Les “finfluenceurs” donnent de très mauvais conseils, mais sont très populaires… pourquoi ?

Un investisseur, image d'illustration. (Photo by JULIO CESAR AGUILAR/AFP via Getty Images)

Les influenceurs boursiers et financiers qui ont le plus de followers sur les réseaux sociaux sont ceux qui donnent les pires conseils. Les suivre vous fait perdre de l’argent. Comment les repère-t-on, et comment trouve-t-on un “bon” influenceur ?

Investir, c’est une des seules manières de garder son pouvoir d’achat, dit-on souvent. Mais tout le monde ne sait pas comment s’y prendre, et certains lorgnent vers les réseaux sociaux pour trouver des conseils et des astuces. Mais force est de constater qu’il est plus probable de tomber sur un “finfluenceur” (influenceur du domaine de la finance) qui vous fera perdre de l’argent que sur quelqu’un qui fera fructifier votre patrimoine.

C’est ce que montre une étude du Swiss Finance Institute. Sur X, anciennement Twitter, 56% de ces influenceurs donnent des conseils qui font perdre de l’argent ; une baisse de valeur de 2,3% par mois en moyenne. 28% d’entre eux seulement suggèrent des choses qui aboutissent sur un rendement positif. Les 16% restants ne permettent pas de créer de la valeur, mais ne font pas perdre de l’argent.

Problème, ces influenceurs qui donnent des mauvais conseils sont les plus suivis. Il est donc encore plus probable de tomber sur eux, comme les comptes avec beaucoup de followers génèrent plus d’interactions et sont donc mis en avant par les algorithmes (et plus ils gagnent de followers, etc.)

Pourquoi une telle popularité ?

Comment expliquer cette popularité malgré des conseils qui ne donnent pas de résultats positifs ? Les personnes sont attirées par des traits comportementaux, et car ces comptes débordent d’optimisme (ou de pessimisme).

“Suivre les conseils des finfluencers non compétents crée des croyances exagérément optimistes la plupart du temps puisque leurs tweets ont tendance à être bullish (optimistes, s’attendant à une hausse NDLR) sur la plupart des actions, et des croyances exagérément pessimistes une partie du temps lorsque leurs tweets ont tendance à être plus pessimistes que les tweets des influenceurs compétents”, peut-on lire dans l’étude, citée par Insider. “En outre, les sentiments exprimés sur les médias sociaux par les finfluencers non compétents sont très persistants et induisent de longues fluctuations dans l’ampleur du biais de croyance de leurs adeptes.”

Comment trouver les bons influenceurs ?

Mais tout ne serait pas à jeter, dans les conseils donnés par ces “mauvais” influenceurs. Si on ne les prend pas au premier degré, note l’étude. On peut en réalité parier contre eux – c’est-à-dire vendre ou ne pas acheter quand ils appellent à acheter, et acheter quand ils disent qu’il faut vendre. Cette stratégie amène un rendement de 1,2% par mois en moyenne, selon le Swiss Finance Institute.

Et autrement, comment faut-il s’y prendre pour déterminer s’il s’agit d’un mauvais ou d’un bon influenceur ? Le nombre de tweets publiés peut être un faux indicateur de compétence, selon le rapport. “Les utilisateurs qui tweetent plus souvent sont également plus susceptibles d’être trop confiants ou d’être des charlatans qui croient qu’un volume de tweets important est un gage de compétence”, analyse-t-il. On peut aussi ajouter que ceux qui mettent beaucoup en avant leur richesse (montres, voitures, etc.) se sont souvent déjà avérés être des fraudeurs.

Un nombre moins important de followers et des publications peut donc être un signe que cet influenceur a plus de compétences. Mais pas que. Ces comptes se distinguent aussi car ils suggèrent l’opposé de ceux qui manquent de compétences. Ces derniers ne font en fait que suivre la tendance du marché : optimistes quand les cours montent et pessimistes lorsque les cours baissent. Les “bons” finfluenceurs donnent ainsi des avis plus nuancés lorsqu’un titre gagne ou perd en valeur.

Quoi qu’il en soit, on peut ajouter qu’il est toujours bon conseil de ne pas suivre aveuglément ce que dit tel ou tel influenceur, et de vérifier sa recommandation avec ce que suggèrent les acteurs professionnels, dans les médias par exemple, pour avoir un deuxième avis.

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