L’accès aux traitements de fertilité bientôt sous pression ?

Effectuer un parcours de fertilité pour devenir parents n’est pas qu’émotionnellement compliqué. Ces démarches engendrent également de nombreux coûts, dont seule une partie est remboursée par l’assurance maladie, sous certaines conditions.
Ce dimanche 11 mai, on célèbre la Fête des Mères. Ce jour-là, les mamans sont mises à l’honneur, tant au sens propre qu’au figuré. On oublie parfois combien cette journée peut être difficile pour les nombreux futurs parents dont le désir d’enfant ne se concrétise pas. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 17,5 % des adultes dans le monde rencontrent des problèmes de fertilité. Un tel parcours peut coûter cher, et seule une partie des frais est remboursée par l’assurance maladie obligatoire.
Insémination artificielle
La première étape d’un parcours de fertilité est généralement l’insémination artificielle, pour augmenter les chances de fécondation. Le sperme est introduit dans l’utérus de la femme à l’aide d’une petite pipette, au moment le plus favorable de son cycle. Le taux de grossesse par cycle se situe entre 10 et 15 %, selon le site de l’UZA (Hôpital Universitaire d’Anvers).
« L’assurance maladie obligatoire rembourse intégralement les frais de traitement du sperme ainsi que ceux de l’insémination », explique un porte-parole de la mutualité chrétienne CM. Cette procédure ne peut être facturée qu’une fois par cycle. Deux conditions sont requises pour le remboursement : « Le traitement du sperme doit être effectué dans un laboratoire spécifique par un médecin spécialisé en biologie clinique, ou par le gynécologue lui-même s’il dispose d’un laboratoire. Le gynécologue pratiquant l’insémination doit être affilié à un hôpital. »
Sperme de donneur
Si, pour une raison quelconque, on utilise du sperme de donneur, les frais d’achat et de conservation de celui-ci ne sont pas remboursés. L’achat n’est nécessaire qu’en cas de donneur anonyme. « Un échantillon coûte environ 500 euros », indique le site de la Fertility Clinic Brussel Sint-Jan. Le centre AZ Sint-Jan Brugge mentionne seulement « variable » pour le prix du sperme de donneur. La European Sperm Bank facture 810 euros hors TVA pour un échantillon des spermatozoïdes les plus mobiles, sans données sur le donneur. Avec données, il faut ajouter 200 euros hors TVA. Les frais de transport et de stockage au Danemark ne sont pas compris.
Une fécondation extra-utérine
Si six cycles d’insémination n’aboutissent pas, la prochaine étape est la fécondation in vitro (FIV). L’ovocyte est alors fécondé en dehors du corps. Une forme plus spécialisée de FIV est l’ICSI (injection intracytoplasmique de spermatozoïde), où un seul spermatozoïde est injecté dans un ovule à l’aide d’une micro-aiguille. Ensuite, l’ovule fécondé est replacé dans l’utérus. Le taux de réussite dépend de l’âge et du profil de la femme. Il est plus élevé chez les femmes de moins de 37 ans.
Selon un rapport du Collège pour la médecine reproductive cité par De Tijd, les taux de réussite varient fortement d’un centre à l’autre : entre 26 % et 62 %, avec une moyenne de 47 %.
« Sans assurance maladie belge, le coût d’un cycle de traitement de fertilité peut rapidement dépasser 5 000 à 6 000 euros »
Mutualité socialiste Solidaris
Le remboursement par l’assurance maladie est réservé aux femmes de moins de 43 ans. Récemment, Nawal Farih (cd&v) a plaidé à la Chambre pour prolonger ce remboursement jusqu’à 47 ans, à condition d’utiliser des ovules congelés précédemment. La loi belge interdit toute insémination ou implantation après 47 ans.
Avec l’assurance maladie, la contribution personnelle pour une FIV ou une ICSI est estimée entre 400 et 500 euros par cycle.
Combien les patientes paient-elles elles-mêmes ?
« On dit parfois qu’une FIV est gratuite, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Seuls les frais de laboratoire sont entièrement couverts », lit-on sur le site de l’hôpital Ziekenhuis Aan de Stroom (ZAS). Les patientes doivent encore payer les tickets modérateurs et le matériel : environ 125 euros pour une insémination, ou 500 euros pour une aspiration d’ovocyte et un transfert embryonnaire.
Il existe trois types de médicaments, chacun associé à un forfait de remboursement par cycle complet :
- 270 euros pour la stimulation ovarienne
- 99 euros pour le don d’ovocytes
- 920 euros pour la FIV
Par exemple, le ticket modérateur pour les médicaments de FIV s’élève à 54,90 euros, ou 36,64 euros pour les personnes à intervention majorée. Des assurances hospitalisation peuvent offrir un remboursement complémentaire.
Accessibilité
Selon Solidaris, les coûts ont fortement augmenté ces dernières années. « À terme, l’accessibilité à ces traitements risque d’être de plus en plus compromise. »
L’une des causes évoquées est le fait que de moins en moins de gynécologues ou spécialistes de la fertilité acceptent de pratiquer aux tarifs conventionnés, ce qui entraîne de plus en plus de suppléments. Les écarts de coût peuvent être très importants, en fonction du type d’examen ou traitement nécessaire selon le cas. Même d’un hôpital à l’autre, voire d’un médecin à l’autre, les tarifs peuvent varier.
De plus en plus de couples demandent des analyses génétiques (tests de portage, diagnostics préimplantatoires – PGT) pour éviter des maladies. Or seuls les patients présentant un risque élevé d’anomalie génétique grave ont droit à un remboursement.
Les tests sont couverts, mais des frais supplémentaires sont souvent demandés pour des aiguilles spécifiques ou le temps de travail des embryologistes. Solidaris estime que les patients doivent généralement ajouter environ 500 euros à leur charge, en plus du ticket modérateur et du remboursement pour un PGT.
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