Carte blanche
« Pour l’investisseur particulier, essayer de battre le marché s’apparente à une loterie »
Je lisais récemment dans la presse un investisseur affirmer qu’acheter le MSCI World, l’indice représentant les 1500 plus grosses entreprises côtés en bourse, n’était plus un bon investissement, et qu’il valait mieux sélectionner uniquement les « bonnes actions » au sein de cet indice. Ah bon ?
Ces affirmations font fi de la science et des observations empiriques, qui démontrent et illustrent, au contraire, qu’un marché est imbattable sur le long terme. En d’autres termes, l’investisseur qui pense pouvoir obtenir de meilleures performances que le MSCI World de façon consistante se fourvoie.
Démontrons-le d’abord scientifiquement. Dans le monde, les investisseurs peuvent être répartis en deux catégories. D’un côté, ceux qui suivent le marché boursier dans son ensemble en achetant toutes ses actions et qu’on appelle les investisseurs passifs. De l’autre, les investisseurs dits actifs, qui achètent et vendent, de façon plus au moins intempestive, une fraction de ses mêmes actions en fonction de leurs convictions personnelles quant à l’évolution future du monde.
Imaginons que le marché total donne un rendement de 7% sur une année. Par définition, les investisseurs passifs obtiendront tous un rendement de 7%. Et, mathématiquement, les investisseurs actifs obtiendront aussi en moyenne du 7%. Quelle que soit la proportion entre actifs et passifs, cette vérité mathématique tient.
Chaque année, seuls 38% des investisseurs professionnels actifs battent le marché, ce qui soit dit en passant est inquiétant pour des gestionnaires dont la bourse est le métier.
Matthieu Remy, CEO et co-fondateur d’Easyvest
Les objecteurs diront : « Oui, mais c’est une moyenne. Certains investisseurs actifs font mieux ». Certes, mais le marché reste imbattable. Pour s’en convaincre, on peut utiliser un raisonnement logique par l’absurde: imaginons qu’un investisseur actif batte constamment le marché, en grandissant par exemple à du 10% chaque année. Projetée à l’infini, cette simulation montre que cet investisseur deviendrait le marché, car lorsqu’une partie grandit plus vite que son tout, elle devient le tout.
Ensuite, empiriquement, d’innombrables études et expériences montrent que le marché est imbattable sur le long terme.
Par exemple, une étude publiée de la société de gestion Easyvest – dont je suis l’un des fondateurs – montre que chaque année, seuls 38% des investisseurs professionnels actifs battent le marché, ce qui soit dit en passant est inquiétant pour des gestionnaires dont la bourse est le métier.
Ils ne sont plus que 15% à battre le marché deux années de suite et 7% trois années consécutives. Seul 1% le battent cinq années d’affiliée, ce qui correspond à une erreur statistique normale et prévisible.
La question devient de savoir sélectionner à l’avance ce gestionnaire parmi une pléthore et de se demander s’il bat le marché grâce à ses compétences intellectuelles supérieures ou simplement par chance. Je penche pour la seconde explication.
Dans tous les cas, pour l’investisseur particulier, essayer de battre le marché s’apparente à une loterie. Alors, pourquoi se fatiguer à essayer de battre le marché, ces tentatives étant souvent assorties de plus de prise de risque, plus de frais, et plus de pertes, alors qu’il suffit simplement de le suivre ?
Matthieu Remy, CEO et co-fondateur d’Easyvest
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