Investir: qui sont ces Belges qui osent franchir le pas? Et dans quoi?

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Ce sont surtout les jeunes et les femmes qui font croître le nombre d’investisseurs en Belgique. Et on peut s’attendre à ce que cette tendance se prolonge à l’avenir. Ces nouveaux acteurs misent notamment sur les ETF. Analyse avec Jérôme Folcque et Yoni Jennes de BlackRock.

Comment les Belges investissent-ils? Quelles sommes? Pourquoi investissent-ils, ou pourquoi ne le font-ils pas? Quelles sont leurs craintes? Que recherchent-ils? Voilà des questions qui reviennent régulièrement, et dont les réponses changent au fil du temps. Elles peuvent toujours être des pistes pour des investisseurs qui se demandent s’ils sont sur la bonne voie, et qui veulent voir ce que font leurs compatriotes.

C’est dans cette optique que le gestionnaire d’actifs BlackRock a organisé une table ronde, pour présenter le résultat de deux études sur le sujet. La première étude date du début de l’été et a été faite avec Opinion Way, et la deuxième est publiée cette semaine et a été faite en collaboration avec YouGov.

Investir: une histoire de recherche de sérénité financière

“Il y a notamment trois enseignements qu’on peut tirer de l’étude”, nous explique Jérôme Folcque, Co-Head Wealth Belgium & Luxembourg chez BlackRock. “Le premier, c’est que la population est consciente du rôle de l’épargne dans la construction de leur avenir financier. Le deuxième, c’est qu’il y a un réel appétit pour investir, notamment auprès des jeunes. Et le troisième, c’est qu’il demeure encore des freins qui empêchent les Belges d’investir.”

Pour 65% des Belges, disposer d’une épargne de précaution est par exemple un moyen important pour assurer leur sérénité financière ; encore plus dans le contexte actuel de hausse des prix. Le montant de cette épargne de précaution peut varier : certains pensent qu’elle doit couvrir un trimestre de besoins, d’autres un an ou plus. Mais le fait de l’avoir est plus important pour les Belges, pour assurer leur sérénité financière, qu’avoir une pension, que voir son épargne croître régulièrement, qu’avoir un travail avec des revenus stables et qu’être propriétaire de son logement.

Mais tous les Belges n’investissent pas pour composer cette épargne et atteindre la sérénité. 37% seulement placent leur argent. Mais 60% indiquent avoir déjà investi ou être prêt à le faire (et 75% des jeunes veulent investir). Les freins, au-delà d’éléments de conjoncture et d’aspects plus personnels, sont avant tout la peur de tout perdre. Puis le sentiment que les produits sont trop complexes et de ne pas comprendre comment s’y prendre. Par exemple quand il faut investir, ou à quel niveau du cycle de l’inflation on se trouve et ce que cela veut dire pour l’investissement.

Chez les femmes, ces craintes sont beaucoup plus prononcées que chez les hommes (71% des femmes versus 55% des hommes estiment qu’il est difficile d’investir). Et nombre d’entre elles pensent qu’il faut une plus grande quantité d’argent de côté avant de commencer à investir (16.000 euros environ). Ce chiffre est moins élevé chez les hommes: 11.000 euros. Les femmes ont statistiquement une carrière plus morcelée et un salaire et une pension moins élevée : il serait donc encore plus important d’investir pour arriver à la sérénité financière.

“Cela nous montre que l’éducation financière et la démystification sont très importantes”, résume Folcque. “Les freins à l’investissement désignent en creux autant de leviers pour faciliter l’accès à l’investissement : 76% des Belges déclarent qu’une solution d’investissement facile à comprendre pourrait les inciter à placer de l’argent, 75% d’entre eux seraient poussés à investir par une solution au fonctionnement simple et 62% par un investissement réalisable en ligne. La gestion en ligne de son investissement est une opportunité qui attire plus particulièrement les plus jeunes”, peut-on également lire dans l’étude.

Les ETF et la croissance des nouveaux investisseurs

La deuxième étude se penche plus particulièrement sur les jeunes investisseurs et les femmes. Ces deux cohortes sont d’ailleurs les moteurs de la croissance du nombre d’investisseurs en Europe et en Belgique. Et cette tendance devrait continuer à augmenter à l’avenir. “Le nombre de femmes belges qui investissent a, par exemple, augmenté de 10% en deux ans. Sur les 12 mois à venir, 16% de la population veulent franchir le pas, contre 33% des Belges qui investissent déjà. La moitié d’entre ces personnes qui s’apprêtent à placer leur argent sont des jeunes de 18 à 34 ans, et 46% sont des femmes”, nous détaille Yoni Jennes, Co-Head Wealth Belgium & Luxembourg chez BlackRock. A tel point que les banques et autres institutions financières réfléchissent à élaborer des campagnes de communication pour viser les femmes en particulier.

Et parmi ces nouveaux investisseurs, le produit phare est l’ETF, ou fonds négociés en bourse. 500.000 Belges investissent aujourd’hui dans des ETF, et dans un an, ils devraient être 200.000 de plus. Plus de la moitié des personnes qui misent sur les ETF sont d’ailleurs de nouveaux investisseurs. Et 67% des jeunes de 18 à 34 ans ont des ETF dans leur portefeuille (contre 75% en Europe).

La croissance de la demande pour les ETF se fait notamment sur les plateformes digitales, comme les applications de trading ou autres (deux tiers des investisseurs belges les achètent en ligne), mais aussi auprès des banques et assurances ; il y a trois ans, une première assurance a ajouté un ETF à sa branche 23, mais aujourd’hui, toutes les compagnies les proposent. “Et la croissance va encore s’accélérer. Chez les jeunes, il n’y a pas un sentiment de ne pas avoir assez d’argent pour investir, mais un sentiment de ne pas assez s’y connaître”, poursuit Jennes. Mais l’intérêt grandit, et avec lui les jeunes se forment davantage à la chose. En Allemagne par exemple, 1,9 million de personnes investissaient dans des ETF via des versements récurrents, en 2020. En 2026, il devrait déjà y avoir 20 millions d’investisseurs.

Les ETF qui suivent des indices d’actions diversifiés à l’échelle mondiale, tels que l’indice MSCI World, sont parmi les ETF les plus populaires auprès des investisseurs individuels en Belgique et Europe. Mais les ETF qui reprennent des obligations deviennent aussi de plus en plus populaires, au fur et à mesure qu’ils deviennent plus précis (couvrant jusqu’à la dette publique d’un marché émergent en particulier, par exemple). Les deux experts nous expliquent qu’acheter une obligation sur le marché est souvent compliqué pour un petit investisseur (à part pour le fameux bon d’Etat belge), car il faut investir par tranches très élevées. Un ETF permet de s’y exposer à petit prix. Et l’offre de produits différents devrait encore largement augmenter.

“On en revient aux principes clés de l’investissement”, reprend Folcque, “c’est la diversification. C’est beaucoup plus simple avec un ETF. Ils facilitent l’accès aux investissements, et donc à la sérénité financière.”

Les fonds indiciels cotés en continu répliquent la performance d’un indice. Simples à appréhender, ils sont également peu chargés en frais et permettent d’investir sur le long terme dans de nombreux secteurs de l’économie. Par exemple, investir un ETF diversifié, répliquant la performance du MSCI World, donne une exposition à plus de 1500 entreprises à travers 23 pays.

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