Investissement pour entreprises: comment rentabiliser le cash
Les PME et les indépendants dont les comptes d’épargne ne rapportent quasi plus rien sont de plus en plus nombreux à explorer de nouveaux placements pour rentabiliser leurs liquidités excédentaires, qu’ils soient défensifs ou dynamiques. Rappel des principales pistes à défricher…
On l’a assez répété: les intérêts restant proches de zéro, l’épargne ne rapporte pour ainsi dire plus rien. Les privés doivent se contenter du minimum légal de 0,11%. Quant aux carnets d’épargne des entreprises, ils ne sont liés par aucune obligation. La plupart des banques leur offrent donc un intérêt quasi nul, voire négatif.
Voilà pourquoi de nombreux indépendants et PME disposant de cash excédentaire cherchent des alternatives pour générer malgré tout un peu de rendement. Selon un sondage d’Axa Banque, une entreprise sur deux se dit prête à investir. Mais attention: il ne faut pas oublier que les montants ainsi transférés sont souvent bloqués pour un bon moment. “A l’entreprise d’estimer la somme dont elle peut se passer pendant cinq à dix ans”, rappellent les experts de BNP Paribas Fortis. Autre point important: la définition du profil de risque. Quels risques l’entreprise est-elle disposée à prendre? Elle a des responsabilités, vis-à-vis de son personnel notamment.” Celle qui a besoin de ses réserves de liquidités ferait donc mieux de postposer son investissement. Pour les autres, les solutions ci-dessous méritent sans doute d’être explorées.
A l’entreprise d’estimer la somme dont elle peut se passer pendant cinq à dix ans.
1. Compte à terme
Vous fixez vous-même la durée du compte à terme. Vous bénéficiez d’un intérêt préalablement convenu, fixe pour toute la durée. L’intérêt dépend évidemment de la durée et de l’importance de la somme placée. Avantage majeur: ce type de compte n’implique aucun frais, à moins que le montant ne soit réclamé avant l’échéance. Attention, les banques sont obligées de retenir un précompte mobilier de 30% sur les intérêts.
2. Branche 26
Les produits de la branche 26 sont comparables à ceux de la branche 21: rendement garanti et participation au bénéfice. Mais contrairement à un produit de la branche 21, son équivalent de la branche 26 n’est pas une assurance-vie mais un contrat de capitalisation. Il n’y a en effet ni assuré, ni bénéficiaire en cas de décès. Vous ne payez donc pas de taxe de 2% sur les primes, ce qui est le cas pour l’assurance de la branche 21. Par contre, vous devez assumer un précompte mobilier de 30% sur le rendement.
Les produits de la branche 26 ont une durée de 8 à 10 ans. La plupart des banques réclament une prime d’entrée. Dans le cas du Business Invest Plan de BNP Paribas Fortis, par exemple, elle s’élève à 3% de la prime unique investie nette si la somme investie est inférieure à 100.000 euros, ou à 2,75% si elle est supérieure ou égale à 100.000 euros. Certaines banques facturent en outre des frais de sortie et une indemnité de rachat.
Avec leur rendement garanti, les produits de la branche 26 constituent un investissement relativement sûr. Ils ne bénéficient toutefois pas de la garantie de dépôt de 100.000 euros par client, contrairement aux assurances de la branche 21.
3. Mandats de gestion
Les entreprises qui disposent de réserves de liquidités plus importantes peuvent opter pour un mandat de gestion, une formule proposée par Belfius notamment pour un dépôt de 250.000 euros. Vous avez le choix entre six stratégies: de très défensive (100% d’obligations) à très dynamique (100% d’actions). Il n’y a ni frais d’entrée, ni frais de sortie. Vous devrez toutefois acquitter des frais de gestion de 0,4%, la TVA sur la valeur du portefeuille d’investissement et d’éventuels frais de transaction.
Pour ceux qui jugent la formule trop risquée, Belfius a créé le Belfius Business Portfolio Advanced, un mandat de gestion qui prévoit seulement trois profils de risque mais limite la baisse des cours.
4. Fonds d’investissement
La plupart des banques proposent évidemment aussi des fonds d’investissements. Les entrepreneurs qui souhaitent prendre un minimum de risques souscrivent de préférence un fonds obligataire défensif. Il est également possible d’investir directement en obligations. Belfius propose par exemple une obligation assortie d’un remboursement progressif du capital et de plusieurs échéances pour mieux correspondre au profil de l’entreprise.
On rappellera aussi l’existence de fonds spécialisés. Les produits stratégiques de BNP Paribas Fortis offrent une diversification internationale et s’orientent vers des marchés habituellement moins aisément accessibles, par exemple les marchés émergents. Des enseignes comme Triodos et Axa Banque ont aussi instauré des fonds d’impact ; l’argent est alors investi uniquement dans des produits durables, dont le portefeuille est composé d’actions et d’obligations d’entreprises qui participent positivement à la société. De nombreuses banques proposent en outre des fonds thématiques, comme des corbeilles d’actifs spécialisés dans le secteur pharmaceutique ou alimentaire. Rappelons que ces fonds sont potentiellement plus risqués, puisqu’un avis négatif sur l’une ou l’autre des entreprises d’un secteur peut avoir une influence réelle sur la santé boursière dudit secteur.
Enfin, il existe la sicav RDT (revenus définitivement taxés), une sicav qui redistribue 90% des revenus annuels sous forme de dividendes. Ces fonds sont fiscalement intéressants pour les entreprises étant donné la non-imposition de la plus-value sur les actions – la moins-value n’est pas déductible. “Depuis la réforme de l’impôt des sociétés de 2018, les actifs de ce type de fonds ont augmenté de 1 à 5 milliards”, explique Xavier Gys, head of invest chez Axa Banque.
Attention, ces sicav RDT investissent exclusivement en actions, d’où un risque accru. “Il existe des solutions pour les entrepreneurs frileux, note toutefois Xavier Gys. Axa Banque propose des portefeuilles modèles dont les fonds RDT ne représentent qu’une petite partie. Ce qui permet à l’entrepreneur de ne pas investir tout son argent dans un fonds actionnaire tout en bénéficiant malgré tout d’un avantage fiscal.”
5. “Tax shelter”
Enfin, les entreprises que le risque n’effraie pas et qui sont intéressées par l’industrie belge du cinéma et du théâtre opteront plutôt pour le tax shelter, via notamment le fonds Film Finance de BNP Paribas Fortis ou celui de Belfius, qui collabore avec Casa Kafka Pictures.
Le capital investi rapporte, au terme d’un délai de 18 mois maximum, un rendement maximum fixé par la loi à “Euribor 12 mois + 4,5%”. Euribor est le taux d’intérêt moyen auquel un grand nombre de banques de la zone euro se consentent des prêts. Tout investissement dans une formule de tax shelter bénéficie d’une exonération fiscale de 421% (exercice d’imposition 2021). Le rendement fiscal ne devient effectif que si l’entreprise est bénéficiaire et soumise à l’imposition.
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