Le service de mobilité interbancaire n’a plus la cote
De moins en moins de Belges ont recours au service de mobilité interbancaire. C’est ce qui ressort des chiffres de Febelfin, la fédération des institutions financières. “Depuis l’instauration des normes SEPA, changer de banque est devenu beaucoup plus compliqué”, dit Patrice Dutranoit de Bankshopper.be.
En 2016, 51.740 personnes ont utilisé le service de mobilité interbancaire automatique. En 2014, elles étaient encore 60.818 et même 69.565 en 2013. C’est une constatation étonnante, maintenant que de plus en plus de personnes souscrivent ou refinancent un crédit logement. Si on prend un crédit hypothécaire dans une autre banque que sa banque habituelle, on doit notamment transférer sa domiciliation de salaire.
Période | Nombre de demandes de changements de banque |
---|---|
2015 | 51.740 |
2014 | 60.818 |
2013 | 69.565 |
2012 | 68.809 |
2011 | 58.195 |
2010 | 41.053 |
Source: Febelfin
Normes SEPA
Si aucun changement n’intervient, le service de mobilité interbancaire est condamné
“Il y a cependant une explication logique à cela”, remarque Dutranoit. Selon lui, le phénomène a commencé depuis l’instauration de la domiciliation européenne en 2014, une partie des normes SEPA (Single Euro Payments Area). Ces normes devaient rendre la réalisation des paiements dans les pays participants plus facile et plus efficace. Cela a néanmoins eu un effet secondaire pervers pour les personnes qui désirent changer de banque via le service mobilité interbancaire. “Alors que les banques réglaient tout auparavant, le client doit maintenant tout faire lui-même”, dit Dutranoit.
Depuis l’instauration de SEPA, les banques ne prennent plus en charge que le transfert du salaire et des allocations de pension. Le consommateur doit lui-même répondre du transfert de ses ordres de paiement. “Un tel transfert s’accompagne d’un grand nombre de formalités”, explique Dutranoit. Selon lui, c’est la raison pour laquelle la majorité des personnes ne font plus appel au service de mobilité interbancaire. “Ils préfèrent dorénavant tout régler eux-mêmes. Cela explique aussi la tendance à la baisse, malgré le nombre croissant de nouveaux crédits logement.”
Réforme du service de mobilité interbancaire
Dutranoit soulève aussi un deuxième problème. “Nous recevons beaucoup de plaintes de personnes qui désirent transférer le paiement de leur pension d’une banque à l’autre.” La banque envoie alors une lettre à l’Office national des Pensions pour obtenir l’approbation. “Mais cela peut facilement prendre deux mois. C’est beaucoup trop long”, remarque Dutranoit.
C’est pourquoi Dutranoit plaide pour une réforme du service de mobilité interbancaire. “Nous devons retourner au système antérieur. Si aucun changement n’intervient, le service de mobilité interbancaire est condamné”, conclut-il.
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