La diplomatie pétrolière en marche ?
Surmontant toutes leurs différences actuelles, la Russie et l’Arabie Saoudite ont convenu à Doha de geler leur production de brut, un premier pas selon le Ministre saoudien du pétrole. En 1998-1999, les principaux producteurs de brut s’étaient déjà entendus pour réduire l’offre avec comme conséquence un rebond du prix du baril de 10 à 140 dollars en moins d’une décennie.
Un déséquilibre moins prononcé
Les rumeurs de rencontre entre l’Arabie Saoudite et la Russie bruissent depuis plusieurs mois sur les marchés. Les deux principaux mondiaux de brut, ainsi que le Qatar et le Venezuela, ont ainsi convenu de geler leur production. Cela n’a pas véritablement rassuré les investisseurs qui espéraient une réduction pour rééquilibrer l’offre et la demande, voire l’engagement de l’Iran et de l’Irak, deux pays en train de relancer leur production pétrolière à plein régime. Ali al-Naimi, Ministre saoudien du pétrole, a toutefois précisé que cette décision marquait “le début d’un processus”. Les spécialistes épinglent que de nouvelles mesures (baisse de la production, engagement de l’Iran) pourraient être négociées en toute discrétion à l’image de 1998-1999 quand l’OPEP, la Norvège, le Mexique, la Russie et d’autres plus petits producteurs avaient réduit leurs quotas de production de 4,7 millions de barils par jour (mb/j) en un an. À titre de comparaison, l’Agence internationale de l’Énergie évalue la surcapacité de production actuelle à 1,75 mb/j.
Vives tensions géopolitiques
Malheureusement pour le secteur pétrolier et heureusement pour les nombreux consommateurs, atteindre un accord ambitieux apparait être beaucoup plus compliqué qu’il y a près de 2 décennies. L’Arabie Saoudite et la Russie s’affrontent indirectement dans la guerre en Syrie. De plus, les tensions entre l’Iran (chiite) et l’Arabie Saoudite (sunnite) sont extrêmement vives. La réalisation effective d’une réduction de la production semble encore plus compliquée. Les pays de l’OPEP ont pris pour habitude de dépasser leur quota et la Russie peut difficilement réduire substantiellement sa production. Sa contribution fut ainsi déjà modeste en 1998-1999, la mise à l’arrêt de ses importants gisements en Sibérie n’étant pas sans risque : le froid extrême peut endommager irrémédiablement les installations.
La menace du pétrole de schiste
La principale crainte de l’OPEP est toutefois de relancer le boum du pétrole de schiste. Pas moins de 4000 puits forés aux États-Unis n’attendent qu’un rebond des cours à au moins 50 dollars le baril pour entrer en production, au risque de déséquilibrer durablement le marché – les spécialistes du pétrole de schiste couvrent le prix de vente de leur production future via des instruments financiers. Dans un tel cas, l’OPEP et la Russie perdraient des parts de marché mais sans améliorer durablement le prix du brut.
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