Paiements en ligne : la riposte de Wero face aux géants américains

Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), alerte sur la dépendance de l’Europe aux géants américains des paiements (Visa, Mastercard). Dans ce contexte, l’European Payments Initiative (EPI) dévoile sa riposte : Wero, une plateforme de paiement paneuropéenne fondée sur les standards européens. Avec une première mise en service attendue cet été en Belgique et en Allemagne, son objectif est de reconstruire la souveraineté européenne en matière de paiements, sans repartir de zéro.
Début avril, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), lançait un avertissement clair : la quasi-totalité des paiements effectués en Europe passent par des infrastructures non-européennes, que ce soit via Visa, Mastercard, PayPal ou encore Alipay. Toutes ces entreprises sont originaires des États-Unis ou de Chine, soulignait la présidente de la BCE. Cette dépendance dans un secteur aussi critique que les paiements n’est pas anodine, surtout dans un contexte géopolitique tendu. À Bruxelles comme à Francfort, l’idée d’une autonomie stratégique revient avec insistance.
C’est dans ce contexte que l’European Payments Initiative (EPI) publie, ce 22 avril, une lettre ouverte dans laquelle elle réaffirme son ambition : bâtir une alternative crédible et unifiée, à l’échelle du continent en déployant Wero, une infrastructure de paiement instantané. « L’Europe doit trouver la voie de la souveraineté et de l’indépendance en matière de paiements. Il ne s’agit plus simplement d’un concept pour l’avenir, mais d’une nécessité actuelle », écrivent les seize actionnaires européens d’EPI. Wero cristallise une ambition ancienne : celle d’une infrastructure de paiement européenne autonome, compétitive et inclusive.
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Une plateforme conçue pour l’interopérabilité européenne
Wero se présente comme une infrastructure de paiement instantané, construite sur des standards européens. Elle est conçue pour s’étendre progressivement aux paiements e-commerce, en point de vente et transfrontaliers. Elle est déjà fonctionnelle pour les transactions entre particuliers (P2P) et vers les professionnels, avec plus de 40 millions d’utilisateurs enregistrés.
Un premier déploiement dans le e-commerce est prévu pour l’été 2025, en Belgique et en Allemagne, avant une extension en France et aux Pays-Bas. D’ici 2026, Wero ambitionne de couvrir l’ensemble des cas d’usage, y compris les paiements en magasin, les factures, les paiements QR code, sans contact (NFC), et omnicommerce. « Ces mises en œuvre constituent les fondements et les points de preuve d’une solution européenne viable », souligne l’EPI.
Conscient de la diversité des solutions locales en Europe (Bancontact, iDEAL, Swish…), EPI ne cherche pas à les remplacer, mais à les connecter. L’initiative se veut ouverte et fédérative, en misant sur l’interopérabilité des solutions existantes autour d’un socle commun. « EPI est aujourd’hui prête à coopérer activement avec l’ensemble des réseaux de paiements numériques locaux […] à une approche d’interopérabilité fondée sur une solution commune d’acceptation des paiements marchands », laisse entendre l’initiative dans sa lettre ouverte. Ce modèle hybride pourrait séduire les États membres n’ayant pas encore développé leur propre solution, tout en renforçant les alternatives européennes dans les marchés les plus matures.
Wero, pas adopté d’avance
Face aux mastodontes mondiaux que sont Visa ou Mastercard, Wero part cependant avec un retard considérable. La confiance des commerçants, l’expérience utilisateur, et la portabilité des services seront autant de conditions indispensables à une adoption massive. « On ne remplace pas un système de paiement en place avec une simple volonté politique. Il faudra convaincre, intégrer, et démontrer la valeur ajoutée », confie un analyste du secteur.
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