Les femmes commencent à épargner plus tard que les hommes pour la retraite
Conséquences : elles disposent d’un pécule moins important le jour venu. Selon les données, en Belgique, l’écart entre les pensions du premier pilier des hommes et celles des femmes est de 20 à 30 %.
Sans interventions dans le calcul de la pension légale, comme la pension minimale par exemple, et sans l’égalisation de certaines périodes d’absence, comme le congé de maternité, cet écart serait encore plus grand. L’année dernière, le Bureau du Plan a calculé que sans des régimes tels que les pensions de survie et de divorce, où les droits à pension peuvent être transférés d’un partenaire à l’autre, l’écart de pension serait même de 50 %.
Pension complémentaire
En ce qui concerne les pensions complémentaires, l’écart est encore plus important. Tout d’abord, car les femmes sont moins nombreuses que les hommes à avoir accès, par l’intermédiaire de leur employeur, au deuxième pilier des pensions. Dans ce deuxième pilier, un pourcentage du salaire est versé à des polices d’assurance collective ou à des fonds de pension. Selon les statistiques de PensionStat, les hommes, bénéficiant d’une pension complémentaire, ont en moyenne accumulé un capital deux fois plus important que les femmes à l’âge de la retraite.
Epargne retraite
Les femmes doivent souvent se contenter d’une pension inférieure à celle des hommes. En outre, elles sont également un certain retard, par rapport à leurs collègues masculins, en ce qui concerne le troisième pilier des pensions, soit l’épargne-pension individuelle.
Rappelons qu’il est possible de souscrire un contrat auprès d’une compagnie d’assurance ou alors, d’opter pour l’ouverture d’un compte d’épargne-retraite auprès d’une banque. L’argent placé sur ce compte est utilisé par la banque pour acheter des parts de fonds d’épargne-pension à votre nom. Dans les deux cas, vous bénéficiez d’une réduction d’impôt de 25 ou 30 %, fonction du montant déposé. En 2024, vous pouvez épargner jusqu’à 1 020 euros, avec une réduction d’impôt de 30 %, ou alors pour un montant compris entre 1 020 et 1 310 euros, avec une réduction de 25 %.
Effet boule de neige
L’association belge des gestionnaires de patrimoine (Beama) et la fédération des assureurs (Assuralia) ont également passé en revue à quel âge les femmes et les hommes commencent à épargner pour la retraite. Les chiffres fournis permettent de conclure que les femmes commencent à épargner pour la retraite bien plus tard que les hommes.
On remarque que, dans toutes les tranches d’âge sauf deux, il y a plus de comptes d’épargne-retraite au nom des femmes. Ce n’est qu’avant 40 ans que les hommes sont plus nombreux que les femmes à détenir des certificats d’actions de fonds d’épargne-retraite.
En ce qui concerne l’assurance épargne-pension, les femmes ne sont minoritaires que dans le groupe d’âge le plus jeune, soit les moins de 25 ans.
Outre l’épargne-pension, les assureurs proposent un autre produit permettant d’épargner pour sa retraite avec un avantage fiscal : l’épargne à long terme. Là, les différences sont plus marquées. Dans toutes les catégories d’âge, les femmes sont minoritaires. D’ailleurs, note Assuralia, “les femmes qui s’engagent dans l’épargne à long terme déposent moins que les hommes dans les tranches d’âge inférieures à 45 ans.”
Si les femmes déposent des sommes d’argent moins importantes, ce n’est sans doute pas par choix, mais par obligation. En effet, vous ne pouvez déposer que 6 % de votre revenu net imposable, plus 183,60 euros pour l’épargne à long terme, avec un maximum absolu de 2 450 euros pour 2024. Les personnes qui gagnent moins de 37.773,33 euros par an n’atteindront pas ce plafond absolu. Les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes, travaillent plus souvent à temps partiel et, par conséquent, s’engagent moins dans l’épargne à long terme.
