Le Brexit ne devrait peser que d’une manière limitée sur les actions européennes
Le segment des fonds en actions exposés sur l’Europe continentale comporte plusieurs pépites qui devraient permettre d’atténuer les conséquences d’un Brexit dur.
Les incertitudes liées à l’élection présidentielle américaine commencent à s’estomper. Les regards des marchés se tournent désormais vers l’Europe, où menace le risque d’un Brexit dur. Même si le consensus penche pour une solution de dernière minute entre le Royaume-Uni et l’Union, les investisseurs en actions européennes pourraient envisager de se repositionner sur des fonds qui excluent les valeurs britanniques de leur univers. Il existe dans ce domaine plusieurs fonds attractifs, tous notés quatre ou cinq étoiles chez Morningstar. La grosse dizaine de produits qui constituent ce segment présentent des profils très diversifiés – certains sont orientés vers la value ou la croissance, d’autres visent davantage les moyennes capitalisations. Au niveau des résultats purs, celui qui se détache nettement est BlackRock BGF-Continental Europe Flex . Sa performance annualisée a dépassé 11% au cours de la dernière décennie et sa progression atteint 19% depuis le début de 2020.
Il existe aujourd’hui des raisons objectives d’être optimiste sur les perspectives à long terme des actions européennes.”
Ben Ritchie (Aberdeen Standard Investments),
Croissance européenne
BlackRock BGF-Continental Europe Flex est un mastodonte de près de 5 milliards d’euros noté cinq étoiles par Morningstar qui alloue une part importante des actifs sous gestion à la technologie ou à la croissance cyclique. “Suite au mouvement de vente du premier semestre, nous avons eu l’occasion d’acheter des leaders mondiaux à des niveaux très déprimés”, relate Giles Rothbarth, son gestionnaire. Parmi les principales positions de ce fonds se trouvent des noms tels que LVMH, ASML, Novo Nordisk, STM Microelectronics ou encore, Safran.
“L’Europe souffre traditionnellement de l’idée qu’il y a toujours quelque chose qui cloche, que ce soit au niveau de l’organisation politique, de la force du système bancaire ou des populismes, poursuit-il. Nous préférons nous intéresser aux entreprises de qualité relativement peu sensibles au contexte politique.” L’équipe de gestion suit avant tout l’évolution attendue des flux de trésorerie: “Sous l’angle de ce critère, nous avons en Europe des sociétés qui figurent parmi les meilleures du monde”, apprécie l’expert.
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Noté lui aussi cinq étoiles, Aberdeen Standard – Europe Equity Ex-UK propose un portefeuille plus concentré (autour d’une trentaine de valeurs) dont l’approche combine croissance et qualité. Thématiquement, le fonds est principalement exposé sur trois grandes tendances: la numérisation des industries (Amadeus, SAP, ASML, Edenred), l’évolution démographique (Roche, Novo Nordisk EssilorLuxottica, Amplifon) et les nouvelles habitudes de consommation (Nestlé, Kerry, Prosus, Ubisoft, Heineken). La consommation et la technologie représentent plus de 60% des actifs sous gestion.
Pour Ben Ritchie, head of European equities chez Aberdeen Standard Investments, il existe aujourd’hui des raisons objectives d’être optimiste à propos des perspectives à long terme des actions européennes, lesquelles devraient être en mesure de combler l’écart de performance par rapport, entre autres, aux actions américaines. “Nous ne pensons pas que le contexte économique soit très important pour les entreprises que nous cherchons à détenir en portefeuille, assure-t-il. En outre, dans un environnement de faible croissance économique, le marché est traditionnellement prêt à payer une prime plus importante pour les sociétés qui parviennent à dégager une croissance rapide, d’autant que le nombre de ces sociétés a plutôt eu tendance à diminuer durant la dernière décennie.” Ben Ritchie met en évidence trois sociétés qui font partie des moyennes capitalisations à forte croissance: “Nemetschek est un producteur de logiciels pour architectes dont le chiffre d’affaires devrait croître de 17% à 18% l’an jusqu’en 2022. Amplifon, dont la taille est trois fois plus importante que son plus proche concurrent sur le marché des appareils auditifs, profite du vieillissement de la population. Enfin, Campari a su lui aussi dynamiser sa croissance, grâce au succès remporté ces dernières années par Apérol.”
Les actions que nous détenons en Europe sont généralement des joueurs globaux, dont une partie limitée du chiffre d’affaires est réalisée au Royaume-Uni.”
Tom O’Hara (Janus Henderson)
Retour de la “value”
La question du choix entre stratégie de croissance et stratégie value fait toujours l’objet de débats passionnés. Si pour Ben Ritchie, le maintien d’une inflation basse accompagnée de taux obligataires faibles devrait permettre aux stratégies de croissance en Europe de continuer à surperformer, Tom O’Hara, gestionnaire du fonds Janus Henderson Continental European, considère pour sa part qu’avoir une exposition différenciée sur des valeurs plus cycliques fait aujourd’hui résolument sens. Il estime notamment qu’une régulation plus étroite des géants du secteur technologique et le retour de tensions inflationnistes durant la décennie qui s’annonce seront de nature à privilégier les secteurs européens particulièrement pénalisés ces derniers années. Avec ses quatre étoiles Morningstar, le produit de Janus Henderson est clairement le meilleur fonds value de cette catégorie. LafargeHolcim, UPM Kymmene, Autoliv ou Akzo Nobel comptent au nombre de ses principales positions.
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“Au travers de nombreuses chaînes d’approvisionnement, les stocks sont tombés à des niveaux extrêmement bas pour préserver les liquidités et traverser la crise, indique Tom O’Hara. Nous avons progressivement relevé notre exposition aux valeurs cycliques durant l’été, en optant, par exemple, pour des producteurs de voitures ou des valeurs bancaires. Nous pensons qu’au vu des décotes importantes qu’ils affichent, il est aujourd’hui temps de prendre ces segments en considération.” A plus long terme, Tom O’Hara estime que les meilleures opportunités en Europe se situent dans le développement des énergies renouvelables, que les groupes européens dominent de très loin. “Nous sommes également attirés par les secteurs de l’hydrogène, de la sécurité alimentaire ou de l’agriculture moderne (fermes verticales notamment, Ndlr), même s’il est actuellement difficile d’y être exposé en raison des valorisations très agressives”, indique l’expert. Quant au Brexit, Tom O’Hara estime qu’il ne devrait pas constituer un problème majeur pour les actions d’Europe continentale: “Les actions que nous détenons en Europe sont généralement des joueurs globaux, dont une partie limitée seulement du chiffre d’affaires est réalisée au Royaume- Uni. En dehors de quelques cas bien précis, les conséquences, pour le portefeuille pris dans son ensemble, seront donc relativement limitées”, conclut-il.
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