Avoir un complément de revenus : quelles options et quels points d’attention ?
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Avec la crise économique actuelle et la baisse du pouvoir d’achat qui en découle, de nombreux Belges recherchent de quelle manière ils pourront augmenter leurs revenus. Que vous soyez salarié, indépendant, étudiant ou encore retraité, plusieurs options s’offrent à vous.
Geert Vermeir (SD Worx) et Nico Dieltjens (Xerius), tous deux conseillers juridiques, exposent les principaux enjeux de cette augmentation de revenus, car il ne faut pas oublier qu’« au-delà d’un certain seuil, ces revenus deviennent imposables. »
1. Flexi-jobs : le moyen le plus populaire de compléter ses revenus
Les flexi-jobs se sont fortement développés ces dernières années et rencontrent un succès considérable, notamment dans l’horeca, le commerce de détail et le secteur du nettoyage. La raison ? « Les flexi-jobs permettent de gagner un revenu supplémentaire, mais d’une manière fiscalement avantageuse, sans être soumis à l’impôt ou aux cotisations sociales », explique Geert Vermeir, responsable du centre de connaissances juridiques chez SD Worx. « À condition, bien entendu, de respecter les limites imposées. »
Toute personne travaillant au moins à 4/5e en tant que salarié ou fonctionnaire peut exercer une flexi-job. Les retraités y ont également accès. « Un salarié peut parfaitement occuper un emploi à temps plein et exercer un flexi-job en parallèle. C’est précisément l’objectif de ce dispositif. »
À l’heure actuelle, un plafond annuel de 12.000 euros s’applique aux non-retraités (le nouvel accord de gouvernement prévoit toutefois une extension des flexi-jobs à tous les secteurs, avec une augmentation du plafond à 18.000 euros par an). «Il est désormais possible de consulter le récapitulatif de ses revenus, provenant de flexi-jobs, sur le site mycareer.be. Si vous dépassez 12.000 euros de revenus annuels, l’excédent sera imposable. »
Pour les retraités, les règles sont différentes. « Ils peuvent percevoir un revenu illimité via un flexi-job, sauf s’ils n’ont pas encore atteint l’âge légal de la pension et ont travaillé moins de 45 ans. Dans ce cas, le plafond est fixé à 7.876 euros par an. Tout dépassement entraîne une réduction du montant de la pension. »
Enfin, un autre élément doit être pris en compte : les barèmes salariaux. « Depuis peu, la rémunération issue d’un flexi-job ne peut excéder 150 % du barème sectoriel applicable », avertit Vermeir. « Le gouvernement De Wever envisage cependant de relever ce plafond. »
2. L’économie collaborative : un cadre fiscal avantageux, mais sous conditions
L’économie collaborative repose sur un système où des particuliers offrent des services via des plateformes agréées par les autorités (une liste complète est disponible sur le site du Service Public Fédéral Finances). Les opportunités sont variées et couvrent de nombreux domaines tels que l’hébergement, le soutien linguistique, les services de transport, la culture et l’IT. « Ce cadre fiscal est moins connu des employeurs », reconnaît Geert Vermeir. « Une partie des revenus générés n’est pas imposable. »
Pour l’exercice fiscal 2025, le montant exonéré d’impôt est fixé à 10.570 euros, sans limites d’heures travaillées.
Les activités exercées dans le cadre de l’économie collaborative sont nombreuses : cours particuliers en mathématiques, garde d’animaux, baby-sitting, jardinage ou petits travaux. « Le client effectue le paiement via la plateforme en ligne, qui reverse ensuite le montant à l’intervenant après déduction automatique d’un précompte professionnel de 10 %. »
Ce dispositif s’avère particulièrement intéressant pour les étudiants, car il ne prend pas en compte les heures déjà travaillées dans le cadre d’un job étudiant. « Les indépendants doivent cependant être vigilants », prévient Nico Dieltjens, coordinateur chez Xerius. « Un jardinier indépendant, par exemple, ne peut pas proposer ses services via une plateforme d’économie collaborative. »
3. Étudiant-indépendant : un statut encadré et avantageux
Les étudiants, souhaitant lancer leur propre activité, peuvent, sous certaines conditions, bénéficier du statut d’étudiant-indépendant. « En tant que caisse d’assurances sociales, nous évaluons si un étudiant remplit bien les critères pour obtenir ce statut », explique Nico Dieltjens. « Les autorités nous imposent de vérifier le respect des conditions légales. Ce statut est accessible jusqu’au troisième trimestre de l’année où l’étudiant atteint 25 ans. »
Pour en bénéficier, l’étudiant doit être inscrit dans l’enseignement supérieur et suivre au moins 27 crédits par an ou un minimum de 17 heures de cours par semaine. « Chaque année, nous contrôlons si l’étudiant satisfait toujours à ces critères », souligne Dieltjens.
L’étudiant-indépendant peut cumuler cette activité avec d’autres formes d’emploi, mais dans certaines limites cependant. « Nous examinons principalement s’il bénéficie déjà d’un autre statut qui lui permet d’acquérir des droits sociaux propres », précise Xerius. Par exemple, un étudiant travaillant à mi-temps en tant que salarié ou percevant un revenu de remplacement soumis à l’ONSS perd le bénéfice du statut d’étudiant-indépendant. « Certains étudiants parviennent à cumuler un emploi salarié à mi-temps avec leurs études. Comment ils y arrivent, je l’ignore, mais cela peut avoir des conséquences sur leur statut », ajoute Dieltjens.
