Les holdings sont entrés dans le 21e siècle

Les holdings: des modules qui peuvent parfaitement s'insérer dans l'édification d'un portefeuille global. © GETTY IMAGES

Décote, gestion passive, transparence limitée, les holdings ont longtemps été considérés comme un héritage de la Belgique de papa. De nouveaux gérants ont toutefois dépoussiéré cette image. Qu’ils soient très diversifiés ou nettement moins, découvrez avec les analystes de Degroof Petercam lesquels compléteront le mieux votre portefeuille.

A l’image de Sofina ou de GBL, les holdings ont retrouvé leurs lettres de noblesse et face aux fonds d’investissement classiques, ils ont des arguments à faire valoir. Le premier est le coût. Les holdings affichent souvent une décote, les frais de gestion sont limités grâce aux économies d’échelle, et ceux de transaction se bornent au coût d’un ordre en Bourse. GBL affiche, par exemple, des frais de gestion de 0,4% pour son portefeuille de plus de 20 milliards.

Le second avantage de nombreux holdings, c’est qu’ils opèrent le plus souvent dans le private equity, c’est-à-dire qu’ils investissent dans des entreprises non cotées. Cette classe d’actifs est la seule à battre les marchés boursiers avec un rendement annuel de 14,6% au cours de la dernière décennie, selon McKinsey. Elle est toutefois peu accessible aux investisseurs particuliers, les fonds de private equity étant réservés aux grandes fortunes pour des raisons réglementaires.

Il est hasardeux de considérer les holdings comme des portefeuilles à part entière, la diversification sectorielle ou géographique n’étant pas toujours au rendez-vous. Certains sont en effet très diversifiés, d’autres peu, voire pas du tout. Mais beaucoup peuvent faire office de modules, à l’image de blocs de Lego, entrant dans l’édification d’un portefeuille global.

Afin de vous permettre de choisir les briques les plus appropriées à votre profil, nous faisons donc le point avec les analystes de Degroof Petercam sur les holdings et sociétés d’investissement cotés sur Euronext Amsterdam, Bruxelles et Paris.

1. Les holdings très diversifiés

Brederode

Au cours des 10 dernières années, Brederode a affiché le meilleur rendement de tous les holdings analysés avec un rendement annualisé de 19,3%. Une performance qui s’explique en grande partie par le succès de ses investissements non cotés qui représentent désormais 60% du portefeuille. Joren Van Aken, analyste chez Degroof Petercam, souligne que plus de la moitié de ces investissements sont encore assez récents (moins de cinq ans) et ne devraient donc offrir des plus-values de sortie (revente, entrée en Bourse…) que dans quelques années. Par ailleurs, Brederode a aussi investi plus de 40% de son portefeuille dans un panel assez large d’entreprises cotées comme Samsung, Mastercard, Intel ou Novartis. Le holding affiche les frais de gestion les plus bas du Benelux à 0,10% de sa valeur intrinsèque. La décote réduite de 1% incite toutefois les analystes à la prudence.

Sofina

Il y a une dizaine d’années, le portefeuille de ce holding reposait majoritairement sur de petites participations dans de grands groupes comme Danone ou Colruyt. Désormais, c’est devenu une valeur phare d’Euronext Bruxelles alors que les investissements non cotés représentent au total plus des deux tiers de son portefeuille. De plus, Sofina a mis le cap sur les secteurs de croissance, comme l’e-commerce, et les pôles technologiques les plus en vue ces dernières années en Asie et aux Etats-Unis. A l’image de majorité des analystes, Kris Kippers, de Degroof Petercam, se limite désormais à un avis de conserver alors que l’action affiche une prime de près de 5% par rapport à sa valeur intrinsèque et offre peu de potentiel à 12 mois. A long terme, cela reste toutefois une valeur de référence dans le private equity avec des frais de gestion contenus (environ 0,5%) et toute rechute pourrait être exploitée pour se positionner.

Eurazeo

Cette société d’investissement française mise essentiellement sur le private equity (73% de son portefeuille) ainsi que le private debt (21%), soit en quelque sorte les obligations non cotées. Elle compte 450 sociétés en portefeuille, 22 milliards d’actifs et offre des services de gestion pour des clients institutionnels. Les analystes de Degroof Petercam recommandent le titre à l’achat avec un objectif de 88 euros. “Nous pensons que la décote actuelle (environ 30%) est injustifiée pour un pure player dans le private equity/debt combiné avec les revenus récurrents issus de son activité de gestion d’actifs. Une valeur considérable devrait être débloquée en 2021-2022 suite au démarrage de son programme de désinvestissement”, ce qui est traditionnellement synonyme de plus-values dans le private equity.

GBL

Il y a une dizaine d’années, GBL ressemblait à un holding empâté avec un portefeuille de participations dans de grands groupes comme Engie et Total. La nomination en 2012 de Ian Gallienne en tant qu’administrateur délégué (puis CEO) a marqué un virage stratégique. Le gendre de feu Albert Frère a dynamisé le portefeuille avec des participations dans Adidas, Pernod Ricard ou SGS notamment. Le pôle private equity (18% du portefeuille) a aussi été développé en direct (Webhelp, Canyon Bicycles) et via Sienna Capital qui va désormais offrir des services de gestion pour tiers. Les participations historiques ont été réduites afin de réaliser de nouveaux investissements gérés bien plus activement (apport à la stratégie de l’entreprise). Assez logiquement, GBL s’est aussi tourné vers les investissements non cotés, en direct comme avec Webhelp et surtout via la plateforme d’investissement Sienna Capital. Kris Kippers recommande le titre à l’achat en raison de son importante décote de 32%, supérieure à la moyenne historique de 25%.

