Risques de correction boursière? Les records se succèdent…
L’envolée des marchés boursiers continue de surprendre nombre d’observateurs inquiets des tensions qui s’accumulent. Mais en vendant maintenant, vous risquez de rater le coche de la reprise et de l’IA. Pour dormir sur vos deux oreilles, vous pouvez plutôt opter pour une assurance.
Les marchés financiers viennent de traverser une période pour le moins tumultueuse. A peine sortis de la première grande pandémie depuis un demi-siècle, ils ont dû affronter une envolée historique de l’inflation et des taux d’intérêt ainsi que l’éclatement d’une guerre aux portes de l’Union européenne et une crise énergétique. Quatre années chahutées qui n’ont pas empêché de nombreux indices boursiers d’atteindre de nouveaux records. Le Cac40 français, le Dax allemand ou le Dow Jones américain ont ainsi clôturé 2023 au plus haut. Une hausse qui a surpris alors que la plupart des stratégistes anticipaient une année 2023 au mieux volatile.
Mike Wilson, stratégiste actions chez Morgan Stanley, prédisait ainsi une chute des bénéfices des entreprises similaire à la crise de 2008-2009. Que cela soit en Europe (entreprises de l’indice Stoxx 600) ou aux Etats-Unis (S&P500), les entreprises ont finalement vu leurs profits très légèrement progresser en 2023 selon les derniers consensus (avant l’ouverture de la saison des résultats du quatrième trimestre).
Cela n’a pas empêché Mike Wilson d’être élu par ses pairs meilleur stratégiste de portefeuille pour la deuxième année consécutive en 2023. Signe que, même parmi les professionnels, les baisses sont plus marquantes que les hausses. Le stratégiste de Morgan Stanley avait en effet été l’un des rares à avoir correctement anticipé la correction de 2022.
Elu meilleur stratégiste de portefeuille, Mike Wilson estime que les prévisions de bénéfices sont trop élevées pour les prochains trimestres.
Bulle et élections
Aujourd’hui, Mike Wilson demeure pessimiste. Il estime que les prévisions de bénéfices sont trop élevées pour les prochains trimestres, notamment en raison du ralentissement économique en cours.
Une prudence partagée par de nombreux autres stratégistes, non sans raison. La remontée des taux depuis début 2022 freine en effet l’activité économique. Dans la zone euro, les indicateurs PMI, basés sur des enquêtes mensuelles auprès des directeurs d’achat, sont en zone de contraction depuis plusieurs mois. Aux Etats-Unis, une série d’indicateurs pointent aussi vers un ralentissement substantiel après la croissance soutenue des neuf premiers mois de 2023.
Autre motif d’inquiétude, les multiples de valorisation tendus, tout particulièrement parmi les stars du marché, à commencer par les Sept Fantastiques : Apple, Alphabet (Google), Microsoft, Amazon, Tesla, Meta (ex-Facebook) et Nvidia. Selon une étude de Bank of America, la valorisation relative du secteur technologique américain n’a jamais été aussi élevée par rapport à la moyenne de l’indice élargi S&P 500. Elle dépasse même les sommets atteints à la fin des années 1960 et lors de la bulle internet qui a explosé en 2000.
Anticipation des marchés
En outre, nombre de stratégistes épinglent les risques inhérents à la multiplicité des élections cette année, à commencer dès ce 13 janvier par les élections présidentielles taïwanaises. Suivront ensuite notamment les législatives en Inde (avril-mai), les élections européennes (juin) et évidemment les présidentielles américaines de novembre qui occuperont l’actualité tout au long de l’année avec les primaires qui débutent mi-janvier. Autant de scrutins qui risquent d’attiser les tensions géopolitiques.
Est-ce pour autant plié d’avance ? Comme on l’a vu en 2023, le pire n’est jamais certain et nous ne sommes jamais à l’abri d’une bonne surprise. Le principal soutien pour les Bourses est sans doute que les marchés anticipent déjà largement le ralentissement économique. Ce dernier était même souhaité pour apaiser les tensions inflationnistes.
Le déclin apparaît, du reste, très modéré. Selon le consensus économique de l’agence Bloomberg, la zone euro a ainsi traversé une récession technique avec un recul du PIB de 0,1% aux troisième et quatrième trimestres 2023. Mais elle devrait déjà renouer avec une légère croissance (+0,1%) au cours des trois premiers mois de 2024. Les indicateurs PMI européens ont ainsi déjà progressé en novembre et décembre (même s’ils restent en zone de légère contraction).
En outre, la désinflation permettra aux banques centrales de lâcher la bride. Elles devraient ainsi progressivement commencer à baisser leurs taux tout au long de 2024, soutenant les perspectives de reprise conjoncturelle.
Marges bénéficiaires
Un autre élément pouvant soutenir les Bourses est une remontée des marges bénéficiaires. Ces deux dernières années, les profits des entreprises ont été sous pression en raison notamment de la hausse des coûts (matières premières, salaires, etc.). Selon le gestionnaire de données financières Factset, les bénéfices des entreprises du S&P 500 ont ainsi progressé de 4% en 2022 et 0,6% en 2023 alors que leurs revenus (chiffre d’affaires) ont augmenté de respectivement 11,1% et 2,3%. Leur marge bénéficiaire nette a ainsi reflué de 12,6% en 2021 à 11,6% en 2023.