Les étudiants qui se lancent en tant qu’indépendants privilégient souvent des secteurs spécifiques. « Nous constatons que beaucoup d’entre eux travaillent dans l’entreprise familiale », note Dieltjens. « Un exemple classique est celui d’un étudiant qui aide dans l’épicerie de ses parents. »
Si l’entreprise est une entreprise individuelle, l’étudiant est alors considéré comme un aidant occasionnel et n’est pas obligé de s’affilier en tant qu’indépendant. En revanche, si l’activité s’exerce au sein d’une société, l’étudiant doit obligatoirement s’inscrire en tant qu’indépendant et obtenir un numéro d’entreprise.
L’un des principaux avantages de ce statut réside dans les seuils d’exonération élevés. « Un étudiant-indépendant qui perçoit moins de 8.500 euros de revenus nets imposables par an ne paie aucune cotisation sociale », précise Dieltjens. Pour des revenus nets imposables compris entre 8.500 et 17.000 euros, un taux réduit de cotisation (20,5 %) s’applique. Au-delà de 17.000 euros, les cotisations sociales sont identiques à celles d’un indépendant classique. « De plus, l’étudiant-indépendant peut déduire certaines charges, ce qui rend ce statut fiscalement attractif. »
4. Travail associatif : un cadre spécifique et restreint
Le travail associatif permet d’exercer une activité rémunérée dans certains secteurs spécifiques, tels que les clubs sportifs et les organisations culturelles. « Il s’agit, par exemple, des entraîneurs et arbitres dans un club de sport ou des enseignants dans une académie d’art », explique Geert Vermeir. « Toutefois, ce système ne s’applique pas à tout le monde. Un employeur classique ne peut pas en bénéficier. »
Bien que le travail associatif soit moins répandu que les flexi-jobs en termes absolus, il représente une option intéressante pour ceux qui souhaitent s’investir dans le secteur non-marchand. Ce dispositif est ouvert aux travailleurs salariés (travaillant au moins à 4/5e), aux indépendants, aux étudiants et aux retraités. « Ces activités ne permettent pas d’acquérir des droits sociaux propres, et elles n’ont donc aucun impact sur le statut d’étudiant-indépendant », précise Nico Dieltjens.
Le travail associatif est limité à 300 heures par an pour les activités du secteur socioculturel et à 450 heures pour celles du secteur sportif.
Pouvez-vous cumuler des revenus supplémentaires ?
Tous les travailleurs ne sont pas autorisés à exercer une activité complémentaire en toute liberté. « Dans de nombreuses entreprises, le contrat de travail impose de demander une autorisation ou au minimum d’informer le service des ressources humaines », souligne Geert Vermeir. Les employeurs cherchent en effet à éviter que leurs salariés travaillent pour un concurrent. « Par exemple, si vous êtes comptable du lundi au vendredi et que vous souhaitez travailler comme jardinier le week-end, votre employeur ne pourra normalement pas s’y opposer.», illustre Vermeir.Un employeur ne peut toutefois pas interdire une activité complémentaire. « Une clause d’exclusivité n’est valable que si elle repose sur une raison légitime et juridiquement fondée, comme la prévention des conflits d’intérêts ou des risques en matière de sécurité. »
Cumuler plusieurs emplois implique néanmoins quelques précautions fiscales. « Si vous travaillez à temps plein et occupez en parallèle un emploi le week-end, chaque employeur calculera séparément le précompte professionnel, sans tenir compte de votre revenu total, car il l’ignore », explique Geert Vermeir. « À la fin de l’année, le fisc additionne tous les revenus et vous pouvez être amené à payer un supplément d’impôt. »
C’est pourquoi les flexi-jobs sont souvent considérés comme plus avantageux sur le plan fiscal. « Un flexi-job reste exonéré d’impôt dans les limites fixées, ce qui peut avoir un impact significatif sur le revenu net disponible. »
Cumuler un revenu et une allocation sociale : vigilance accrue
Les personnes percevant une allocation sociale, comme une indemnité de chômage ou une prestation pour maladie, sont soumises à des règles strictes en matière de revenus complémentaires. « En principe, un demandeur d’emploi ne peut pas cumuler son allocation avec une activité rémunérée, sauf exception, par exemple dans le cadre d’un bénévolat approuvé par l’ONEM », met en garde Geert Vermeir.Les bénéficiaires d’une indemnité pour incapacité de travail doivent également être très prudents. « Dans certains cas, une activité professionnelle peut favoriser la réinsertion, mais il est impératif d’obtenir l’accord préalable de la mutuelle pour éviter la suspension des allocations. »
Les règles diffèrent pour les retraités. « Un revenu complémentaire est possible, mais ceux qui n’ont pas encore atteint l’âge légal de la pension ou qui ont travaillé moins de 45 ans s’exposent à une réduction de leur pension s’ils dépassent les plafonds autorisés. »
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