2. Les holdings peu diversifiés

Ackermans & van Haaren (AvH)

Acteur en vue sur le marché bruxellois, AvH détient essentiellement trois actifs: une participation de 62% dans le groupe de construction et de dragage CFE (31% du portefeuille) ainsi que les banques privées Delen et J. Van Breda (36%). Parmi les autres investissements importants, citons l’immobilier (17%), Sipef (4%) et le growth capital (9%), un segment du private equity en plein développement. Kris Kippers estime que le titre est pleinement valorisé avec une légère prime de 2%.

Bois Sauvage

United Belgian Chocolate Makers (Neuhaus, Jeff de Bruges), Recticel et Umicore représentent les trois quarts de son portefeuille. Et même près de 90% en y ajoutant le patrimoine immobilier. C’est donc un holding assez peu diversifié mais actif. Les analystes de Degroof Petercam recommandent toutefois le titre à l’achat tablant sur une réduction de sa décote de 29% à 22%. A noter que la décote moyenne des cinq dernières années est de 17%.

D’Ieteren

Le holding a entrepris une diversification en 2017 avec la revente de 40% de Belron, leader mondial de la réparation du vitrage automobile (Carglass, etc.). Après d’excellents résultats 2019 et 2020, Belron représente toutefois toujours 86% de la valorisation du portefeuille. Les autres actifs importants de D’Ieteren sont la distribution automobile (marques du groupe Volkswagen en Belgique) et le spécialiste des carnets haut de gamme Moleskine. Kris Kippers valorise le titre à 107,10 euros par action et estime que le réinvestissement de sa trésorerie pourrait permettre à D’Ieteren de poursuivre son ascension en Bourse.

FFP

Holding de la famille Peugeot, FFP reste assez dépendant de Stellantis (né de la fusion de PSA Peugeot Citroën et Fiat Chrysler). Le holding français s’est toutefois diversifiée ces 15 dernières années – en recourant notamment à l’endettement – et dispose de participations notamment dans Groupe SEB, Safran, Orpea, Tikehau Capital, Orpéa, LISI. Cet accent placé sur les sociétés cotées et la faible liquidité, Etablissements Peugeot Frères détenant 80% de FFP, ne font pas recette en Bourse. La décote atteint ainsi 49%. Joren Van Aken conseille le titre à l’achat et table sur un recul de la décote à 40%.

HAL Trust

Le principal actif de ce holding néerlandais est une participation de 76,7% dans Grandvision, leader mondial de la distribution d’optique (Pearle, GrandOptical, etc.). Elle représente 41% de son portefeuille contre 37% pour le pôle maritime (participations dans SBM Offshore, Vopak et Boskalis). HAL Trust a toutefois surtout été dans l’actualité pour sa participation dans CoolBlue, le site néerlandais de commerce en ligne qui envisage une introduction en Bourse. Ce gain est toutefois déjà intégré dans le cours et Joren Van Aken conseille de réduire les positions en raison d’une décote trop fiable de 12%.

Prosus

Nouveau venu depuis 2019 en Bourse, Prosus rassemble les investissements à l’international du groupe sud-africain Naspers (toujours principal actionnaire de Prosus à hauteur de 72,5%). Ce dernier avant eu l’excellente idée d’acquérir 46,5% de la société internet chinoise Tencent en 2001 pour 32 millions de dollars. Cette participation diluée à 31% vaut aujourd’hui 194 milliards d’euros, représentant 86% du portefeuille de Prosus. Ce dernier détient également des participations dans quantité d’autres sociétés numériques comme Delivery Hero, Mail.ru, Trip.com, mais aussi des fintechs, etc. Joren Van Aken recommande Prosus à l’achat en raison de son importante décote (34%), liée à l’importance de Tencent dans un contexte mitigé pour les géants numériques chinois.

Wendel

Le principal actif de ce holding français est une participation dans Bureau Veritas, spécialiste de la certification. Elle représente 46% de son portefeuille, le solde étant composé de participations dans cinq entreprises non cotées (IHS, Cromology, Stahl, CPI et Constantia Flexibles). La position de Joren Van Aken est à l’achat en raison de la décote importante par rapport à sa valeur intrinsèque de 167,6 euros par action.

3. Les monoholdings (une seule participation)

Solvac

Solvac est le holding de contrôle de Solvay dont il détient près de 31% du capital. “Aujourd’hui, nous estimons la décote à 23%, nous pensons qu’une décote de 25% est appropriée”, explique Kris Kippers. Intrinsèquement, une action Solvac vaut approximativement 1,52 action Solvay, soit 7 euros.

Financière de Tubize

Détenue majoritairement par la famille Janssen, la Financière de Tubize est l’actionnaire de contrôle d’UCB avec une participation de 35%. Joren Van Aken estime que le holding va utiliser sa flexibilité financière pour continuer à étoffer sa participation dans UCB. Sa décote est actuellement de 32%, inférieure à la moyenne historique de 39%, mais l’analyste de Degroof Petercam estime que ce monoholding reste intéressant au vu du potentiel d’UCB. Intrinsèquement, une action Financière de Tubize vaut environ 1,53 action UCB, soit 1 euro.

Heineken Holding

Ce monoholding détient 50,005% du capital du deuxième brasseur mondial et chacune de ses actions représente une action Heineken. Son principal atout est le rendement de dividende, Heineken Holding versant le même dividende que Heineken. Joren Van Aken estime toutefois la décote actuelle de 13% insuffisante.

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