La proposition du salaire minimum de Paul Magnette et le danger du nivellement par le bas

Le président du PS a fait grand bruit en voulant relever le salaire minimum à 2.800 euros bruts, plutôt que les 2.000 euros actuels. Outre la faisabilité se pose la question des conséquences d’une telle mesure sur les autres salaires, singulièrement celui des jeunes.

Le pouvoir d’achat sera à nouveau le thème central des prochaines élections. Et un élément en particulier est visé tant par le MR que par le PS : augmenter l’écart de revenu entre une personne qui travaille et une personne qui ne travaille pas.

Georges-Louis Bouchez (MR) veut augmenter cet écart en exerçant une pression par le bas, par exemple avec la limitation à deux ans des indemnités de chômage. Paul Magnette dit lui vouloir agrandir cet écart par le haut, en relevant le salaire minimum brut, à charge des employeurs, donc.

Hiérarchie des salaires

Parmi les effets pervers de la proposition du président du PS, Philippe Defeyt explique à Trends Canal Z qu’une hausse trop importante peut créer un nivellement par le bas. Comment ? L’économiste cite l’exemple français du SMIC, qui est indexé automatiquement au contraire des autres salaires, de sorte que les deux rémunérations se rapprochent.

“Le problème, en France, c’est que de plus en plus de salaires et de salariés se collent autour du salaire minimum. Cela pose alors des questions de hiérarchie des salaires. Et notamment la réaction possible de personnes qui ont fait des études qui verraient que l’écart entre ce qu’elles gagnent et ce que quelqu’un gagne au salaire minimum est de plus en plus restreint”, alerte Philippe Defeyt.

Les starters au niveau du salaire minimum

La 30^e Étude Salariale Générique de RH Hudson, une filiale de Randstad, vient justement illustrer cette problématique ce vendredi matin. Elle montre que le salaire des jeunes a augmenté de 17% (!) en deux ans. C’est une bonne nouvelle pour eux, une moins bonne pour les employeurs.

Mais la subtilité est ailleurs : le salaire médian des starters titulaires d’un bachelier est de 2.820 euros bruts par mois, en Belgique. Tiens, tiens, au niveau du salaire minimum proposé par Paul Magnette. Celui des starters titulaires d’un master est un peu plus élevé.

L’effet pervers devient tout à fait clair : pourquoi s’embêter à faire des études supérieures si c’est pour toucher le même salaire qu’un travailleur non diplômé?