Plus vous arrivez à mettre de côté dès votre plus jeune âge, plus l’importance des intérêts composés peut jouer, ou plus vous pouvez gagner d’intérêts sur ces intérêts. Plus vous commencez à épargner à un âge avancé, en vue de la retraite, moins vous pourrez obtenir de rendement sur cette somme. En d’autres termes, l’âge de départ est très important.
Qu’en pensent les banques ?
Nous avons demandé aux plus grandes institutions financières de notre pays si elles étaient conscientes du fait que les hommes commencent à épargner plus rapidement pour la retraite et si, le cas échéant, elles avaient mis en place des politiques pour encourager les femmes à commencer à épargner pour leur pension, un peu plus tôt.
La plus grande banque de Belgiue, BNP Paribas Fortis, nous a répondu qu’elle confirmait les chiffres de Beama. “Tous âges confondus, le pourcentage de femmes disposant d’un compte d’épargne-retraite est légèrement inférieur (49 %), mais surtout parmi les titulaires de comptes de moins de 30 ans (46 %). En outre, on constate que les femmes investissent de manière légèrement plus conservatrice ou avec une plus grande aversion à la prise de risque”, a déclaré Hilde Junius, porte-parole de la banque.
BNP Paribas Fortis propose à ses clients trois fonds : avec plus d’obligations, avec autant d’actions que d’obligations et avec plus d’actions. Bien plus de femmes que d’hommes choisissent le fonds le plus prudent (55 %), à peu près le même pourcentage d’hommes que de femmes choisissent le fonds 50/50 et très peu de femmes par rapport au nombre d’hommes choisissent le fonds le plus dynamique (40 %).
Chez BNP Paribas Fortis, tous âges confondus, les femmes (55%) sont plus nombreuses que les hommes à souscrire une assurance pour l’épargne-retraite et l’épargne à long terme. “Cette observation est en fait une prolongation de l’observation faite des profils de risque face aux fonds d’épargne-pension. Les polices d’assurance épargne-pension sont encore plus défensives que les fonds d’épargne-pension défensifs. C’est seulement parmi les épargnants de moins de 30 ans que la banque constate que les femmes sont moins nombreuses à souscrire des contrats : elles représentent respectivement 48 et 44 % des contrats d’épargne-pension et d’épargne à long terme.
La banque ne trouve pas ces pourcentages alarmants et pense que parmi les jeunes femmes aux revenus plus faibles, celles-ci ont peut-être simplement moins de marge de manœuvre financière. Il n’y a pas de politique visant à cibler davantage de (jeunes) femmes. “Nous nous efforçons bien sûr de convaincre tant les hommes que les femmes d’épargner pour leur retraite, d’une manière fiscalement avantageuse, nous encourageons en particulier les plus jeunes » laisse entendre l’institution bancaire.
ING Belgique, de son côté, ne constate pas de différences majeures entre les hommes et les femmes. Néanmoins, la banque indique qu’elle étudie la possibilité d’introduire à l’avenir une politique visant à encourager les jeunes femmes à épargner ou à investir davantage en vue de leur retraite. “Dans le passé, nous avons pris des initiatives telles que l’organisation d’événements ciblant principalement les femmes et les opportunités de promouvoir leur indépendance financière », explique son porte-parole.
Chez KBC, il semble qu’à tous les âges, les femmes soient plus nombreuses que les hommes à participer à l’épargne-retraite. La banque ne donne pas de chiffres distincts pour les personnes âgées de 20 à 30 ans. En ce qui concerne les assurances à long terme, KBC constate une proportion légèrement plus élevée d’hommes, tant pour les contrats existants (46% de femmes) que pour les nouveaux contrats (48%).
Argenta ne cite qu’un seul taux de participation (un peu plus de 50 % de femmes), tous âges confondus. “Notre rôle est de donner des informations aux clients. Nous ne faisons pas de discrimination en fonction du sexe”, répond la banque. Crelan admet tout aussi franchement que la banque ne dispose pas de telles statistiques.
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