L’attitude des ménages belges face au risque financier

Nous avons pu lire récemment dans la presse que près de sept Belges sur dix ne veulent prendre aucun risque financier. Cette information est issue d’une enquête menée par la Banque Nationale de Belgique.

La BNB a sondé des ménages belges sur leur comportement financier à la mi-2010. Vu les turbulences que les marchés financiers ont connues depuis lors, on peut estimer que la situation s’est assombrie.

Conclusions de l’enquête

Concrètement, l’étude révèle que 70,7 % des Belges ne sont pas prêts à prendre des risques avec leurs économies. Elle ne précise pas comment ils procèdent, mais le constat ne laisse planer aucun doute. Les refuges n’ont rien d’étonnant. On fuit les actions et les fonds d’actions au profit de toutes sortes de comptes. Par ailleurs, on investit volontiers dans l’immobilier. Bon à savoir : l’appétance et l’aversion pour le risque sont liés au niveau de formation, au statut matrimonial, au fait d’être propriétaire ou non de sa maison et à une éventuelle activité professionnelle. Les moins qualifiés, les locataires, les isolés, les jeunes et les retraités tournent davantage le dos à la Bourse.

L’enquête permet également de tirer des leçons fiscales, puisqu’elle précise fondamentalement les caractéristiques du ” bon père de famille “. Et cette notion est particulièrement intéressante en termes d’impôts. Si l’on se comporte en bon père de famille, les revenus des investissements ne constituent pas des profits imposables. Des intérêts restent des intérêts, des dividendes restent des dividendes, et une plus-value exonérée d’impôts sur des actions reste exonérée d’impôt. Si l’on adopte un comportement spéculatif, le traitement fiscal change radicalement. On est subitement imposé à 33 % (revenus divers, plus centimes additionnels communaux). Et si l’on va encore plus loin, le taux d’imposition peut atteindre 50 % (revenus professionnels plus centimes additionnels communaux).

Personne ne s’y arrête, mais c’est logique. Il y a quelques mois encore, le fisc n’avait aucune idée de la manière dont les Belges géraient leur patrimoine privé. Certains investisseurs en profitaient pour s’adonner aux ventes à terme, aux transactions quotidiennes, aux investissements avec des fonds empruntés, etc. Le fisc estimait que tout le monde agissait dans les limites de la notion de bon père de famille. Les plus-values réalisées n’étaient pas imposées. Les intérêts et dividendes perçus étaient soumis au précompte mobilier libératoire.

Nouvelle source d’incertitude

Mais entre-temps, le précompte mobilier a perdu son caractère libératoire. De plus, les revenus mobiliers sont désormais signalés à un Point de contact. Le fisc a donc la possibilité de différencier les spéculateurs des épargnants. Un investisseur qui a agi de manière un peu trop enthousiaste aux yeux de son contrôleur sera soumis à un taux de 33 % (plus majoration d’impôts). Si la notion de bon père de famille est subjective, le fisc a libre jeu. Il s’agit donc d’une nouvelle source d’incertitude. Après le durcissement de la disposition anti-abus, une énième carte blanche est laissée au fisc pour cibler arbitrairement les investisseurs et les inquiéter. Il est vraiment temps que quelqu’un se lève pour apporter aux investisseurs la sérénité fiscale et juridique dont ils ont besoin. Que ceux qui s’en sentent le courage se lancent !

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