Le Brésil ne s’en sortira pas
À l’issue d’élections très serrées, Dilma Rousseff est finalement parvenue à être réélue à la Présidence du Brésil malgré un bilan catastrophique, la leader du Parti des Travailleurs ayant utilisé le même discours que notre PS local : sans moi, cela sera pire.
La peur du changement
Les importantes manifestations de l’année dernière et les sondages étaient unanimes : les brésiliens voulaient du changement. Finalement, ils ont offert la Présidence au Parti des Travailleurs pour la 4e fois consécutive et réélu Dilma Rousseff qui a coiffé son rival, Aecio Neves, sur le fil en jouant sur la peur du programme du candidat libéral. Avant le premier tour, la Présidente avait déjà exclu Marina Silva, gauche écologiste (mais préférable à Dilma Rousseff aux yeux des marchés), au premier tour en insistant sur ses erreurs de communication. Tant la population brésilienne que les marchés financiers devront donc attendre pour satisfaire leur besoin de changement. Au cours du premier mandat de Dilma Rousseff (2010-2014), le real brésilien a perdu 33% de sa valeur et la bourse brésilienne a plongé de 25%.
Des promesses intenables
Dilma Rousseff a multiplié les promesses pour décrocher son second mandat : s’attaquer au problème de la corruption qui gangrène son parti, doper l’économie qui est entrée en récession au premier semestre tout en limitant l’inflation, développer les programmes de redistribution sociale tout en ramenant le budget à l’équilibre. En résumé tout et son contraire. Cela lui a certes permis de décrocher les votes des zones plus défavorisées dans le Nord mais augmente également la pression quant à des mesures rapides si elle ne souhaite pas voir ses plans très rapidement compromis par une nouvelle chute du real (attisant l’inflation) et la dégradation dans la catégorie spéculative de ses obligations souveraines, les ratings de Moody’s et S&P étant au dernier cran de la catégorie “investissement”. Le principal problème est toutefois qu’elle a été élue sur des promesses qui vont à l’encontre de ce que les marchés attendent.
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