Épargner à l’étranger, une bonne idée ?
Vous êtes à la recherche d’un meilleur rendement ? Alors, vous envisagez peut-être d’épargner à l’étranger. Les plateformes comme Savedo et Raisin vous facilitent la tâche, mais le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?
D’un point de vue légal, rien ne vous empêche d’ouvrir un compte dans un autre pays. Mais il vous faudra trouver une banque qui accepte les clients étrangers. ” Et c’est souvent là que le bât blesse, explique Kristof De Paepe, de Spaargids.be. Selon leur politique et règles internes, les banques accepteront ou non des clients, belges par exemple. ”
Les plateformes allemandes comme Savedo et Raisin, qui font office d’intermédiaires pour des dépôts de banques de l’Union européenne, simplifient pour vous l’épargne à l’étranger. ” Le principal avantage pour l’épargnant, c’est qu’il voit immédiatement quelles banques sont disposées à accueillir son épargne. Ces plateformes facilitent donc cette partie des recherches. ”
Divers éléments à prendre en compte
Il incombe à l’épargnant de mentionner son compte d’épargne étranger dans sa déclaration d’impôt, plus précisément au cadre XIV. A noter qu’un contribuable qui dissimule des comptes à l’étranger est passible d’amendes.
Citons aussi le précompte mobilier. ” Vous êtes dans l’obligation de déclarer les intérêts étrangers et de payer sur ceux-ci un précompte mobilier de 30 %. Pour les comptes d’épargne belges, la plupart des épargnants ne paient pas d’impôt parce que ces intérêts sont exonérés jusqu’à 1.880 euros. Pour obtenir le rendement net d’un compte d’épargne à l’étranger, vous prenez donc le rendement net que vous multipliez par 0,7. Voilà qui rend déjà l’opération nettement moins intéressante. ”
Au sein de l’Union européenne, la législation prévoit que les banques bénéficient d’un système de protection qui garantit l’épargne jusqu’à un montant de 100.000 euros par client par institution bancaire. Selon Kristof De Paepe, il est opportun de réfléchir au pays où est établie la banque choisie : ” Les mécanismes peuvent varier d’un pays à l’autre. Il est possible que la sécurité ou que le sentiment de sécurité soit quand même moindre dans un petit pays que dans un grand pays, jouissant de davantage de protection. En ce qui concerne la sécurité, n’oubliez pas non plus de vérifier à quel groupe appartient la banque. A-t-elle un certain volume ou s’agit-il d’un petit acteur internet ? ”
Quiconque épargne dans une autre devise que l’euro court, par ailleurs, le risque que la valeur de cette devise baisse par rapport à l’euro. ” Si vous ouvrez un compte épargne en Pologne, ce sera en zloty polonais. Le risque de change donne une tout autre dimension à votre projet. Il convient d’être prudent, parce qu’il s’agit plus dans ce cas d’un investissement que d’une épargne. ”
Un phénomène marginal
Dans ces conditions, est-il judicieux d’épargner à l’étranger ? Le rendement net fait-il le poids face aux risques et aux efforts à fournir, à savoir l’éventuel risque de change, la déclaration du précompte mobilier et la mention du compte d’épargne dans la déclaration d’impôt ? ” Pour tous ces motifs, l’épargne à l’étranger reste un phénomène marginal, conclut Kristof De Paepe. Le nombre de personnes qui se lancent est limité. Pensez à ce qui s’est passé pour Licuro, une plateforme sur laquelle des banques étrangères pouvaient faire des offres sur des épargnes belges. Les plateformes paneuropéennes suscitent peu d’enthousiasme auprès des banques et des épargnants ; ceux-ci se montrent très prudents vis-à-vis d’elles. La disparition de Licuro vient aussi étayer ce constat. Alors, le jeu en vaut-il la chandelle ? Il y a beaucoup de cash sur le marché sans ces plateformes. ”
Branche 21
Mais quels sont donc les produits à taux fixe qui rapportent encore quelque chose ? Pour Kristof De Paepe, il n’y a pas de solution miracle en Belgique : ” Si vous placez une somme à long terme sur une compte d’épargne, vous n’êtes pas souvent récompensé. Ce qui vaut la peine, par exemple, c’est le compte d’épargne de la branche 21. Cette formule vous permet de toucher une rendement fixe, plus une participation bénéficiaire. Certes, l’épargnant est contraint d’y laisser son argent pendant huit ans, mais passé ce délai, il n’est pas redevable d’un précompte mobilier sur ses intérêts. Par contre, il doit être certain de ne pas avoir besoin de cet argent pendant ces huit ans, parce que s’il retire ses billes avant, il sera imposé plus lourdement. “
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