Un contexte plus favorable pour les marchés émergents

Les marchés émergents sortent d’une passe difficile, mais devraient connaître des jours meilleurs. © Getty Images

Avec des investissements en hausse et une croissance des résultats plus rapide, les marchés émergents disposent de perspectives favorables pour les prochains trimestres.

Les marchés émergents sortent d’une passe difficile, avec des cours qui ont été mis sous pression par une série de facteurs, comme la hausse des taux par la Réserve fédérale qui a poussé les flux financiers vers le marché monétaire américain. Les indices ont également souffert des problèmes rencontrés par la Chine (immobilier, démographie, endettement, etc.), qui représente le poids le plus important dans les indices émergents.

Profil atypique

En tête du classement sur un horizon de trois ans, nous trouvons le fonds M&G (Lux) Global Emerging Markets géré par Michael Bourke, qui officie également en temps que responsable des actions émergentes chez le gestionnaire britannique. Arrivé en 2015 chez M&G, il est à la tête du fonds depuis 2017 et il a surperformé significativement son indice durant les quatre dernières années, avec une approche d’investissement qui privilégie “l’approche value”.

Le fonds est également l’un de ceux qui sont le moins exposés directement sur l’Asie et sur la technologie, avec également près de 15% des encours exposés sur les marchés émergents par des groupes domiciliés dans les pays développés (notamment le groupe néerlandais Prosus), et aussi une exposition plus importante que ses concurrents sur les petites et moyennes capitalisations.

Pic de volatilité

Michael Bourke constate que le rendement annuel moyen de l’indice des marchés émergents a atteint 8,35% durant les 35 dernières années, mais qu’en rythme annuel, l’indice a passé plus de temps à s’éloigner de la moyenne qu’à s’en approcher. “Les pics de volatilité sont souvent provoqués par les variations des actions américaines, avec un nombre croissant de fonds quantitatifs et spéculatifs qui agissent de concert à la recherche de tendances. Lorsque le troupeau change de cap, la hausse de la volatilité peut être brutale.”

Lorsque le troupeau change de cap, la hausse de la volatilité peut être brutale.
Michael Bourke

Michael Bourke

M&G

“Nous n’avons toutefois pas le même horizon temporel que ces flux à court terme, et nous pouvons tirer parti des fortes corrections pour nous exposer sur de belles entreprises dont le cours tombe bien en dessous de notre évaluation pour leur valeur intrinsèque”, précise Michael Bourke. Au premier semestre, il indique ainsi avoir pris son bénéfice sur un certain nombre de titres liés à la thématique de l’intelligence artificielle, tout en se renforçant sur certains producteurs de biens de consommation chinois.

Attrait monétaire

Pour les prochains mois, les gestionnaires soulignent que la baisse des taux américains pourrait entraîner un affaiblissement du dollar et assouplir les conditions de financement dans les principaux marchés émergents. Pour Wim-Hein Pals (gestionnaire du fonds Robeco Emerging Markets Equities), “les marchés émergents vont probablement surperformer les marchés développés durant les prochains trimestres. Il n’est d’ailleurs pas anecdotique que le plan de relance chinois récemment annoncé ait suivi de peu la détente de 0,5% du taux directeur de la Réserve fédérale américaine”.

“Au début de cette année, nous avons renforcé notre exposition sur le marché chinois à partir d’une position largement sous-pondérée en 2023, mais pour les cinq à dix prochaines années, nous continuons de préférer les perspectives offertes par l’Inde. La valorisation élevée du marché nous a toutefois amené à devenir sous-pondéré sur les actions indiennes depuis le début 2024”, indique Wim-Hein Pals (Robeco).

Ce dernier apprécie également les perspectives offertes par la Corée du Sud, “un marché vraiment sous-évalué, avec des entreprises de classe mondiale, qui a été particulièrement touché par les incertitudes entourant l’électrification des voitures et l’intelligence artificielle. À moyen terme, le gouvernement coréen a également l’intention de mettre l’accent sur un meilleur rendement pour les actionnaires, ce qui devrait contribuer à réduire la décote dont sont traditionnellement affligées les valeurs de ce pays”.

Problème chinois

Pour un investisseur sur les marchés émergents, le poids de la Chine et les problèmes de son secteur immobilier ont constitué un frein sur la performance depuis plusieurs années, et les mesures récemment annoncées par Pékin devraient permettre la mise en place d’un environnement plus favorable et relancer les dépenses de consommation. Mais le problème devrait encore revenir sur le tapis durant les prochaines années.

“Imaginez la Chine comme une montgolfière dont l’air est chauffé par le gouvernement, sauf qu’elle a trois gros trous : l’endettement, la confiance des consommateur et le secteur immobilier”, indique Chris Thomsen (gestionnaire du fonds Capital Group New World Fund). Or, le marché immobilier représente 60% du patrimoine des ménages chinois et 25% du PIB, avec une offre qui reste largement excédentaire. “Les autorités doivent trouver comment gérer cet excès d’offre via de nouveaux programmes de soutien qui vont se succéder durant les prochaines années, avec un ballon qui va continuer de monter et descendre.”

“La Chine souffre également d’un problème démographique, avec une population en déclin, ce qui nécessite un recours accru à l’automatisation pour réduire les coûts et rester efficace”, indique Chris Thomsen (Capital Group). “Ceci nous a poussé à consacrer du temps pour trouver une entreprise locale spécialisée sur cette thématique, et qui prend des parts de marché à ses concurrents japonais”. Il souligne également que l’équilibre au sein des marchés émergents est en train de bouger vers des pays comme l’Inde, qui prend de plus en plus le rôle du producteur à bas prix. Ou vers le Mexique, qui profite du rapatriement des chaînes de production près des États-Unis.

“La population déclinante en Chine nécessite un recours accru à l’automatisation pour réduire les coûts et rester efficace.”
Chris Thomsen

Chris Thomsen

Capital Group

Croissance des bénéfices

L’autre grand facteur de soutien pour les prochaines années devrait être l’accélération de la croissance des bénéfices, aidée par une reprise des investissements au niveau global, qui bénéficie traditionnellement aux marchés émergents. “Pour 2025, la croissance des bénéfices devrait s’établir autour de 16%, contre 10% dans les pays développés, souligne Wim-Hein Pals (Robeco), ce qui devrait donner une combinaison attractive avec une valorisation qui reste largement en retrait”. Il souligne apprécier plus particulièrement les sociétés proposant des biens de consommation discrétionnaires dans différents pays (Corée du Sud, Afrique du Sud, Indonésie). “Nous sommes également surpondérés dans les technologies de l’information et dans le secteur financier”.

Pour 2025, la croissance des bénéfices devrait s’établir autour de 16%, contre 10% dans les pays développés.
Wim-Hein Pals

Wim-Hein Pals

Robeco

Chris Thomsen (Capital Group) rappelle pour sa part que la décennie écoulée a été particulièrement difficile pour les marchés émergents, avec des valorisations qui se sont effondrées dans la plupart des pays, à l’exception de l’Inde et de Taïwan. “Dans le même temps, les consommateurs asiatiques continuent de constituer un facteur de croissance considérable pour le long terme, et représentent 92 des 113 millions de personnes qui vont rejoindre la classe moyenne en 2024”, ce qui constitue des opportunités de long terme significatives pour des secteurs comme la téléphonie, le commerce en ligne, l’assurance-vie, la restauration rapide, la livraison de repas ou les boissons.

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