Hype de l’IA en bourse : “la réalité va rattraper les investisseurs”

C’est sur des modèles tels qu’OpenAI que les petits acteurs belges s’appuyent principalement, les rendant potentiellement fragiles. © Getty Images

Depuis plus d’un an, la hype autour de l’IA soutient les marchés boursiers mondiaux. Mais est-ce que les fondamentaux y sont ? Les investisseurs qui suivent cette tendance pourraient, tôt ou tard, être rattrapés par la réalité, selon certains observateurs.

La semaine dernière, le Financial Times a publié une interview très intéressante de Rob Arnott. Il est peu connu en Europe, mais aux États-Unis, Arnott est l’un des “sages” les plus réputés dans le domaine de l’investissement.

Il critique plusieurs évolutions récentes des marchés boursiers, notamment la hype autour de l’IA. Les investisseurs se laissent trop emporter par l’histoire de l’IA et ne prêtent pas suffisamment attention aux fondamentaux. Si vous souhaitez en savoir plus sur l’importance de cette dichotomie pour les investisseurs, je vous recommande le livre Narrative & Numbers d’Aswath Damodaran.

Les similitudes avec la bulle Internet de la fin des années 1990 sont stupéfiantes. Il donne l’exemple de Qualcomm, le fabricant américain de puces. En 1999, le cours de l’action de Qualcomm avait été multiplié par 27. Tout le monde était convaincu que l’entreprise jouerait un rôle crucial dans le déploiement de l’internet et de tout ce qui est numérique.

C’était vrai, dit Arnott, mais Qualcomm n’était pas un bon investissement de ce point de vue en particulier, à l’époque. Après 2000, l’action s’est effondrée et les investisseurs ont dû attendre 18 ans avant de retrouver les niveaux de prix d’avant l’effondrement. Et ce, alors que Qualcomm se portait bien sur le plan opérationnel. Depuis, elle a multiplié ses bénéfices par soixante. La prévision était donc correcte, mais elle s’est déroulée beaucoup plus lentement que prévu et, par conséquent, les chiffres de valorisation étaient erronés.

La valeur contre la croissance

Un autre cheval de bataille d’Arnott est l’investissement dans la valeur. Fervent adepte de ce type d’investissement, il a maintes fois réfuté l’idée de la disparition de cette stratégie. Si l’investissement dans la valeur (value) a fait moins bien que l’investissement dans la croissance (growth) pendant des années, c’est uniquement parce que la value est devenue de moins en moins chère, en termes d’évaluation. Car fondamentalement, les ventes, les bénéfices et les dividendes des actions de valeur ont été aussi bons que ceux des valeurs de croissance pendant toutes ces années, explique-t-il. C’est pourquoi les actions value ont rarement été aussi bon marché que leurs équivalents growth. Ce n’est que pendant la bulle internet et en 2020 que l’écart a été aussi important.

Les taux d’intérêt sont déterminants pour les rendements des actions de croissance et des actions de valeur. Les premières profitent principalement de la baisse des taux d’intérêt et les secondes de leur hausse.

En outre, l’incertitude entourant l’inflation a un impact encore plus important sur les deux styles d’investissement, affirme Arnott. Plus l’incertitude entourant l’inflation est grande, plus les actions de valeur sont performantes. Reste la question des attentes en matière d’inflation. Actuellement, celles-ci ont beaucoup baissé aux États-Unis et le marché table sur un taux d’inflation de 2,3 %. Selon Arnott, ce chiffre est beaucoup trop bas compte tenu des nombreuses incertitudes qui se sont ajoutées à l’économie depuis les premières poussées d’inflation. C’est ce qu’il dit pour l’instant, mais les chiffres le contredisent encore à l’heure actuelle.

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