Investir les excédents de trésorerie des entreprises: comment procéder?
De nombreuses petites entreprises accumulent des milliards d’euros en liquidités, souvent laissées sur un compte sans être exploitées. Pourtant, investir ces excédents pourrait générer des rendements supplémentaires significatifs. Alors, comment les entreprises et leurs dirigeants peuvent-ils tirer parti de ces fonds dormants ?
L’enjeu des excédents de trésorerie
Les entreprises bien gérées peuvent parfois amasser d’importantes liquidités au fil des années. Lorsque cet argent n’est pas nécessaire aux opérations courantes ou aux investissements à court terme, il reste souvent inutilisé, perdant ainsi de la valeur avec le temps. Selon Trends Business Information, les PME belges disposaient de plus de 90 milliards d’euros en liquidités excédentaires et en investissements à court terme dans leurs bilans en 2023.
Si l’idée d’investir ces liquidités semble évidente, la mise en œuvre est plus complexe. De nombreux facteurs influencent les rendements potentiels, et les scénarios d’investissement sont multiples. De plus, l’incertitude fiscale liée aux négociations actuelles pour former un gouvernement fédéral rend la planification plus délicate, car les règles en vigueur aujourd’hui peuvent changer demain.
Investir comme pour soi-même
La première question que les dirigeants doivent se poser est : quel type d’investisseur sont-ils ? Selon Dominiek Delobel, fiscaliste à la Banque Van Breda Advisory, « les décisions d’investissement ne doivent pas être uniquement guidées par la fiscalité. Ce n’est pas parce qu’un produit est fiscalement avantageux qu’il est le meilleur choix pour investir dans l’entreprise. » Il conseille d’envisager l’investissement des excédents de trésorerie comme s’il s’agissait d’investissements privés.
Cela soulève une question importante : faut-il investir cet argent au sein de l’entreprise ou le retirer pour l’investir à titre privé ? Ces deux choix s’influencent mutuellement : le type d’investissement et le cadre (à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise).
Choisir le type d’investissement
Le type d’investissement à privilégier dépend du profil de risque de l’investisseur. Pour un investisseur dynamique cherchant à réaliser des plus-values via des actions individuelles, il est souvent plus intéressant d’investir en tant que personne privée, car ces plus-values ne sont pas imposées. Cependant, au sein de l’entreprise, elles sont soumises à l’impôt sur les sociétés.
Dominiek Delobel ajoute qu’en entreprise, non seulement les plus-values sont imposées, mais les moins-values ne sont pas déductibles. Une exception à cette règle est le régime des fonds RDT (revenus définitivement taxés), où les entreprises ne sont pas imposées sur les plus-values, mais ne peuvent pas non plus déduire les pertes.
Pour les investisseurs plus prudents cherchant des revenus stables, comme ceux provenant d’obligations, l’impôt sur le revenu des personnes physiques est moins favorable, avec un précompte mobilier de 30 %. En revanche, au sein de l’entreprise, ces revenus sont soumis à l’impôt sur les sociétés, généralement à un taux net de 20 à 25 %.
Investir au sein ou en dehors de l’entreprise
Le choix d’investir au sein de l’entreprise ou en tant que particulier dépend des coûts associés à la distribution des liquidités. Le dividende classique est le moyen le plus courant, mais aussi le plus coûteux, avec un précompte mobilier de 30 %. Toutefois, certaines exemptions, comme le régime VVPR bis et la réserve de liquidation, offrent des avantages fiscaux pour les petites entreprises.
Le régime VVPR bis permet de ne payer que 15 % de précompte mobilier après une période d’attente de trois ans, tandis que la réserve de liquidation permet une distribution à un taux de précompte de 5 % après cinq ans.
Les risques à prendre en compte
Les deux experts mettent en garde contre les risques inhérents à ces stratégies d’investissement. Pour les entreprises confrontées à des risques de responsabilité civile, il peut être prudent de distribuer rapidement une partie des réserves pour les mettre à l’abri. À l’inverse, les entreprises visant une reprise future devraient éviter de laisser trop de liquidités excédentaires au bilan, sous peine de subir une imposition plus lourde.
Conclusion : chaque scénario a ses avantages
Chaque option d’investissement a ses avantages et ses inconvénients. Les entreprises doivent choisir la stratégie la plus adaptée à leur profil et à leurs objectifs.
Par exemple, dans un scénario favorable, la constitution d’une réserve de liquidation et son investissement sur 10 ans peuvent générer un bénéfice net significatif. À l’inverse, retirer immédiatement les liquidités et les investir à titre privé peut s’avérer moins avantageux en raison des prélèvements fiscaux immédiats.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici