La supercherie du risque politique en Bourse
Victoire du Brexit, de Donald Trump et du non au référendum italien. L’année 2016 a accouché de verdicts politiques qui devaient ébranler les marchés. Ces derniers ont pourtant ignoré, voire salué, le verdict des urnes.
Ce qu’il y a 6 mois devait être le pire cauchemar des marchés s’est mué depuis en “Trump rally”, une hausse qui a propulsé Wall Street à de nouveaux records. De la même façon, l’économie britannique ne s’est pas écroulée après la victoire du brexit, la croissance du PIB ayant même accéléré à 2,5% en rythme annualisé au cours du second semestre 2016. En Italie, le cours d’Unicredit, la plus grosse banque italienne, a bondi de 40% depuis le non au référendum qui menaçait la stabilité politico-financière de la botte dans un contexte de crise bancaire…
Moins pire que redouté
Selon Keith Parker de Barclays, “les marchés avaient redouté le pire scénario … comme le fait que Trump soit plus agressif en matière de protectionnisme”. La crainte du pire rend en quelque sorte la réalité meilleure. Le baromètre est à cet égard le secteur financier, par essence très sensible à la situation économique et politique d’un pays. Si on s’intéresse aux prévisions de bénéfices pour 2017, on constate qu’elles ont été le plus relevée en ce début d’année en Égypte (+20,7%), secouru par le Fonds monétaire international sur fond de crise économique et politique, ainsi que le Brésil (+12,4%), englué depuis plusieurs années dans une longue récession et un vaste scandale de corruption.
Marine Le Pen n’inquiète plus
Reste que comme toute logique, elle a ses limites. On peut ainsi souligner que les analystes ne s’inquiètent guère de l’impact d’une victoire possible de Marine Le Pen (ou Jean-Luc Mélenchon de l’autre côté de l’échiquier politique), ayant relevé leurs prévisions de bénéfices pour les banques d’Europe occidentale de 6% depuis le début de l’année. De la même façon, la politique protectionniste de Donald Trump n’inquiète plus les marchés qui plébiscitent même les entreprises les plus exposées comme Apple qui conçoit aux États-Unis, produit en Asie et vend dans le monde entier.
Excès de complaisance…
Les investisseurs se raccrochent aux discours moins agressifs du Président des États-Unis, oubliant la position bien plus ferme des États-Unis au dernier rassemblement du G20 ou le fait que le commerce mondial est déjà sur le déclin (par rapport à son poids dans le PIB) depuis 2011. Selon la Banque mondiale, le degré d’ouverture des pays du globe a atteint un pic en 2008 et recule depuis. Plus que la politique, le principal risque guettant les investisseurs est sans doute la complaisance comme le soulignait récemment le Prix Nobel Robert Shiller !
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