Observer les cours de Bourse: à quoi sert l’analyse technique?
On n’investit pas les yeux fermés! Tout achat ou vente de titres doit impérativement être précédé d’une analyse fondamentale, à laquelle maints investisseurs ajoutent une analyse chartiste et l’observation d’un certain nombre d’indicateurs techniques
L’investisseur a besoin d’informations fiables. La plupart des rapports consacrés aux actions s’appuient sur le résultat d’analyses fondamentales (situation financière de l’entreprise, rapport cours/bénéfice de son titre, taux d’intérêt, conjoncture, etc.). Mais l’investisseur peut également se référer à l’analyse technique, qui observe l’évolution du cours dans le but de dégager une tendance, et s’en inspirer.
L’analyse technique s’appuie à la fois sur l’analyse chartiste (basée sur l’observation des courbes) et sur des indicateurs quantitatifs. Elle considère que toutes les informations pertinentes sont d’ores et déjà intégrées dans le cours. Par exemple, si l’entreprise a publié des résultats annuels décevants, le marché y aura déjà réagi en pénalisant le titre. L’analyse technique pure ne décortique donc pas les rapports annuels des entreprises cotées et ne s’intéresse pas aux facteurs macroéconomiques, comme la politique de taux d’intérêt des banques centrales.
“L’analyse technique part en outre du principe que les cours évoluent selon une tendance clairement identifiable et généralement itérative, ajoute Steven Van de Sype, directeur commercial de la plateforme d’investissement en ligne Bolero. Les mouvements du marché sont en effet provoqués par des êtres humains, dont le comportement est répétitif. D’où la conviction que les évolutions passées sont appelées à se reproduire. L’analyse technique permet de répondre aux questions suivantes: quels sont les principaux niveaux de prix, quelle est la tendance actuelle et quelle est la probabilité que cette tendance se maintienne ou, au contraire, évolue?”
Certains investisseurs ne se fient qu’à l’analyse fondamentale, d’autres qu’à l’analyse technique. Or, les deux méthodes ne s’excluent pas nécessairement. Mieux encore: lorsqu’elles pointent toutes deux dans la même direction, la décision est mieux étayée. Par ailleurs, alors que l’analyse fondamentale identifie les titres qu’il conviendrait d’acheter ou de vendre, l’analyse technique a valeur d’indicateur temporel puisqu’elle permet de savoir quand il est préférable d’acquérir ou d’aliéner ces actions.
L’analyse chartiste
L’analyse technique n’a besoin que de l’historique des cours, lequel est généralement disponible sur les sites web et dans les applications mobiles des banques et des courtiers. Observer ces graphiques permet en principe d’identifier des schémas répétitifs, en d’autres termes de pratiquer une analyse chartiste. Un schéma simple et facilement identifiable porte le nom de “canal”. Le canal est représenté par deux droites parallèles: une ligne de soutien, qui relie tous les creux, et une ligne de résistance, qui relie les sommets. La rupture d’une de ces lignes peut être annonciatrice d’un changement de tendance. Si le cours traverse la ligne inférieure d’un canal haussier, par exemple, cela peut signifier qu’il est désormais orienté à la baisse. D’autres comportements reconnaissables sont les doubles sommets, les doubles creux et la forme tête et épaules, susceptibles eux aussi d’indiquer un changement de tendance. Plus le motif est net, plus la tendance a des chances de se confirmer. Chief strategy officer chez BNP Paribas Fortis, Philippe Gijsels combine analyse technique et analyse fondamentale. “En principe, j’agis ainsi pour tous les marchés dont les cours sont disponibles: actions, matières premières, devises, etc., précise-t-il. Il m’arrive aussi de me fier à l’analyse chartiste, pour autant que des doubles ou triples sommets, des doubles creux ou que la figure tête-épaules, par exemple, soient clairement marqués et soient confirmés par l’évolution du cours.”
Les indicateurs quantitatifs
L’analyse technique consiste également à appliquer des formules arithmétiques aux données relatives aux cours afin d’obtenir ce que l’on appelle des “indicateurs quantitatifs”. Avec un peu de chance, les sites et applications de votre banque ou de votre courtier vous permettent d’accéder à ces informations.
Un indicateur abondamment utilisé est la moyenne mobile qui, parce qu’elle reflète la valorisation moyenne d’un titre sur une période donnée, permet d’identifier les moments où il est intéressant de vendre ou d’acheter. D’après Steven Van de Sype, les utilisateurs de la plateforme Bolero s’intéressent surtout à la MACD et au RSI. La MACD ( Moving Average Convergence Divergence) est la différence entre une moyenne mobile de long terme et une moyenne mobile de court terme. Quant au RSI ( Relative Strength Index), il repère, par exemple, les situations de survente, éventuellement annonciatrices d’une baisse du cours. “De tels indicateurs sont toujours dérivés des cours, précise Philippe Gijsels. Ils permettent de supprimer la volatilité des graphiques. Personnellement, j’utilise principalement les moyennes mobiles et les MACD. Je surveille également en permanence les volumes négociés, ainsi que les tendances relatives entre divers marchés et secteurs. Mais pour cela aussi, j’emploie systématiquement ces indicateurs.”
Simple et accessible
L’accessibilité et la simplicité de l’analyse technique comptent parmi ses principaux atouts: il n’est pas nécessaire d’être un expert en investissements, un spécialiste du marché ou d’avoir un diplôme d’économie pour lire un graphique. “Il suffit de suivre l’évolution du cours et des volumes pour savoir ce qu’il faut faire, confirme Steven Van de Sype. L’analyse technique s’intéresse à ce qui se passe maintenant, pas au pourquoi, ce qui est une garantie de simplicité.”
L’analyse technique permet d’étudier tous les titres dont les cours sont connus. Elle n’est donc pas limitée à certains marchés, régions, secteurs ou classes d’actifs. Notez que
plus le titre est liquide, plus le résultat est fiable. La méthode peut également s’appliquer à des durées différentes: le trader professionnel l’utilisera pour analyser ses opérations intrajournalières, alors qu’elle aidera l’investisseur particulier à constituer ses positions sur le long terme.
Une analyse non dénuée de pièges
L’analyse technique est donc un outil intéressant… mais pas une boule de cristal. “Seules les données passées étant examinées, mieux vaut considérer que la méthode n’est qu’une partie de l’analyse à pratiquer pour prendre des décisions d’investissement, résume Steven Van de Sype. Certaines informations spécifiques émises par les entreprises, comme l’annonce d’une acquisition ou de chiffres inférieurs aux prévisions, peuvent invalider le résultat de l’analyse, obligeant l’investisseur à tout recommencer.”
“L’analyse technique n’est pas prédictive, confirme Philippe Gijsels chez BNP Paribas Fortis. Elle permet juste de tenter d’identifier une tendance sur laquelle l’investisseur pourra décider de surfer, jusqu’à ce qu’elle se retourne. Dans le monde de l’analyse technique, le marché a toujours raison et s’obstiner peut être mortel. Le marché ne vous doit rien, comme on dit.”
Dès lors, ne croyez pas reconnaître à tout prix signaux et figures itératives dans les graphiques de cours, car il se peut qu’ils en soient tout simplement absents. Retenez également que les indicateurs techniques n’offrent aucune forme de garantie ; si la volatilité sur le marché est élevée, ils peuvent carrément s’avérer trompeurs.
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