Le système de pension belge face à une crise imminente: vers une contribution minimale obligatoire?
La Belgique se classe 15e dans l’indice mondial des pensions (Global Pension Index). Face aux défis démographiques, des réformes sont nécessaires pour assurer la sécurité financière des futurs retraités et éviter une crise des pensions.
La Belgique doit prendre des mesures pour éviter une crise de son système de pensions, alerte le dernier indice mondiale des pensions publié par le cabinet de conseils en ressources humaines Mercer en collaboration avec le CFA Institute. La Belgique se classe 15e dans le Global Pension Index, affichant un score de près de 69 %.
Ce classement évalue plusieurs critères à l’échelle mondiale. La Belgique obtient un excellent score (81,8%) en matière d’« adéquation », c’est-à-dire si le système de pension remplit sa fonction. Elle performe aussi en matière d’« intégrité » (87,4 %), un critère qui évalue si le système fonctionne comme il se doit. Le pays est toutefois pénalisé par sa faible « durabilité » – la viabilité et l’accessibilité du système à long terme – avec un score de seulement 40,1 %. Bien que la Belgique ait un cadre solide pour les pensions légales, le manque de réserves de pension par rapport aux Pays-Bas se traduit par une moindre durabilité, ce qui lui vaut une exclusion du top 10 mondial.
Plus de responsabilités sur le travailleur
Les principales tendances de l’indice mondial de Mercer révèlent un passage des régimes de pension à prestations définies, aussi appelées « defined benefit » (DB), vers des régimes à cotisations définies ou « defined contribution » (DC), qui mettent davantage de responsabilité sur les travailleurs pour gérer leurs fonds de pension après leur retraite.
Le risque, après la retraite
Le système belge fait face à des défis majeurs, notamment en raison de la pression exercée sur les employeurs pour garantir des rendements adéquats sur les pensions. « En Belgique, le principal risque pour les travailleurs se situe après la retraite, lorsque le capital de pension complémentaire doit être investi par eux-mêmes, quel que soit le type de plan de pension durant leur carrière. Un régime belge à cotisations définies impose à l’employeur une responsabilité supplémentaire claire d’obtenir un rendement à long terme qui suive au moins le rendement légal », déclare Dirk Kemkers, consultant principal en pensions chez Mercer.
Le système de pension en crise
L’étude alerte d’une crise potentielle dans les systèmes de pension belge, exacerbée par la baisse des taux de natalité et l’augmentation de l’espérance de vie. Le rapport appelle à une meilleure coordination entre les régimes publics et privés, à inciter plus de travailleurs à participer à des plans de pension complémentaires, et à favoriser le travail des seniors.
Pat Tomlinson, PDG de Mercer, déclare : « Ces tendances démographiques posent principalement des défis pour les pensions légales, où un nombre croissant de retraités entraîne généralement des cotisations plus élevées. Les pays doivent s’attaquer à ce problème avant qu’il ne soit trop tard. Garantir une forte coordination entre les régimes de pension privés et publics, inciter davantage de travailleurs à adhérer à un plan de pension complémentaire et encourager une plus grande participation au marché du travail pour ceux qui souhaitent travailler à un âge plus avancé sont autant de moyens d’améliorer les résultats à long terme pour les retraités. »
Introduire une contribution minimale obligatoire
Dirk Kemkers insiste, de son côté, sur l’importance de se concentrer sur la gestion des capitaux de pension après la retraite et plaide pour l’introduction d’une contribution minimale obligatoire pour tous les travailleurs. Bien que le gouvernement fédéral envisage une telle mesure depuis plus de dix ans, elle n’a pas encore été mise en œuvre. L’élargissement de la couverture du deuxième pilier est perçu dans ce contexte comme une étape cruciale pour améliorer le système de pension belge.
Dans le classement mondial établi chaque année par Mercer, le système de pension néerlandais reste le meilleur au monde avec un score total de 84,8 %. L’Islande et le Danemark se maintiennent respectivement à la deuxième et troisième place.
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