Le climat reste une thématique de croissance

Après la correction subie par les fonds environnementaux en 2022, la détente des taux d’intérêt dans les économies développées devrait se traduire par une performance moins erratique.

La hausse des températures a provoqué une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes durant les 10 dernières années qui ont mis les problèmes écologiques au centre des préoccupations des pouvoirs publics et des populations. Durant les trois dernières années, les dix meilleurs fonds spécialisés sur la thématique de l’écologie ont dégagé une progression annualisée moyenne à peine positive (0,4%), notamment en raison de la pression qui a été mise sur le financement du secteur des énergies renouvelables, comme dans l’éolien offshore aux Etats-Unis.

Après avoir lourdement chuté en 2022 suite à la hausse des taux directeurs des banques centrales, ils ont stabilisé leur performance en 2023 (+9,9% en moyenne) et ont continué leur redressement en 2024 (+6,6% depuis le début de l’année). La plupart des fonds restent toutefois en dessous de leur niveau atteint en 2021.

Deux leaders

Les fonds spécialisés sur l’écologie sont traditionnellement composés de deux grandes options sectorielles. Premièrement, une grande proportion de sociétés industrielles ou technologiques qui offrent des solutions à divers problèmes liés à la transition climatique. Deuxièmement, une proportion plus ou moins importante de groupes affichant des niveaux très faibles d’émission de CO2. Il s’agit également d’une classe de fonds en plein développement, avec de nombreux produits n’affichant pas encore d’historique de performance supérieur à trois ans, et seulement une poignée avec des historiques supérieurs à 10 ans. Les fonds repris dans notre tableau sont également des stratégies concentrées, avec typiquement une cinquantaine de lignes dans le portefeuille, et un top 10 qui pèse en moyenne 35% des actifs sous gestion.

En tête du classement depuis de nombreuses années, nous trouvons le fonds Nordea 1–Global Climate and Environment, une des deux stratégies affichant une notation Morningstar à cinq étoiles avec Pictet–Global Environmental Opportunities. Ces deux produits sont également les seuls à afficher des progressions annualisées supérieures à 10% durant la dernière décennie, avec des encours qui dépassent largement ceux de leurs concurrents.

Vainqueurs structurels

Le fonds de Nordea Asset Management est géré par Thomas Sorensen et Henning Padberg depuis sa création en 2008, avec un tiers des encours investi en dehors des grandes capitalisations et un tiers en dehors du marché américain. “Dans un grand nombre de secteurs, nous trouvons désormais des groupes proposant des solutions aux enjeux climatiques qui représentent une menace pour l’avenir de nos sociétés et de notre planète. Le spectre d’opportunités est particulièrement large.”

De son côté, Gabriel Micheli, gestionnaire du fonds Pictet–Global Environmental Opportunities, souligne “privilégier les fournisseurs de solutions dotés d’avantages économiques importants, d’une rentabilité solide, de bilans sains et de modèles commerciaux qui ne dépendent pas des subventions gouvernementales”, avec un portefeuille qui va donc avoir un biais important vers la croissance et la qualité.

Dans les deux stratégies, l’accent est mis sur l’identification des sociétés qui apportent des solutions aux enjeux structurels liés à la transition climatique, avec aucune présence des grands noms du secteur technologique américain dans la composition du top 10.

Gestion des déchets

Les fonds “écologie” vont avoir typiquement une partie importante de leurs encours investis sur des sociétés actives dans la production et la distribution d’énergie renouvelable, et sur celles qui visent à adapter cette source d’énergie à la nature intermittente de la production d’énergie solaire ou éolienne. “Pour atteindre les objectifs fixés par les différents pays, des investissements importants devront être consentis durant les prochaines décennies”.

Henning Padberg estime que le marché continue de sous-estimer le potentiel de croissance et la rentabilité future de ce secteur. “Les entreprises spécialisées dans la construction d’infrastructures énergétiques disposent de carnets de commandes qui restent très élevés, avec des projets qui continuent de progresser régulièrement.”

Un autre axe important des fonds environnementaux est le secteur de la gestion des déchets et du recyclage, avec des sociétés comme Republic Services ou Waste Management figurant parmi les principales positions de plusieurs fonds. Ces entreprises jouent un rôle crucial dans la problématique de réduction des émissions de CO2, en collectant et en recyclant les matériaux, et en réduisant ainsi l’empreinte carbone liée à la fabrication de nouveaux produits. La récupération du méthane émis par les décharges constitue également un autre axe de développement de ces groupes.

Impact règlementaire

Enfin, un autre soutien important pour les fonds spécialisés dans l’écologie est l’impact grandissant des règlementations environnementales, notamment en vue de protéger les consommateurs et la société en général. Plusieurs fonds vont ainsi avoir des expositions sur les sociétés qui sont spécialisées dans la production de tests qui permettent aux entreprises de mettre en place des pratiques durables et de répondre aux nouvelles exigences règlementaires, ou qui permettent de détecter les pollutions éventuelles dans l’environnement. Parmi les sociétés actives dans ce segment, nous trouvons des noms comme SGS, Agilent ou Waters.

Daniel Lurch, gestionnaire du fonds JSS Sustainable Equity–Green Planet, souligne également que “les règlementations impactent également la manière dont fonctionnent de nombreuses industries traditionnelles. Par exemple, sur vos bouteilles de shampoing, il y a des indications sur la quantité de contenu recyclé, qui va devoir augmenter durant les prochaines années. Nous avons donc besoin d’une activité de collecte qui doit monter en puissance. Et dans le même temps, les entreprises doivent faire attention à ne pas acheter des volumes qui sont vendus de manière non durable.”

Intelligence artificielle

Pour le futur, Henning Padberg pointe également les défis liés à l’émergence de l’intelligence artificielle, qui est fortement énergivore. “La moindre requête sur ChatGPT consomme jusqu’à 10 fois plus d’électricité qu’une simple recherche sur un moteur de recherche. Heureusement, de nombreuses sociétés sont aujourd’hui actives pour réduire l’empreinte carbone des algorithmes, par exemple pour concevoir des microprocesseurs moins gourmands d’un point de vue énergétique. Dans de nombreux secteurs économiques (centres de données, usines de batteries ou de semi-conducteurs, énergies renouvelables), nous sommes au début d’un cycle d’investissements qui devrait s’étaler sur plusieurs années, ce qui offre des perspectives solides de croissance qui ne vont pas dépendre du résultats des prochaines élections présidentielles aux Etats-Unis”, conclut Gabriel Micheli.

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