Investir à l’ère des réseaux sociaux : une opportunité risquée pour les jeunes Belges

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Les jeunes Belges s’orientent principalement vers des canaux en ligne comme YouTube et les réseaux sociaux pour obtenir des informations financières, selon une enquête de la banque d’investissement Saxo. Cette tendance, amplifiée par la croissance du nombre de jeunes investisseurs pendant la pandémie, comporte des risques. « Il est frappant de constater que beaucoup de Belges manquent de connaissances sur des notions financières essentielles », avertit Eddy Van Geyte, PDG de Saxo Belgique.

Une connaissance financière limitée

L’enquête, réalisée par iVox, a interrogé 1 500 Belges âgés de 16 à 40 ans sur leurs connaissances et comportements financiers. Les résultats montrent que la note moyenne d’auto-évaluation de ce groupe est de seulement 6 sur 10, avec des différences régionales et démographiques notables. Moins de 5 % des participants ont répondu correctement à toutes les questions. Ce manque de connaissances de base « peut empêcher les Belges de commencer à investir à temps, car ils ne connaissent pas les avantages ou ne diversifient pas suffisamment leurs portefeuilles, ce qui peut nuire au rendement », explique Van Geyte.

Une tendance amplifiée par la pandémie

Selon Van Geyte, cette situation reflète une tendance plus large. « La raison pour laquelle nous avons mené cette enquête tient en partie à l’afflux massif de nouveaux jeunes clients », explique-t-il. Ce changement a débuté pendant la pandémie, faisant passer l’âge moyen des clients de Saxo de 45-50 ans à environ 30 ans. Les jeunes manquent souvent de l’expérience des investisseurs plus âgés et se tournent vers des sources accessibles mais parfois peu fiables.

Des sources d’information plus accessibles mais risquées

L’enquête révèle que YouTube, les podcasts et les réseaux sociaux sont des canaux populaires pour obtenir des informations sur les investissements. Parmi les répondants, 26 % considèrent YouTube comme l’une de leurs trois principales sources d’information, suivi des podcasts (19 %) et des sites d’actualités financières (25 %). Les jeunes investisseurs, surtout ceux de moins de 23 ans, s’appuient davantage sur des réseaux sociaux comme TikTok et Instagram, tandis que les générations plus âgées préfèrent consulter des conseillers professionnels.

Van Geyte souligne que cette évolution représente à la fois une opportunité et un risque. « Les réseaux sociaux rendent l’investissement plus accessible, mais le risque d’informations erronées ou trompeuses est bien réel. » Il note que la fiabilité des sources en ligne est souvent difficile à évaluer, surtout pour les investisseurs débutants.

Des idées reçues persistantes

L’étude met également en lumière des idées reçues courantes sur l’investissement. Par exemple, près des deux tiers des jeunes pensent que les investissements à court terme peuvent générer de gros profits. Beaucoup sous-estiment les avantages des stratégies à long terme, comme l’effet des intérêts composés. « L’idée que l’on peut parfaitement anticiper le marché reste une idée fausse tenace », affirme Van Geyte. Il insiste sur le fait que la constance et la patience sont cruciales pour obtenir des rendements durables.

En outre, beaucoup de jeunes ignorent des principes fondamentaux comme la diversification. « Un portefeuille bien diversifié réduit les risques et offre une plus grande stabilité à long terme », explique Van Geyte. Cependant, les jeunes ont tendance à privilégier des choix plus risqués, comme les cryptomonnaies, souvent sans en comprendre pleinement les risques.

Différences régionales et démographiques

L’enquête révèle d’importantes disparités en matière de connaissances financières entre les répondants flamands, wallons et bruxellois. Près de la moitié des Flamands obtiennent une note de 8 sur 10, contre seulement 30 % en Wallonie et 20 % à Bruxelles. Le genre joue également un rôle : les hommes obtiennent de meilleurs résultats que les femmes, qui tendent à sous-estimer leurs compétences financières.

Van Geyte note que la confiance en soi est un facteur important dans l’évaluation des connaissances. « Les femmes se sous-estiment souvent en matière de finances, tandis que les hommes ont tendance à surestimer leurs compétences. »

L’éducation financière, une priorité

L’un des résultats les plus marquants de l’enquête est que seulement 21 % des répondants considèrent l’école comme une source importante de connaissances financières. Van Geyte plaide pour une meilleure intégration de l’éducation financière dans les programmes scolaires. « Il est essentiel que les jeunes apprennent à gérer leurs finances dès l’école. Cela ne les aide pas seulement, mais profite aussi à la société dans son ensemble. »

Selon Van Geyte, d’autres acteurs, comme les banques et les gouvernements, doivent également assumer leur responsabilité. Il cite des initiatives comme la Febelfin Academy comme un pas dans la bonne direction. « Chaque partie prenante du secteur financier a un rôle à jouer pour améliorer la littératie financière », conclut-il.

Laurens Bouckaert

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