L’OPEP a signé son arrêt de mort
En moins d’une semaine, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a abandonné ses quotas et accentué l’excès de pétrole sur les marchés, l’Arabie Saoudite s’étant engagée dans une course aux parts de marché alors que la perspective de la fin de ” l’ère du pétrole ” resurgit.
Le baril à 20 dollars
Jusqu’à il y a une semaine la prévision de Goldman Sachs d’un baril de pétrole à 20 dollars apparaissait irréaliste alors que les rumeurs se multipliaient concernant un changement de stratégie de l’Arabie Saoudite, premier producteur mondial de pétrole. Une réunion chaotique de l’OPEP plus tard, le baril de Brent a chuté pour la première fois depuis la crise sous les 40 dollars. Le cartel a officiellement abandonné ses quotas de production, dépassés depuis 18 mois, signant son arrêt de mort selon Jamie Webster, analyste chez IHS.
Eviter le scénario des années 80
Signe que l’OPEP a complétement renoncé à son rôle de tampon sur les marchés pétroliers, sa production a bondi à 32 millions de barils par jour (mb/j) en novembre, au plus haut depuis 3 ans. Le comportement de l’OPEP peut apparaître étrange, l’excédent d’offre au niveau mondial (de 1 à 3 mb/j selon les estimations) ne représentant qu’une fraction de sa production alors que la chute de 60% du prix du pétrole lui coûte très cher. L’Arabie Saoudite subira ainsi un déficit public de l’ordre de 20% de son PIB cette année. La principale explication remonte à la première moitié des années 80. Les Saoudiens avaient fini par diviser leur production en 4 pour équilibrer le marché avant de rouvrir les vannes, faisant chuter les cours qui n’ont véritablement commencé à remonter que 15 ans plus tard.
La fin de l’ère pétrolière
Concernant les perspectives, les spécialistes se montrent partagés. La plupart estiment que le marché finira par se rééquilibrer alors que la production devrait ralentir dans les pays hors OPEP au vu de la chute des investissements, un rééquilibrage lent qui ne commencera pas à se concrétiser avant la seconde moitié de 2016. Une poignée d’observateurs, dont les ministres saoudiens du pétrole, redoutent toutefois la “fin de l’ère pétrolière” marquée par un pic de la consommation. L’intensité pétrolière du PIB mondial a déjà été divisée par près de 3 depuis 1990 et dans les pays de l’OCDE, la consommation de brut a déjà chuté de 10% entre 2005 et 2014 à 45 mb/j selon les données statistiques de BP.
Le cap des 60 dollars
Pour les groupes pétroliers, la situation de l’OPEP est en tout cas la garantie d’une période difficile, Total ou Royal Dutch Shell ayant basé leur plan d’affaire sur la base d’un baril à 60 dollars, un niveau de prix qui apparait de plus en plus hypothétique. Sur le marché des futures, le cap des 60 dollars n’est atteint pour le Brent que pour les livraisons à partir de septembre 2020.
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