EVS dans le flou
Les derniers chiffres trimestriels d’EVS ont de nouveau fait l’effet d’une douche froide en Bourse. L’action du groupe liégeois a chuté à un plus bas depuis 2005, insinuant le doute parmi les analystes et investisseurs.
Après un début de siècle difficile, EVS s’était mué en véritable pierre philosophale pour les investisseurs. Le groupe liégeois profitait d’un quasi-monopole mondial dans les équipements pour les cars de régie (surtout la retransmission d’évènements sportifs). L’évolution technologique sans écorner de plantureuses marges. Progressivement, EVS s’invitait également sur le marché des studios de télévision. En pleine déconfiture mondiale, EVS pouvait ainsi se prévaloir de chiffres 2008 record avec une croissance boostée par les Jeux olympiques de Pékin.
Un marché en mutation
Progressivement, les perspectives de croissance se sont toutefois évaporées sous l’effet de la mutation du secteur télévisuel. L’arrivée de nouveaux acteurs (Netflix, réseaux sociaux, opérateurs télécoms, etc.) a capté une partie de l’audience et du marché publicitaire des chaînes de télévision, déjà fragilisées par le passage de la Grande Récession. Les budgets investissements ont ainsi été rabotés, d’autant plus aisément que l’Ultra HD peine toujours à s’imposer. Le développement dans les studios n’a ainsi pas permis de soutenir durablement la croissance du chiffre d’affaires. Pis, EVS a dû continuer à investir lourdement dans le développement technologique (résolution 4K, technologie réseau IP, multiplateformes) sans en tirer profit en termes de chiffres d’affaires. La stagnation des ventes s’est ainsi doublée d’une nette détérioration de sa rentabilité avec une marge opérationnelle qui a chuté à 29,4% en 2017 contre plus de 60% en 2008. Le dividende a logiquement suivi fondant de 2,64 euros à 1 euro brut par action.
Leader d’un marché au ralenti
Les derniers chiffres trimestriels d’EVS se sont inscrits dans cette spirale négative avec un recul de 7% de ses revenus et un plongeon de 62% de son bénéfice d’exploitation. Muriel De Lathouwer, dont la nomination au poste de CEO en 2014 avait permis de sortir d’une impasse managériale, se veut confiante : “nous continuons à voir une dynamique croissante autour des lancements et développements de nouveaux produits et nous ne perdons pas de parts de marché”. Elle admet toutefois être déçue de l’évolution globale de ce marché. Même son de cloche du côté des analystes. Le ton est positif concernant le leadership technologique du groupe liégeois mais la circonspection est de rigueur pour ce qui est de l’évolution des résultats. En termes de conseils, les 3 analystes référencés par Trivano se contentent d’un avis neutre de conserver.
Second semestre décisif
Difficile donc pour l’investisseur lambda de se faire une opinion et de déterminer si la chute du titre à un plus bas depuis 2005 constitue une opportunité. Les chiffres du second semestre pourraient jouer le rôle de juge de paix. Le management d’EVS a promis une accélération des ventes grâce au lancement commercial d’un nouveau serveur (coeur de l’offre d’EVS). Si cette reprise a lieu, les résultats pourraient rapidement reprendre de l’ampleur (vu l’importance des coûts fixes). Dans le cas contraire, le dividende serait en danger et la bonne santé financière de la société risque de s’avérer insuffisante pour éviter au titre une nouvelle dégringolade. Avec la perspective d’une année 2019 sans événement sportif majeur (dont EVS profite au travers de locations d’équipements), cela pourrait ramener EVS vers sa période sombre de 2002-2003 quand le titre naviguait autour de 4-5 euros. À suivre…
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