500 avec un poids de 16%.
Mauvais exemple
Si la dépendance du S&P 500 au prix du pétrole apparait justifiable, la chute des Bourses européennes avec le pétrole est beaucoup plus difficile à expliquer. Les indices du Vieux-Continent sont traditionnellement moins exposés aux valeurs pétrolières et les banques européennes encourent des risques de pertes bien moindres que leurs consoeurs américaines. On peut toutefois épingler que Wall Street joue traditionnellement un rôle moteur pour les Bourses mondiales et que le pétrole (ainsi que les autres matières premières) sont utilisés comme baromètre de l’économie mondiale en général et de la Chine en particulier. Pour les économistes les plus pointilleux, la chute du pétrole avive également les craintes de déflation en zone euro, voire en Chine.
Les fonds souverains se retirent
Last but not least, les pays exportateurs de pétrole avaient pris pour habitude d’investir leurs excédents sur les marchés boursiers, le fonds souverain norvégien détenant ainsi en moyenne 1,3% de toutes les sociétés cotées dans le monde. Les fonds souverains des six pays membres du Conseil de coopération du Golfe arabique ont accumulé 2 400 milliards de dollars d’investissements en obligations et actions (avec des participations dans Barclays, Glencore ou Volkswagen notamment) mais ne sont désormais plus approvisionnés et sont même sollicités pour éponger les déficits publics, estimé à entre 15% et 20% du PIB en 2015 dans le cas de l’Arabie Saoudite.
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