Lire la chronique de Thierry Afschrift
“Les propositions fiscales de Trump sont, en théorie, assez attrayantes”
Les impôts sont souvent au coeur des débats dans les campagnes électorales. Mais, pour une fois, ce n’est presque jamais le cas dans l’actuelle campagne électorale présidentielle américaine.
En matière fiscale, Hillary Clinton n’apporte aucune innovation. Son programme se résume à la poursuite du système du ” big government, high taxes ” qui était celui de Barack Obama et aussi de Georges W. Bush : tous deux ont augmenté les impôts lorsqu’ils en avaient la possibilité sur le plan parlementaire. En clair, si Hillary Clinton est élue, les impôts augmenteront encore aux Etats-Unis, sauf peut-être pour la clientèle habituelle du Parti démocrate.
Quant à son adversaire, Donald Trump, il s’est jusqu’ici tellement fourvoyé dans des déclarations intempestives, que ses propositions fiscales sont presque passées inaperçues. On l’a entendu proférer des déclarations injurieuses à l’égard de beaucoup de groupes minoritaires dont il a électoralement besoin, comme les Latino-Américains. Grand défenseur de la loi et l’ordre, et adversaire de toute immigration dans un pays qui est sans doute le symbole du succès des immigrés, il paraît avant tout un conservateur, un populiste, et certainement pas un libéral, ni au sens américain, ni dans la signification que ce terme a en Europe.
Pas libéral pour un sou
Donald Trump n’est manifestement pas un partisan de la réduction de la taille de l’Etat et de son budget.
Son hostilité aux traités de libre-échange en fait un adversaire déclaré des libéraux : le protectionnisme qu’il promeut est nuisible aux Etats-Unis, aux consommateurs américains qui payeront le prix de nouveaux droits de douane, aux travailleurs américains qui constateront vite que lorsqu’on n’importe pas, on n’exporte pas non plus et que la production locale finira elle aussi par diminuer. De telles idées sont enfin une nuisance pour le monde entier si elles sont mises en pratique dans la première économie mondiale.
En revanche, les propositions fiscales de Donald Trump sont – si elles étaient un jour suivies d’effets et mises effectivement en pratique – assez attrayantes.
A l’impôt fédéral des personnes physiques, il propose une réduction sensible des taux, pour n’en garder que trois : 12, 25 et 33 %, alors que le taux progressif le plus élevé est actuellement de 39,6 % aux Etats-Unis. Ce n’est pas nécessairement la réduction du nombre de taux qui est significative, puisque l’important n’est pas qu’il y ait trois, cinq ou sept tarifs différents suivant le niveau de revenus, mais bien que chacun, comme ce serait le cas dans la proposition de Donald Trump, paye moins d’impôts qu’auparavant. Les réductions d’impôt permettraient aux contribuables américains de réduire leur charge fiscale fédérale de 15 à 20 %.
La fin de l'” impôt sur la mort ” ?
Pour les sociétés, il prévoit une véritable révolution, avec une réduction du taux, qui est actuellement de 35 %, à 15 %, sans augmenter la base à due concurrence. Quel bel exemple pour le gouvernement belge qui envisage péniblement de réduire son taux d’impôt des sociétés de 34 à 20 %, mais avec des tas de compensations qui ôtent à la mesure pratiquement tout intérêt !
Enfin, Donald Trump propose de supprimer purement et simplement ” l’impôt sur la mort “, c’est-à-dire les droits de succession fédéraux. Si ce programme provenait d’un candidat crédible, et susceptible de l’appliquer, il serait sans doute la principale innovation fiscale aux Etats-Unis depuis l’époque de Ronald Reagan.
Malheureusement, pour être écouté lorsqu’on propose des réductions d’impôts, il faut expliquer quelles dépenses vont être réduites dans le même temps. Et c’est là précisément ce que Donald Trump ne fait pas. Partisan d’une armée forte, et donc de dépenses militaires élevées, d’un système policier performant, de la création d’infrastructures publiques (dont le fameux mur de la honte à la frontière mexicaine) coûteuses, Donald Trump n’est manifestement pas un partisan de la réduction de la taille de l’Etat et de son budget. Il défend clairement, comme Hillary Clinton et sans doute davantage dans certains domaines, un Etat puissant, doté de beaucoup de pouvoirs, et de moyens.
Ce n’est assurément pas ainsi qu’il pourra espérer conquérir l’important réservoir de voix, actuellement estimé à 10 % du candidat libertarien, Garry Johnson. Celui-ci, conséquent avec ses principes, prévoit des réductions d’impôts encore plus fortes que celles proposées par Donald Trump, mais assume aussi que cela suppose des réductions très importantes du poids de l’Etat et des dépenses publiques.
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