Danny Reweghs
Les “pauvres” épargnants, grandes victimes d’une politique monétaire extrêmement flexible
Depuis l’assouplissement quantitatif ou quantitative easing (QE) de la Banque Centrale Européenne, les épargnants ont vu leurs rémunérations sur leurs dépôts d’épargne fondre comme neige au soleil, alors que les investisseurs ressortent gagnants.
Depuis la crise bancaire et la ‘Grande Récession’ de 2008-2009 qui s’en est suivie, les banques centrales ont clairement investi le devant de la scène. Dans beaucoup de pays, elles ont amené les taux d’intérêt au – ou près de – zéro. Les banques centrales ont encore beaucoup plus attiré l’attention par leur assouplissement monétaire, aussi appelé ”quantitative easing’ (QE) ou assouplissement quantitatif. Les banquiers centraux ont acheté avec zèle les obligations (d’état) détenues par les banques.
Image contrastée
L’idée de base était – et est – la lutte contre la récession et, aussi et surtout, contre la déflation. Car le monde occidental se trouve confronté à une sérieuse problématique d’endettement depuis la crise bancaire et la Grande Récession, surtout au niveau des états. Le maintien de l’argent pas cher et l’activation de l’économie de manière indirecte (via les crédits accordés par les banques) sont les fers de lance de la tactique des banques centrales. L’affaiblissement de leur propre monnaie en est aussi un bel effet secondaire.
Quant aux résultats sur l’économie réelle, les avis sont partagés. Le fait est que malgré les plusieurs milliers de milliards accordés au QE et les déjà nombreuses années de taux historiquement bas, les économies occidentales sont encore éloignées de la croissance d’avant la crise bancaire. D’autre part cependant, une nouvelle récession a été jusqu’à présent évitée, ainsi qu’une période de déflation prolongée.
Epargnants versus investisseurs
Il n’existe pas le moindre doute que la politique de taux d’intérêt zéro et la QE soient les explications principales à l’ascension des prix des actions”
Les grandes victimes de cette politique monétaire extrêment flexible sont les bons pères de famille, les épargnants. Ils ont vu les intérêts payés sur leurs dépôts d’épargne fondre comme neige au soleil et cela continue. S’il y a des (grands) perdants, il y a aussi des (grands) gagnants. Ce sont les autres actifs de placements, plus risqués. Il n’existe pas le moindre doute que la politique de taux d’intérêt zéro et la QE soient les explications principales à l’ascension des prix des actions, des obligations et des biens immobiliers au cours des dernières années.
Des rendement plus modestes
La Deutsche Bank a observé les prix des actions, obligations et biens immobiliers pour 15 grands pays depuis 1800. Aujourd’hui, la valorisation moyenne de ces trois grands actifs de placement se situe au-dessus du niveau de 2007 et proche du sommet historique, qui eut lieu autour de 1900.
Les obligations surtout sont historiquement chères de par la combinaison d’une inflation très basse et des achats massifs par les banques centrales.
Les performances de Wall Street aux cours des six à douze derniers mois nous apprennent que, de façon générale, les rendements futurs des investissements seront plus modestes lorsque les banques centrales normaliseront la situation. C’est-à-dire lorsque la QE et la politique de taux nuls seront abandonnées. Cette ‘normalisation’ peut toutefois encore se faire attendre dans beaucoup de régions.
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