Les analystes tablent sur un retournement de tendance dans le courant de cette année alors que les prix des matières premières ont rechuté, que les hausses de salaire ralentissent et que l’activité des entreprises s’est normalisée après la période chahutée du covid et de la réouverture.
A titre d’exemple, une remontée de la marge des entreprises à 12,1%, à mi-chemin entre 2021 et 2023, impliquerait un rebond de plus de 4% des bénéfices des entreprises en 2024, sans tenir compte de l’évolution des revenus.
L’amélioration des marges bénéficiaires pourrait notamment être soutenue par le développement de l’intelligence artificielle (IA). Selon une étude des économistes de Goldman Sachs, les outils d’IA générative permettront à terme d’automatiser 25% des tâches des travailleurs dans les pays développés (et 20% dans les pays émergents).
L’adoption semble rapide au vu de l’envolée des chiffres de Nvidia, spécialiste des puces graphiques dédiées à l’IA. Ses revenus ont quasiment doublé au cours des neuf premiers mois de 2023 et ont triplé sur le seul troisième trimestre à plus de 18 milliards de dollars.
Société numérisée
En termes de valorisation, la prime importante du secteur technologique est souvent présentée comme un signe inquiétant. Mais elle n’est pas totalement injustifiée alors que les sociétés technologiques accaparent de plus en plus de marchés. Par exemple, les Sept Fantastiques ont affiché une croissance annuelle moyenne de 15% entre 2013 et 2019 (avant le covid) contre 2% pour les 493 autres entreprises du S&P 500.
Les sociétés technologiques présentent aussi une rentabilité supérieure. Aux Etats-Unis, le secteur des technologies de l’information (Apple, Microsoft, Nvidia, etc.) affiche ainsi une marge bénéficiaire nette de 23,6% pour 2022, le double du S&P 500. La croissance attendue des profits des géants technologiques est ainsi deux fois plus élevée que la moyenne.
La numérisation est ainsi favorable aux marchés. Schématiquement, un dollar dépensé chez Apple vaut 7 dollars en Bourse contre 3 dollars chez Nike et 0,33 dollar chez Whirlpool. Le même raisonnement peut être tenu pour d’autres transitions. Un euro investi dans une turbine éolienne de Vestas vaut 1,9 euro en Bourse contre 0,29 euro pour une turbine à gaz de Siemens Energy.
Bref, les récents records ne sont pas complètement injustifiés. Cependant, le risque de correction est réel en cas de mauvaise surprise : intervention chinoise à Taïwan après les élections, fortes perturbations des approvisionnements pétroliers en raison du conflit au Moyen-Orient, élections américaines désordonnées, etc.
Pour limiter les dégâts éventuels, vous pouvez plutôt penser à vous assurer. Les options sont des produits dérivés bien adaptés à cette fin.
Ces risques sont toutefois bien trop aléatoires et diversifiés pour justifier une révision de votre stratégie de portefeuille. Pour limiter les dégâts éventuels, vous pouvez plutôt penser à vous assurer. Les options sont des produits dérivés bien adaptés à cette fin. Concrètement, une option est un droit d’acheter (option call) ou de vendre (option put) un actif à un certain prix, appelé prix d’exercice, jusqu’à l’échéance prévue.
Une option put sur un grand indice boursier constitue ainsi une protection pour un portefeuille. Si, à l’échéance, le niveau de l’indice a chuté sous le prix d’exercice, vous recevez la différence en espèces.
Quelles options ?
Pour des questions de frais et de modalités de contrats, vous avez tout intérêt à concentrer votre protection sur un seul type d’option. Si vous avez surtout des actions européennes, les options sur le DJ EuroStoxx 50 (50 plus grandes entreprises de la zone euro) sont les plus indiquées. A contrario, si vos positions en actions (et fonds d’actions) penchent surtout vers les Etats-Unis, les options sur le S&P 100 (sélection des 100 principales entreprises américaines) sont à envisager.
Imaginons que vous disposiez d’un portefeuille d’actions européennes d’une valeur de 100.000 euros. Vous pouvez couvrir ces positions en achetant deux contrats de 10 options put sur l’indice EuroStoxx 50 à échéance au 20/12/2024 et au prix d’exercice de 3.550 points (20% sous le cours actuel). Au prix actuel de 70 euros, ces options vous coûtent au total 1.400 euros (+ frais de l’ordre de 20 à 30 euros) et vous permettent de couvrir l’essentiel de votre portefeuille contre un risque de baisse de plus de 20% des marchés européens en 2024.
Si vous souhaitez limiter le risque à 10% (prix d’exercice de 4.000 points), le coût double à 2.800 euros. Ce qui devient assez onéreux pour une protection dont on espère, comme toutes les assurances, ne pas avoir besoin.
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